La semaine où la gauche de la gauche voulait montrer les dents : les "ultras", idiots utiles du hollando-vallsisme<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Manuel Valls a déclaré que la gauche pouvait "mourir".
Manuel Valls a déclaré que la gauche pouvait "mourir".
©Reuters

La gauche moribonde

Alors que Manuel Valls déclarait samedi 14 juin que la gauche pouvait "mourir", l'aile gauche du PS, elle, se retrouvait le soir-même en compagnie de plusieurs responsables communistes et écologistes. Et ce juste avant d'entamer une semaine politique et sociale cruciale tant pour le gouvernement que pour les "frondeurs".

Jérôme Sainte-Marie

Jérôme Sainte-Marie

Jérôme Sainte-Marie est président de la société d'enquête et de conseils PollingVox.

 

Voir la bio »
Jean Petaux

Jean Petaux

Jean Petaux, docteur habilité à diriger des recherches en science politique, a enseigné et a été pendant 31 ans membre de l’équipe de direction de Sciences Po Bordeaux, jusqu’au 1er janvier 2022, établissement dont il est lui-même diplômé (1978).

Auteur d’une quinzaine d’ouvrages, son dernier livre, en librairie le 9 septembre 2022, est intitulé : « L’Appel du 18 juin 1940. Usages politiques d’un mythe ». Il est publié aux éditions Le Bord de l’Eau dans la collection « Territoires du politique » qu’il dirige.

Voir la bio »

Atlantico : Projet de loi de finances (PLFF) et Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) rectificatifs, réforme du rail, intermittents... cette semaine est présentée comme celle de tous les dangers pour François Hollande. Selon Manuel Valls, "la gauche n’a jamais été aussi faible dans l’histoire de la Ve République". Selon lui, "elle peut mourir". Mais est-ce aujourd'hui vraiment le cas ? La gauche est certes dans un état de faiblesse mais s'agit-il de son plus grand moment de faiblesse ?

Jean Petaux : Lorsque Manuel Valls dit que la "gauche peut mourir" il évoque l’absence de candidat de gauche au second tour de la prochaine présidentielle en mai 2017. Ce ne serait pas la première fois que cela arriverait sous la Vème République. Ce fut le cas en 1969 et en 2002. Est-ce que la "gauche est morte" pour autant ? Certains pourraient très bien répondre "oui" à cette question, mais en ne trouvant pas l’explication de ce décès dans cette élimination dès le premier tour. Ils répondraient (ou répondent d’ailleurs plus directement) "oui" tout simplement parce qu’ils font le constat d’une disparition de la "gauche authentique", de la "gauche historique" en somme. Le meurtre de cette gauche-là aurait d’ailleurs été commis par ceux-là mêmes qui se sont fait élire comme ses représentants. L’assassinat par trahison tout simplement. La "social-démocratie" ne serait plus la gauche, totalement dénaturée par le "social-libéralisme".

Donc si l’on reprend les termes de votre question on serait donc en état de "faiblesse dépassée" pour la gauche aujourd’hui en France, comme on parle de "coma dépassé" pour un traumatisé crânien. C’est une lecture possible de la réalité. Il y en a une autre. La "gauche est faible", dit le Premier ministre, parce qu’elle n’est pas unie et serait à la merci de la droite et de l’extrême-droite. Cet argument consiste à considérer que tout ce qui, de l’intérieur, concourt à désunir la gauche contribue, plus ou moins directement, à l’écarter de la "bataille politique" ultime qui est, dans notre pays, le deuxième tour de la présidentielle. Ce qui est frappant dans ce cas-là c’est que la question de la définition de la "gauche" (quel contenu programmatique ? quels choix économiques ? quel modèle de société ?) ne trouve pas réellement de réponse. Cet aspect ne semble pas essentiel d’ailleurs. Est réputé "de gauche" ce qui s’oppose aux candidats de la "droite républicaine" et de "l’extrême-droite". De ce point de vue-là, dans cette lecture-là, sans doute que la "gauche" est à un de ses plus faibles niveaux.

