Collecte de l'assurance-vie en forte hausse au premier semestre 2014 : de quel mal cette hausse est-elle le symptôme ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Les Français semblent reprendre le chemin de l’assurance-vie et bouder le Livret A.
Les Français semblent reprendre le chemin de l’assurance-vie et bouder le Livret A.
©Reuters

Un mal inquiétant ?

L'assurance-vie constitue le premier placement des Français selon les résultats du premier semestre 2014, au détriment du Livret A et surtout de l'investissement dans l'immobilier. Entre durcissement de l'accès au crédit et prix en hausse, les Français se détournent de l'investissement dans la pierre.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Depuis le début de l’année, les Français semblent reprendre le chemin de l’assurance-vie et bouder le Livret A. Ainsi, au cours du premier semestre, la collecte nette de l’assurance-vie s’est élevée à 10,3 milliards d’euros quand celle du Livret A et du Livret de Développement Durable n’a atteint que 3,7 milliards d’euros.

Si le Livret A a enregistré, pour le troisième mois consécutif, une décollecte au mois de juin (130 millions d’euros), l’assurance-vie a, en revanche connu un sixième mois de collecte nette avec un gain de 1,2 milliard d’euros.

Au-delà de ces chiffres, il faut surtout souligner que les Français consacrent une part de plus en plus faible à l’épargne financière. Les augmentations d’impôts, la stagnation des revenus, la croissance des dépenses pré-engagées (logement, abonnements…), les faibles rendements des produits financiers réduisent les marges de manœuvre des ménages. Ainsi, en 2014, les flux financiers n’ont atteint que 71 milliards d’euros contre plus de 100 milliards d’euros avant la crise de 2008. Les remboursements des emprunts immobiliers accaparent une part croissante de l’épargne des Français.

Les Français gèrent de plus en plus finement leur épargne grâce à Internet qui permet d’arbitrer rapidement entre les différents produits d’épargne. Face à une baisse de rendement, face à un durcissement de la fiscalité, les Français changent leur fusil d’épaule. Ainsi, en 2012 et 2013, ils se sont détournés des livrets bancaires surfiscalisés et peu rémunérateurs au profit du Livret A et du LDD qui ont bénéficié du relèvement de leur plafond. Depuis 2013, avec le recul de l’immobilier, ils reviennent vers l’assurance-vie.

Depuis un an, la pierre a perdu un peu de son lustre et cela malgré les très faibles taux d’intérêt. Le durcissement de l’accès au crédit et les prix élevés réduisent le nombre d’acheteurs.

A défaut d’acheter un bien immobilier, les épargnants laissent leur argent sur leurs contrats d’assurance-vie. Les rachats n’ont atteint que 8,8 milliards d’euros, loin des 10 ou 11 milliards d’euros par mois enregistrés en 2012. De leur côté, les cotisations brutes ne sont qu’en très légère hausse en se rapprochant des 10 milliards d’euros (9,993 milliards d’euros).

L’assurance-vie bénéficie à la marge de la baisse du taux du Livret A qui est passé de 2,25 à 1 % du 31 janvier 2013 au 1er août 2014. Le rendement des fonds euros a également diminué mais moins rapidement. Il est passé de 3 à 2,8 %. Après prélèvements, le rendement des fonds euros est de 2,11%.

En revanche, les Français restent toujours assez prudents vis-à-vis des unités de compte qui n’ont représenté, au mois de juin, que 15 % de la collecte avec 1,5 milliard d’euros. L’augmentation du CAC 40 de 15 % en 2012 et de 18 % en 2013 n’a que légèrement conduit les épargnants à revenir sur les unités de compte. La prudence en la matière prédomine.

L’encours de l’assurance-vie se rapproche ainsi, à petite vitesse, de la barre symbolique des 1 500 milliards d’euros qui devrait être atteinte au cours de l’automne. Les résultats du premier semestre confirment donc la place de numéro un de l’assurance-vie comme  premier placement des Français. Néanmoins, le rééquilibrage de l’épargne au profit des produits de long terme et investis en actions ne se dessine pas encore. Les Français restent échaudés par l’aggravation de la fiscalité. Ils préfèrent laisser une part importante de leurs ressources sur les comptes courants tant pour faire face aux dépenses courantes que par méfiance vis-à-vis des produits financiers. Ainsi, sur les six premiers mois de l’année, les dépôts à vue se sont accrus de 13 milliards d’euros, soit presque autant que l’ensemble de l’année dernière.

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