Jérôme Kerviel convoqué le 4 juin au pôle financier de Paris

On n’a pas fini de parler de l’ancien trader de la Société Générale incarcéré depuis le dimanche 18 mai à la maison d’arrêt de Nice. Là où il purge une peine de 3 ans de prison ferme confirmée le 19 mars 2014 par la Cour de cassation. Laquelle en revanche, a cassé celle des dommages intérêts - 4,9 milliards d’euros infligés en appel à Kerviel. Le 4 juin, ou la veille, sauf coup de théâtre de dernière minute, il devrait donc être extrait de sa cellule pour se rendre au pôle financier de le rue des Italiens à Paris afin d’y être entendu par le doyen des juges d’instruction Roger Le Loire. Ce jour-là, dans l’après-midi, Kerviel qui a fait perdre en 2008, 4,9 milliards d’euros à la Société Générale changera de rôle : il ne sera plus l’ex-salarié de la banque condamné pour faux, abus de confiance et atteinte à un système de données informatiques… Non, il sera à nouveau l’accusateur de la banque. Cette audition est en effet la conséquence de deux plaintes, l’une pour faux, l’autre pour subornation de témoin qu’il a déposée, fin avril 2014, contre l’établissement, via son pugnace et très médiatique avocat, Me David Koubbi. Ce sera l’occasion pour le trader déchu de marteler, une fois encore, que le coupable dans cette affaire hors norme, est bien la Société Générale restée passive lorsqu’il se livrait à des engagements aussi hasardeux que frauduleux. Une thèse évidemment contestée par l’avocat de la banque, Me Jean Veil qui répète depuis des mois que "Kerviel est un menteur, un tricheur qui a présenté des faux pour mettre à mal son fonds de commerce dans un but purement lucratif, celui d’obtenir des bonus." Le jour de son audition par le juge Le Loire Jérôme Kerviel devrait aussi justifier sa plainte pour subornation de témoin contre son ancien employeur. Il affirme en effet que ce dernier aurait versé un million d’euros à son ex-supérieur hiérarchique Eric Cordelle pour qu’il fournisse, lors des deux procès, en première instance en juin 2010 et en appel en juin 2012-, un témoignage favorable à la banque. Qui ne voit dans cette plainte que l’expression de "gesticulations supplémentaires" de Kerviel. Avec un art consommé de la mise en scène - on en a eu un aperçu à Vintimille le dimanche 18 mai peu avant qu’il ne se rende au commissariat de Menton-l’ex-trader espère convaincre l’opinion que les banques sont bien les monstres de la finance. Rien ne dit qu’il gagnera. Au contraire. Il risque surtout d’irriter au plus haut point les magistrats qui n’aiment pas du tout voir leurs décisions contestées.