Au jour d’aujourd’hui la qualification pour le second tour de la présidentielle serait sans doute très difficile. Pour autant je ne dirais pas qu’elle peut mourir. D’abord parce que ce genre de formule n’a aucun sens en politique et surtout parce que les forces partisanes sont extrêmement résilientes. Elles sont comme le héros de "Edge of tomorrow", elles ne meurent jamais intégralement. Comme les personnages de jeux électroniques, elles renaissent parfois sous un autre nom, une autre appellation, mais elles repartent pour un nouveau cycle et de nouvelles aventures.

Jérôme Sainte-Marie : La dramatisation menée par Manuel Valls a une dimension instrumentale évidente, mais ne s’y réduit pas. Elle permet au Premier ministre de se poser en chef de la majorité, de culpabiliser les opposants internes à celle-ci, et peut-être aussi d’alimenter les critiques faites au Chef de l’Etat. En effet, celui-ci, choisi par 57 % des 2,9 millions de participants aux primaires de 2011, et second président socialiste de la Vème République, pouvait passer il y a deux ans pour le sauveur de la gauche – désormais il est implicitement désigné comme son fossoyeur possible. L’essentiel cependant est ailleurs, et le propos de Manuel Valls devient paradoxal, car c’est bien la politique suivie depuis 2012 qui déstabilise l’électorat présidentiel de François Hollande, et c’est le Premier ministre qui la met en œuvre. Il y a non seulement une crise de résultats et une crise de gouvernance – cela, la gauche l’a déjà connu, par exemple au début des années 1990 , mais aussi une crise de la promesse social-démocrate, et ceci prend une tout autre portée historique.

Le premier secrétaire du PS parle lui d'un risque de sécession au sein du PS. Au-delà de l'avantage que cette posture peut revêtir pour une partie des élus de la majorité, cette tentation pourrait-elle vraiment se concrétiser ? Ont-ils plus à gagner qu'à perdre à aller au clash ?

Jean Petaux : A quelle occasion a-t-on assisté à des situations de sécession quand des partis étaient au pouvoir ? En mars 1956, alors qu’il envoie le contingent en Algérie, Guy Mollet, président du Conseil, premier secrétaire national de la SFIO (l’ancêtre du PS) suscite une opposition dans ses propres rangs. Mais le parti est tenu d’une main de fer. Quelques personnalités, moralement très fortes, comme Alain Savary, Compagnon de la Libération, va ainsi quitter la SFIO et fonder avec Depreux le Parti Socialiste Autonome (PSA, futur PSU que dirigera Michel Rocard, lui-même passé par les rangs des JSFIO…), montrant ainsi son hostilité à la politique de répression mise en place et à ce que l’on va appeler, méchamment, le "national-mollétisme". Ce départ a été très contingenté en nombre d’adhérents et a eu un impact plus symbolique (voire éthique) que stratégique. Précédemment, au Parti Radical et Radical-socialiste, des dissidences vont parcourir ce parti "attrape-tout" qui fait et défait les gouvernements (conflits entre Pierre Mendès-France et Edgar Faure ou entre Mendès et la ligne droitière du PRS incarnée par René Meyer et André Morice, défenseurs du grand colonat algérien).

Sous la Vème République on n’a pratiquement jamais vu de sécession au sein du parti gouvernemental. Un des rares cas est la création en janvier 1993 du Mouvement des Citoyens (MDC) par Jean-Pierre Chevènement qui quitte ainsi le PS à la suite du referendum sur le Traité de Maastricht, le 23 septembre 1992 pour lequel il a appelé à voter "non". Mais en réalité Chevènement ("Un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne") était déjà plus ou moins en "congé de PS" depuis son départ du gouvernement Rocard pour cause de première guerre du Golfe, le 29 janvier 1991. En quittant le PS avec son courant (ex-CERES) Chevènement n’a d’ailleurs même pas entraîné tous ses amis. Et puis en janvier 1993, à trois mois de sa plus grande défaite parlementaire, le PS était-il encore réellement au pouvoir ?

