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Et pendant ce temps là... Cambadélis se projette dans la perspective de la disparition du PS
©Reuters

Spectre

Dans un discours prononcé à huis clos, le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a longuement analysé cette nouvelle donne dans le paysage politique français qu'est le "tripartisme", en expliquant que tout cela pouvait mal se terminer et rappelant que dans le désarroi, "les Français peuvent s'en remettre à un homme", comme lors de la période Pétain.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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En d'autres temps au Parti socialiste, on se serait  gaussé des malheurs de l'UMP. Mais après la nouvelle débâcle électorale du dimanche 25 mai ,"un dimanche noir pour la France et l'Europe", selon la  porte-parole du Parti, le PS  vit des moments tout aussi douloureux que le parti de droite. Tout juste si Annick Lepetit  a ironisé sur l'affaire "Bigmillion" qui "tourne autour de Nicolas Sarkozy", car rue de Solférino et dans les couloirs du groupe socialiste à l'Assemblée, l'état d'urgence est décrété ; les hypothèses les plus sombres pour les prochaines élections locales sont échafaudées à la lumière des projections des résultats de dimanche dernier. Après avoir perdu son ossature aux municipales, le parti d'Epinay risque de perdre ses muscles aux régionales et  de finir exsangue à  la prochaine présidentielle, autrement dit de quasiment disparaître .

Les deux échecs des municipales et des européennes ont provoqué deux chocs successifs. Aujourd'hui, ces deux revers sont analysés et décortiqués à longueur de réunions des instances. En proie à la déprime, les responsables socialistes se sont lancés dans une opération de remise en question de leur stratégie et de celle du gouvernement et tentent de trouver des réponses et des solutions. Car la lucidité les oblige à reconnaître que le Front national ( qui a gagné des mairies et  totalisé  25% des voix dimanche ), est désormais installé dans le paysage politique français. Dans un discours prononcé à huis clos devant ses collègues députés  en présence de Manuel Valls, le Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis  a longuement analysé cette nouvelle donne dans le paysage politique français qu'est le" tripartisme". Il a aussi dramatisé son propos en expliquant que tout cela peut mal se terminer et rappelé que dans le désarroi, "les Français peuvent s'en remettre à un homme", en évoquant  la période Pétain.

Si le 21 avril 2002 ( qui avait vu l'élimination de Lionel Jospin du deuxième tour de la présidentielle au profit de Jean-Marie Le Pen ), a pu apparaître comme un accident dont le Parti s'est relativement vite remis, il en irait bien différemment si le phénomène se reproduisait en 2017. En fait, la possibilité de l'élimination du candidat socialiste du second tour de la  présidentielle parce que devancé par Marine Le Pen et le candidat UMP hante désormais les élus et responsables du parti : "Quand un troisième parti s'installe dans la Ve République," alors qu'il "n'y a que deux partis à l'arrivée, ne pas être dans les deux, c'est la marginalisation", a appuyé un peu plus tard dans la soirée le sénateur Assouline devant le bureau national. Si le premier secrétaire et le Premier ministre en appellent à resserrer les rangs et à ne pas relâcher les efforts de redressement qui vont immanquablement finir par produire des résultats, il n'en va pas de même chez les élus dont une partie réclame "que l'on écoute le message de colère des électeurs" et demande au gouvernement d'infléchir sa politique et réclame plus de "gestes" en faveur des "plus démunis". "C'est terrible d'entendre dire on ne change pas", déplorait le député de la circonscription des Français d'Afrique, Pouria Amirshahi, qui travaille avec d'autres députés frondeurs, à "une plate-forme pour sortir de l'impasse". Et hier, le député du Pas-de-Calais Guy Delcourt, un homme bien implanté et habituellement très discret, a brisé un tabou en lançant un propos que les socialistes réservaient jusqu'alors à leurs échanges privés, à savoir "qu'il y a un vrai problème entre François Hollande et les Français". Une déclaration qui a laissé les participants pantois : "Tout le monde regardait le bout de ses chaussures" racontait un de ses collègues  à l'issue de la réunion. Manuel Valls est alors intervenu pour expliquer que "François Hollande est très lucide sur la situation", et en a plus généralement appelé au "respect des institutions", tandis que certains députés s'interrogeaient sur l'opportunité de cette déclaration, préférant  se concentrer sur la "reconstruction du Parti" et la nécessaire réflexion sur "l'identité du PS, qu'il faut redéfinir".

Plus prosaïquement, les responsables socialistes s'interrogent sur les futures alliances électorales et sur les liens qu'il conviendrait de renouer avec les autres formations politiques. Un élu aurait même proposé un rapprochement avec la candidate UMP aux régionales en Ile-de-France, Valérie Pécresse. Hypothèse aussitôt balayée. En revanche, le resserrement des liens avec Les Verts est à l'ordre du jour et il est aussi question de reprendre langue avec le Front de Gauche, le grand pourfendeur de la politique gouvernementale. "Il y a une majorité rouge-rose-verte", expliquait hier un membre du Bureau National, tandis qu'un député s'essayait à l'autodérision en demandant à ses collègues : "Tu n'aurais pas le numéro de portable de Mélenchon ?"

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