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Ministre de la Culture bis ? La véritable influence de Julie Gayet sur François Hollande
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Bonnes feuilles

Mine d’informations inédites, ce livre-enquête fait la lumière sur le trio sentimental qui a vu un "président normal" devenir un homme ordinaire. Extrait de "Passions d’État", de Yves Azéroual, publié aux Éditions du Moment (1/2).

Yves  Azéroual

Yves Azéroual

Journaliste, documentariste, ancien rédacteur en chef et fondateur de i>Télé, de Secrets d’Histoire sur France 2 et de Revu et Corrigé sur France 5, Yves Azéroual est un spécialiste des relations entre les politiques et les people. À ce titre, il a publié plusieurs ouvrages dont le best-seller Carla et Nicolas, la véritable histoire (avec Valérie Bénaïm) en 2008 et People Politicus en 2010, aux Éditions du Moment.

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Ce n’est ni la première ni la seule fois que Julie Gayet a usé de son influence sur le chef de l’État, notamment dans le domaine culturel. Peut-on pour autant la qualifier de ministre de la Culture bis comme on l’a dit naguère de Carla Bruni lorsque la rumeur lui prêtait, à elle aussi, des pouvoirs de nominations dans nombre d’institutions culturelles dépendantes de l’État ? Carla Bruni, en 2009, murmura à l’oreille de Frédéric Mitterrand, alors ministre de la Culture dont elle facilita la nomination, le nom de François Baudot pour le poste d’inspecteur général de l’administration des affaires culturelles. Cet ancien journaliste du magazine Elle n’est autre que le parrain de son fils, Aurélien. Il est encore un peu tôt pour le dire, même si la forte propension de Julie Gayet à intervenir dans des dossiers mêlant la politique et la culture semble incontestable.

Car entre le Président et la comédienne, sur fond de passion amoureuse, il s’agit d’un échange de bons procédés. Julie Gayet, forte de ses réseaux dans les milieux culturels combinés à ses compétences dans la production cinématographique, représente une alliée de poids sur laquelle François Hollande ne manque pas de s’appuyer dès qu’il estime nécessaire de s’adresser à ces profes- sionnels. « Elle fait partie d’une nouvelle génération de producteurs qui y vont à la débrouille. Et sait faire passer des messages de manière très simple sur des sujets techniques et complexes 1 », observe Florence Gastaud, secrétaire générale de l’ARP, une puissante asso- ciation d’auteurs-réalisateurs-producteurs dont la mission est de défendre la diversité des films français et européens, l’indépen- dance de l’auteur-réalisateur-producteur et la transparence économique de la production cinématographique.

Julie Gayet continue de jouer de sa relation avec le président de la République, à l’instar d’une Anne Pingeot, autre femme de l’ombre, surnommée « la vice-ministre de la Culture », qui jouis- sait, sans en profiter personnellement, de cette position de pouvoir auprès de François Mitterrand. « Pourquoi se priverait- elle de tirer avantage d’une si importante influence pour elle-même et ses proches ? » me glisse l’un de ses intimes. « Quand je le peux, j’utilise mon réseau pour aider les réalisateurs », confirme-t-elle dans un entretien avec un journaliste qui l’interroge sur son tra- vail de productrice, elle qui milite aussi au côté de l’ARP, un poste d’observation et d’action non négligeable..

Déjà, on lui prête une « influence sourde », dixit Le Point à propos de la reconduction surprise d’Éric de Chassey à la villa Médicis, en septembre 2012. Aurélie Filippetti n’y est pas vraiment favorable. Mais comme ce candidat en poste n’est autre que le mari de la comédienne Anne Consigny, une proche de Julie Gayet, la ministre de la Culture devra valider ce choix.

Petits arrangements entre amis, ce même Éric de Chassey propose, en janvier 2014, à peine quelques jours après la révélation de Closer, le nom de Julie Gayet comme membre du jury de la villa Médicis. Un poste honorifique qui aide à choisir les futurs pensionnaires de cette prestigieuse institution. C’est Le Canard Enchaîné qui révèle l’affaire. Une information aussitôt confirmée par le cabinet d’Aurélie Filippetti, trop heureux d’accabler le cou- pable qui n’est pas dans les petits papiers de la ministre. « Son nom a été proposé par Éric de Chassey, le directeur de l’Académie de France à Rome-Villa Médicis », précise le cabinet à l’AFP. « Ce n’était pas ma décision, elle n’a pas été validée, l’arrêté n’a pas été signé », se dédouane Aurélie Filippetti.

Pour se défendre de tout favoritisme et sauver sa tête, Éric de Chassey, intervient sur i>Télé : « Julie Gayet a été choisie par moi pour des raisons professionnelles. C’est une productrice de cinéma reconnue, une comédienne reconnue. Ça l’a déjà conduite à faire partie de jurys, y compris de jurys importants comme celui de “Un certain regard” à Cannes », se justifie-t-il. Et d’insister : « Julie Gayet a par ailleurs un intérêt marqué, que tous les gens du milieu de l’art connaissent, pour l’art contemporain, pour la littérature, pour la musique. ».

Une défense qui ne réussit pas à convaincre grand monde sur- tout que, dans le milieu fermé du cinéma, nul n’ignore que ce n’est pas la première fois que l’actrice s’immisce dans les arcanes des nominations. En effet, elle a déjà réussi à faire prolonger jusqu’en juin 2013 le mandat d’Éric Garandeau à la tête du Centre national du cinéma, une fois encore contre l’avis d’Aurélie Filippetti, qui souhaite, de son côté, remercier ce directeur proche de Nicolas Sarkozy mais qui a l’avantage – l’explication peut-être de sa longévité à la tête de cette institution ? – d’avoir nommé Julie Gayet marraine du « Jour le plus long », une manifestation cinématographique du CNC.

Il se murmure aussi que l’actrice-productrice a pesé dans cer- tains arbitrages sur des dossiers culturels ou numériques. Ainsi, elle a organisé – sans le concours de Julien Dray cette fois qui, à l’époque, a très mal pris cette initiative et en a fait part à la comé- dienne – une réunion entre le candidat à la présidentielle et des réalisateurs, inquiets que le pouvoir touche à la loi Hadopi. Un lobbying efficace puisque François Hollande n’a pas supprimé cette loi comme il s’y était engagé durant la campagne présiden- tielle. « Je remplacerai la loi Hadopi par une grande loi signant l’acte II de l’exception culturelle française qui conciliera la défense des droits des créateurs et un accès aux oeuvres par Internet facilité et sécurisé », peut-on lire dans la 45e proposition de son programme. Une majorité de la gauche d’ailleurs, Aurélie Filippetti en tête, rêvait d’abroger au plus vite cette loi qui réprime le télécharge-ment illégal sur Internet. Pour une partie de la gauche, il y avait là matière à emporter une nouvelle victoire hautement symbolique sur le sarkozysme déjà moribond dans les urnes !

Plus récemment, Julie Gayet a plaidé auprès de François Hollande la cause du crédit d’impôt du cinéma qui vise à reloca- liser les tournages en France. Un rapatriement sur le sol français qui ne pourrait être que générateur d’emplois. Elle a été entendue par l’exécutif et le Parlement a voté le texte.

Les interventions de la comédienne-productrice-petit amie du chef de l’État ne sont donc pas sans précédents. Doit-on pour autant parler de népotisme ? Tous les Présidents sont sensibles aux recommandations de proches, surtout lorsqu’il s’agit de leur compagne. Les premières dames se suivent et se ressemblent…

Extrait de Passions d’État, de Yves Azéroual, publié aux Éditions du Moment, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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