Il y a bien le cas de Jean-Luc Mélenchon, quittant le PS avec Marc Dolez après le congrès de Reims en novembre 2008. Mais la situation n’est pas comparable à celle de son ainé Chevènement : quand Mélenchon quitte le PS pour fonder le "Parti de Gauche" (une sorte de "Die Linke" à la française), le PS est dans l’opposition et semble condamné à y rester un bon moment… Actuellement la situation est très différente. Quitter un parti législativement majoritaire c’est prendre la lourde responsabilité d’être le traître ou le mutin. Celui qui marque un but contre son camp, dans la pire des séquences politiques : celle où le parti au gouvernement est attaqué de toute part. C’est donc, littéralement, saborder et saboter le navire. Vous pouvez toujours habiller votre départ en multipliant les arguments selon lesquels il s’agit d’un sauvetage, d’une manœuvre désespérée pour épargner ce qui peut être encore sauvegardé de la "gauche". En réalité tous les observateurs et même les plus critiques à l’égard de la direction actuelle du PS vous colleront une étiquette de "déserteur"… Et encore je vous épargne le peu glorieux : "Les rats quittent le navire" ! Les mutins potentiels ont donc intérêt à y regarder à deux fois avant de jouer les doublures de Marlon Brando dans "Les Révoltés du Bounty" (de Solférino)…

Jérôme Sainte-Marie : La probabilité d’une sécession au sein du Parti socialiste est très faible – il manque a peu près tout pour que cela puisse advenir. Le dernier précédent, peu engageant, est celui du départ des derniers chevènementistes fin 1992 et la création du Mouvement des citoyens. Dès 1994, l’échec de la liste présentée aux européenne, alors même que la liste Rocard se situait en deçà de 17%, avait signifié l’échec politique de l’entreprise. Or, il y avait un chef indiscutable, Jean-Pierre Chevènement, une différence idéologique réelle, l’articulation de la République et du socialisme, des événements fondateurs, la guerre du Golfe et le referendum sur Maastricht. On ne voit rien de tel aujourd’hui, mais à l’inverse une pléiade de figures de modeste stature, sans homogénéité idéologique, et dans un contexte de crise qui n’arrive pas pour l’heure a se cristalliser sur un évènement précis. Les 41 abstentionnistes ont des stratégies personnelles diverses, et l’on peut douter de la radicalité de nombre d’entre eux. Ce qui les réunit est surtout négatif : la conviction que la direction prise les mène a l’échec électoral en 2017, ce que les résultats des municipales dans les communes de leur circonscription leur ont permis de mesurer il y a peu.

L’aile gauche du PS, certains responsables écologistes et communistes se sont retrouvés samedi 14 juin au soir à Paris pour jeter les bases d’un "rassemblement à gauche" contre la politique élyséenne. Cela fait maintenant plus d’un an qu’ils discutent ensemble, sans rien de concret pour le moment. Ces rencontres peuvent-elles vraiment déboucher sur quelque chose, ou resteront-elles dans l'effet d'annonce ?

Jean Petaux : La situation n’est pas claire pour eux non plus. Quelques-unes des leçons de la dernière séquence électorale (municipales et européennes) sont quand même très douloureuses à intégrer pour l’ensemble des partis qui se positionnent à gauche. L’une a rappelé que sans les Socialistes, les Communistes et les Ecologistes (qui n’ont que Grenoble comme contre-exemple) auraient encore moins de conseillers municipaux et d’adjoints que ce qu’ils ont pu sauver… En complète opposition avec le PCF, le PG (Parti de Gauche) a voulu se la jouer "solo" aux municipales, il a littéralement échoué, renvoyé dans les cordes au même niveau que le NPA parfois…

L’autre leçon, terrible, a été administrée par les Européennes. Si le PS s’est effondré, cela n’a en rien profité aux listes situées à la gauche du PS (ou auto-proclamées comme telles…). Donc, en réalité, pour reprendre le mot terrible de Trotsky : "Ce n’est pas en accrochant entre elles des cabines de bain qu’on construit un paquebot transatlantique"… Traduit pour Messieurs Baumel ou Guedj cela pourrait se dire ainsi : "Ce n’est pas en assemblant des formations plus ou moins groupusculaires qu’on peut bâtir une alternative politique à gauche aujourd’hui"… Ou alors ça s’appelle le "Titanic" et on connait la fin…

En conséquence je ne vois pas en quoi, sans plateforme commune, sans organisation conjointe, les intérêts totalement divergents de ces groupes pourraient dépasser les simples réunions d’estrades et le tapage nocturne sur la sempiternelle question de la "refondation de la gauche" qui est à même de durer aussi longtemps que le débat sur le sexe des anges ou sur la double nature de Jésus-Christ au concile de Chalcédoine en 451 face à la doctrine du monophysisme du Fils de Dieu.. Débat tout aussi passionnant que celui de la refondation de la gauche…

