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Sarkozy, Juppé, Fillon : portrait robot de qui aime qui chez les sympathisants de droite
©Reuters

Une affaire de compatibilité

Alors qu'un congrès de l'UMP doit désigner son nouveau président en octobre 2014, Sarkozy et Juppé occupent la tête dans les études d'opinion auprès des sympathisants de droite, avec Fillon qui vient en troisième position. Si les deux premiers disposent d'une base de soutiens clairement identifiée sur le pan sociologique et géographique, ce dernier a brouillé les cartes chez son électorat traditionnel.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : D’après un récent sondage Ifop pour Valeurs Actuelles, les sympathisants de l’UMP sont 28 % à vouloir que Nicolas Sarkozy soit élu à la présidence de l’UMP, 26 % se prononçant pour Alain Juppé, et 11 % pour François Fillon. Quel est le profil de ces "supporters" ?

Nicolas Sarkozy

Jérôme Fourquet : Toutes les enquêtes récentes concernant Nicolas Sarkozy permettent de constater que dans l’électorat de droite sa domination est la plus forte dans ce qu’on pourrait appeler la "droite d’en bas", c’est-à-dire les catégories modestes et moyennes, les générations les moins âgées, et plutôt la France de province que celle des grandes villes et de la région parisienne. On peut l’expliquer par le fait que ces catégories-là de l’électorat de droite ont été les plus sensibles au discours de Nicolas Sarkozy ces dernières années, et notamment au cours de la dernière campagne présidentielle avec une ligne droitière, décomplexée.

Alain Juppé

A l’inverse, les catégories plus "CSP+", parisiennes et âgées sont tentées par une ligne moins droitière, plus modérée, et se retrouvent bien derrière l’hypothèse d’une candidature Juppé pour la présidentielle ou la tête du parti. C’est une droite traditionnelle, certes conservatrice, mais modérée, et qui se retrouve autant dans le parcours que les propos de Juppé, qui sont en retenue, modérés, et qui appellent à travailler avec le centre (Bayrou, par exemple). Son tempérament moins énergique et vibrionnant que Nicolas Sarkozy n’est pas pour rien dans l’estime que ces catégories lui portent, notamment les seniors. Et même si Sarkozy n’est plus un jeune en politique, Juppé bénéficie d’un parcours plus long, qui a marqué les seniors de droite. Cette information n’est pas anecdotique, et peut jouer un rôle dans la mesure où les seniors sont la tranche d’âge qui se mobilise le plus lors d’élections, et qui compose une part importante de l’électorat de droite aujourd’hui.

Assez classiquement, et à la différence de Sarkozy et Fillon, Juppé, bénéficie d’un fort ancrage dans l’électorat de droite du grand sud-ouest. Le maire de Bordeaux y bénéficie d’une réelle avance, ce qui se vérifie moins dans les autres régions. Néanmoins la région Aquitaine n’est pas réputée comme étant un gros réservoir de voix de droite et d’adhérents à l’UMP.

François Fillon

On ne constate pas d’aspérités dans la nature des soutiens de François Fillon, à tous les niveaux. Cela montre que sa ligne n’est pas clairement identifiée. Autant on peut avoir une analyse idéologique des soutiens de Sarkozy et Juppé, ligne droitière contre ligne modérée, autant Fillon ne donne pas de positionnement clair. Par conséquent ses soutiens ne sont pas clairement profilés. Cela n’aurait pas été le cas si on avait regardé les sondages il y a un an, au début de l’été 2013 : c’était lui qui faisait figure de principal challenger de Sarkozy, loin devant Juppé. C’était lui le tenant de la ligne modérée ou recentrée, en rupture avec la ligne sarkozyste. Mais sa sortie de novembre 2013 contre le bilan de Sarkozy a été très mal perçue par l’électorat de droite. Ce dernier y a vu du mauvais esprit, une posture politicienne, et de l’incohérence puisqu’il était tout de même comptable de ce bilan. Il a aussi déclaré que certains élus socialistes pouvaient être plus sectaires que des élus du FN, ce qui n’a pas forcément choqué tous les électeurs de droite, mais sa base modérée ne s’est pas retrouvée dans ce propos, et s'est redirigée vers Juppé. Ces deux sorties ont atténué son avantage de départ, qui était sa stature d’homme d’Etat. Le fait qu’il ait pendant toute sa carrière défendu une ligne de front contre tout accord avec le FN, a rendu incompréhensible sa volte-face. Depuis lors, son image est brouillée, la nature de ses soutiens a changé, ce qui explique qu’on ne trouve pas de spécificités fortes chez ses soutiens aujourd’hui. La plupart de sa base CSP+ et retraités est partie chez Juppé.

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