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Peut-on vivre sans conscience ?
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Bonnes feuilles

La subconscience est une faculté mentale qui permet de faire, de ressentir et de penser de manière automatique, sans s'en rendre compte. Yves Agid en livre une analyse approfondie. Extrait de "L’homme subconscient", publié aux éditions Robert Laffont (1/2).

Yves   Agid

Yves Agid

Né à Nice, Yves Agid est professeur de neurologie et de biologie cellulaire, membre fondateur de l'Institut du cerveau et de la moelle épinière, membre de l'Académie des sciences et du Comité consultatif national d'éthique.

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Est- ce que l’homme pourrait vivre sans penser qu’il pense ? Oui, diront les uns, car les hommes peuvent agir de manière intelligente en s’adaptant automatiquement à l’environnement. Pour cela, il peut se fonder sur ses propres acquis. C’est le cas des animaux dits « inférieurs ». Attention, c’est aussi celui des hommes asservis comme décrit dans Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley ou dans 1984 de George Orwell. Non, diront les autres, car les animaux supérieurs ne peuvent vivre que dans le chaos si leur conscience ne permet pas d’assurer une sorte de veille pour assurer leur insertion et donc leur protection au sein du groupe social. En particulier les individus qui, dans la société, manquent d’aptitudes intellectuelles et physiques.

Mais, dans la vie de tous les jours, combien de temps passe- t-on en moyenne à penser qu’on pense, ou qu’on fait, ou qu’on ressent, ou qu’on est ? À chacun de répondre. Quelques secondes ? quelques minutes ? En tout cas pas des heures, pour la plupart. La mise en jeu de cette conscience au sens propre s’effectue pendant des périodes variables selon l’âge, la personnalité, la disponibilité, le degré d’éducation, le contexte environnemental, le type d’activité (l’intellectuel, le religieux, le manuel), etc. Cette conscience- là est logiquement utile pour contrôler nos raisonnements, nos comportements vis- à- vis des autres et de soi. Sans conscience, il n’y aurait pas d’éthique. N’estce pas aussi l’étape préliminaire du contrôle volontaire d’aptitudes mentales aussi complexes que l’anticipation, la programmation, la simulation, le mensonge, l’humour ? Mais ces aptitudes ne répondent pas à la définition proposée pour la conscience. On est déjà dans le cadre de la préconscience.

Quand apparaît la conscience ?

Dans l’évolution des espèces animales, jusqu’à quand faut- il remonter pour observer une conscience, même ébauchée, émerger ? L’apparition de la conscience est le « cadavre dans le placard de l’orthodoxie évolutionniste », disait John Eccles. Seuls les êtres qui parlent, donc les hommes, peuvent se prononcer sur ce qu’est la conscience, et le transmettre. Chez les animaux qui ne parlent pas, comment reconnaître ce concept de « pensée de pensée » considéré comme le summum de la vie mentale propre aux êtres supérieurs ? On admet que les animaux disposent de cette faculté de conscience lorsqu’ils se reconnaissent dans un miroir (Gallup, 1977) (table 9). Cette forme primitive de conscience de soi n’a été reconnue que chez les grands singes (table 10), chez les dauphins (Marino et al., 2008), les éléphants (table 11), les corbeaux (table 12). Cependant, l’essentiel du règne animal naît, vit et meurt sans prendre conscience de cette conscience.

Les animaux ont certainement moins de conscience que les hommes, mais ils s’en sortent souvent mieux car ils sont plus résistants, qu’ils soient plus habiles (les singes), peu accessibles (les poissons de grand fond), ou qu’ils pullulent (les insectes).

Extrait de "L’homme subconscient", de  publié aux éditions Robert Laffont, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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