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La stratégie économique de François Hollande consiste-t-elle à espérer que les Français soient tous atteints du syndrome de Stockholm ?
La stratégie économique de François Hollande consiste-t-elle à espérer que les Français soient tous atteints du syndrome de Stockholm ?
©Reuters

Tribune

Cela fait belle lurette que la France ne se cherche plus de cap économique et a adopté la stratégie de la girouette. Au gré du vent médiatique et des "coups" politiciens à courte vue, la politique économique du pays est bringuebalée, la croissance est en berne et, n’en déplaise au chef de l’État, la courbe du chômage n’est pas prête de s’inverser. Et son allocution du 14 juillet n’est pas de nature à rassurer.

Christophe  Mazurier

Christophe Mazurier

Christophe Mazurier, né le 26 Février 1962, est le Président Directeur Général de la Banque privée genevoise Pasche. Il s'intéresse également aux questions environnementales, et soutient, aux côtés du gouvernement des Bahamas, des projets de lutte contre le réchauffement climatique dans les Caraïbes.

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Soyons honnêtes ! La France n’a pas attendu l’élection d’un président socialiste pour devenir le bateau ivre de la politique économique. Là où l’Allemagne pousse son avantage de moins en moins discrètement pour valoriser son industrie et ses exportations au risque de saper la croissance de la moitié de la zone euro, on serait en peine d’identifier la stratégie économique de nos dirigeants successifs de François Mitterrand à François Hollande en passant par Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy.

Mais l’actuel locataire de l’Elysée pousse beaucoup plus loin que ses prédécesseurs le petit jeu de l’inconstance (voire de l’inconsistance) économique. Une politique économique totalement illisible, émaillée d’annonces contradictoires et de promesses intenables (et non tenues), qui accroit encore la dégradation de l’économie française.

François Hollande a réaffirmé au mépris de tout bon sens (et sous les dorures de l’Elysée où il avait juré, dans une autre vie, de ne jamais recevoir de journalistes) que la reprise était palpable. Une énième incantation stérile pour celui qui n’est plus même un capitaine de pédalo mais un bouchon qui flotte au gré des flots et s’accroche à l’hypothèse miraculeuse d’un retournement de tendance pour croire encore à ses chances de réélection.

Mais le président de la République n’est pas seul à bord de cette galère. Quand Michel Sapin se déclare "l’ami de la Finance", prenant sciemment et très symboliquement le contre-pied de l’un des discours de campagne les plus emblématiques du président de la République, nuls cris d’orfraie dans la majorité. Pas d’appel à la démission et on évoque simplement une "inflexion" dans l ligne du gouvernement.

Pourtant, au-delà du ridicule de la situation, les propos du ministre des Finances posent un véritable problème démocratique. De quelle légitimité peut encore se réclamer une majorité qui n’hésite pas à se positionner à l’extrême opposé des positions défendues lors des campagnes présidentielles et législatives. Les électeurs de gauche doivent avoir du mal à avaler la pilule.

On sait que François Hollande aime à avancer masqué. Au point d’avoir oublié de prévenir ses électeurs qu’il ambitionnait de mener une politique de l’offre aux antipodes de la culture économique classique du parti socialiste et de la gauche française ? Une orientation en tout cas salutaire même si on se demande bien où le gouvernement va aller pêcher les 50 milliards du pacte de responsabilité

Pas dans les poches des contribuables apparemment où François Hollande n’a pas hésité à piocher allègrement depuis son élection. La politique fiscale de gauche (visant à multiplier les coups de bambous sur les entreprises et les particuliers) a montré ses limites. Mais la majorité socialiste n’en est pas à une contradiction près…

La stratégie économique de François Hollande confine ici à l’absurde. Des taux d’imposition devenus insupportables et produisant l’effet inverse en matière de rentrées fiscales… suivis d’un "cadeau fiscal" qui n’est en réalité qu’un quasi-retour aux taux précédents. Le gouvernement espère-t-il que la Nation entière se trouve victime du syndrome de Stockholm ?

Et que penser de la stratégie du gouvernement en matière de ré-industrialisation ? Si le ministre de l’Economie, Arnaud Montebourg, se fait le chantre du patriotisme économique, difficile de voir dans son volontarisme autre chose qu’une posture politicienne visant à s’assurer les bonnes grâces de la gauche du PS.

C’est une chose de faire la tournée des rares sites industriels qui survivent dans l’hexagone, un casque de chantier vissé sur la tête… mais c’en est une autre que de donner aux industriels français les moyens de garder les outils de production en France. Et dans ce domaine, l’encéphalogramme du pays est désespérément plat et rien ne sera fait pour que la lame de fond des délocalisations ne soit brisée.

Une seule constante toutefois depuis le début du quinquennat et plus globalement depuis vingt ans : le poids de l’immobilisme et la force des conservatismes qui nous poussent vers le mur en réduisant en poussière nos espoirs de reprise, laminant la croissance et construisant in fine une machine à fabriquer du chômage.

La France doit sortir des modèles idéologiques du siècle passé. Il n’y a pas de politique économique de droite ou de gauche. Pas de politique pro ou anti finance. Il y a des politiques pragmatiques piochant aux quatre coins du monde les recettes qui fonctionnent et des politiques idéologiques qui ne visent qu’à capter les aspirations de ses clientèles et ne servent qu’à fractionner l’opinion publique française en segments marketing au gré d’annonces "clivantes".

Une politique sans cap ni ambition qui n’est pas une invention du gouvernement actuel mais que François Hollande a su pousser à un paroxysme insupportable dont la France aura peine à se relever.

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