Jérôme Sainte-Marie : Les initiatives récentes pour  coordonner les figures et mouvements à la gauche du Parti socialiste soulignent le mécontentement des électeurs de François Hollande, surtout ceux du second tour. Elles peuvent encourager des mouvements sociaux, mais pour l’heure elles ne pèsent pas politiquement. Depuis que le Parti communiste a décliné, la gauche hors PS se caractérise avant tout par ses divisions, sa pluralité stérile. On voit parfois lors de scrutins trois listes ou candidats distincts pour les trotskistes ; le Front de gauche s’est présente en ordre dispersé lors des municipales, le Parti de gauche lui-même voit des sous-groupes en son sein se diviser, et les socialistes critiques ne sont pas plus unifiés. Pour rassembler, il faut non pas un mécontentement partagé, mais un projet de conquête. C’est la clef du succès de François Mitterrand au congrès d’Epinay en 1971, prônant l’alliance avec le Parti communiste pour prendre le pouvoir. Une telle stratégie politique, et donc électorale, n’apparaît pas.

Les responsables écologistes soutiennent les revendications des intermittents mais ont été discrets sur la grève de la SNCF, tandis que le PCF soutient plutôt timidement les deux mouvements. Pas grand chose non plus du côté des frondeurs du PS... En quoi une convergence entre la gauche de la gauche et les actuelles revendications sociales paraît-elle difficilement imaginable ? Quelles sont leurs relations avec les syndicats ?

Jean Petaux : Vous avez raison. Cette convergence paraît assez difficilement imaginable parce qu’il y a une vraie carence programmatique. En réalité les revendications sociales ne semblent plus pouvoir être intégrées dans le logiciel des forces politiques de gauche. Pour la partie de la "gauche de gouvernement" on le comprend facilement : les exigences qui sont envoyées aux "gate-keepers" (aux "portiers") du système politique pour reprendre le vocabulaire de David Easton ne sont pas "agrégables" et sont forcément rejetées puisqu’y répondre reviendrait à choisir une autre ligne politique. Mais là où les choses sont plus étonnantes c’est que les forces politiques de gauche qui ne sont pas en charge de la responsabilité gouvernementale semblent rencontrer aussi une difficulté à s’approprier ces revendications, à les traduire en "arguments politiques" (voire en "béliers politiques") pour forcer le "pont-levis" relevé de la gauche gouvernementale. Est-ce une question de temps ? Est-ce que ces formations politiques vont parvenir à être en phase avec les demandes sociales ? Pour l’instant elles en sont loin. Peut-être que l’explication est d’ordre électoral : les partis politiques de gauche, même absents du gouvernement, n’apparaissent plus comme des organisations partisanes susceptibles de porter les luttes politiques et sociales… Les syndicats eux-mêmes ont bien du mal à se montrer comme capables d’assurer cette mission. Finalement, aujourd’hui, seul le FN semble sur ce créneau. C’est sans doute ici que se situe désormais la "tragédie de la gauche".

Jérôme Sainte-Marie : Ces mouvements que tout paraît opposer se ressemblent en ceci qu’ils se tournent vers l’Etat, les intermittents se confrontant a celui-ci plutôt que de s’en prendre aux entrepreneurs de spectacle, par exemple. C’est donc bien le programme réel de la gauche actuelle qui est invoqué, celui consistant à faire de l’argent public le grand pacificateur des contradictions économiques et sociales. Or c’est ce modèle qui est aujourd’hui sous tension, du fait des engagements de la France a réduire ses déficits. Un autre point commun est que sont concernées des clientèles électorales de la gauche, et il est probable que l’abondante population d’agents sociaux et culturels, au statut fragile, sera pour la gauche d’aujourd’hui ce que lui furent les sidérurgistes de 1983. Pendant ce temps, les salariés modestes du privé votent de plus en plus pour le Front national.

Pourquoi le Premier ministre éprouve-t-il le besoin de parler maintenant de la vulnérabilité de la gauche, de dramatiser les choses à ce point ? Quel intérêt peut-il avoir à accentuer le danger ? Les ultras du PS sont-ils finalement les idiots utiles du hollando-vallsisme ?

Jérôme Sainte-Marie : Votre question suggère une dialectique intéressante, l’opposition de gauche permettant au gouvernement de se recentrer aux yeux de  l’opinion. Il faut pourtant constater que les initiatives du pouvoir actuel, de l’ANI au pacte de responsabilité, qu’un pouvoir de droite aurait parfaitement pu prendre, ne lui valent aucune indulgence dans l’opinion de droite et du centre, tout en lui aliénant une bonne part de ses soutiens de gauche. L’ensemble du système politique français est aujourd’hui déstabilisé par un jeu de rôles où l’opposition entre gauche et droite correspond moins que jamais aux clivages réels. Dès lors, la crise politique, et la grande fragilité du pouvoir, ont encore de beaux jours devant eux.

Jean Petaux : On ne peut, bien sûr, que formuler une hypothèse de réponse. La dramatisation du discours est une des figures rhétoriques classiques pour sonner le rassemblement et ressouder les troupes. Décréter la "patrie en danger" comme Dubois-Cancé en 1792 c’est faire appel à une sorte de sursaut national contre les "Emigrés de Coblence" et écrire la première page de l’épopée de l’Armée de l’An II. Bon… On n’en est pas là avec le PS mais pour Manuel Valls, volontiers "Bonaparte" avant d’être "Napoléon", ce petit couplet de "général stratège" sur le "pont d’Evry" (à défaut de celui d’Arcole) c’est une manière de se distinguer du président de la République. Si les choses empirent et vont de plus en plus mal il pourra dire : "Je vous avais prévenu ! je l’avais vu venir…". Si les choses s’arrangent et si l’été s’annonce en "pente douce", il pourra dire : "On a eu chaud, j’ai bien fait de sonner le tocsin, j’ai dramatisé et fait peur… ça a calmé les troupes et fait rentrer dans le rang les dissidents potentiels"… Et si en 2017 la "gauche meurt" (selon son propre vocabulaire), ce ne sera pas lui qui sera touché directement… Il pourra toujours figurer parmi les prétendants à la résurrection d’une "nouvelle gauche", sur le modèle du "New Labour" de Tony Blair, totalement décomplexé en matière de social-libéralisme, "schröderienne" dans l’âme et "vallsienne" dans le corps. Dans la perspective de… 2022 ! Il sera dans sa 60ème année…

Quant à la dernière partie de votre question, je ne reprendrai surtout pas cette expression des "idiots utiles" qui a servi dans un contexte très précis historiquement et idéologiquement, désignant ceux qui, n’étant pas explicitement marxistes-léninistes, staliniens ou tout simplement militants au sein d’un parti communiste européen (dès 1917 et surtout après 1947, en Europe de l’Ouest), rendaient des services à la propagande soviétique en refusant de dénoncer ce qui se passait par exemple derrière le "rideau de fer". Les "idiots utiles" ont ainsi joué un rôle bien particulier en étant soit dans le déni de la réalité soit totalement et cyniquement manipulés à leur insu.

Les ultras du PS ne sont en rien les "idiots utiles" de François Hollande et de Manuel Valls. Pour au moins trois raisons. La première c’est que pour manipuler il faut avoir du pouvoir. Je ne suis pas certain qu’aujourd’hui François Hollande et Manuel Valls en disposent à revendre… La deuxième c’est que l’idiot utile défend une cause, en l’occurrence celle des "ultras du PS" est illisible et incompréhensible, sauf à répéter : "On va dans le mur". La troisième est plus subtile : les idiots utiles avaient, même si elle pouvait être faible, une capacité d’entraînement et de conviction…Et parfois elle était même forte… Quand Sartre, beau modèle "d’idiot utile" du PCF, écrit dans "Questions de méthode" (1960) (tout en ayant rompu pourtant avec le PCF à l’occasion de la crise de Budapest en 1956) : "Le marxisme reste la philosophie indépassable de notre temps : il est indépassable parce que les circonstances qui l’ont engendré n’ont pas encore été dépassées", il entraîne (même si ce qu’il dit va s’avérer totalement faux au regard d’une analyste matérialiste de l’histoire) avec lui de nombreux jeunes intellectuels tous plus brillants les uns que les autres. L’idée même que Messieurs Baumel et Guedj entraînent de jeunes et brillants intellectuels fait plus rire qu’autre chose. Voilà au moins une occasion de finir cet entretien sur une note rigolote…

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !