Comment les pervers narcissiques détruisent leurs victimes<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
Comment les pervers narcissiques 
détruisent leurs victimes
©

Relations toxiques

De la dépression à la tentative de suicide, de la violence à la perversion, de la confusion à la dépersonnalisation, voire la folie... Jean-Charles Bouchoux analyse les rapports entre "Les pervers narcissiques" et leurs victimes dans son ouvrage. Extraits.

Jean-Charles Bouchoux

Jean-Charles Bouchoux

Jean-Charles Bouchoux est psychanalyste et formateur en institut dans la région d'Arles et Montpellier

Voir la bio »

La perversion narcissique se situe au croisement de la folie et de la névrose. Il n’est pas rare que des personnes ayant des troubles psychiatriques utilisent des mécanismes pervers narcissiques, tentant par-là d’attribuer leur folie à l’autre pour s’en sortir. Le pervers structurellement accompli grâce à ses passages à l’acte est à l’abri tant qu’il conserve une victime pour se décharger. Quant aux victimes, elles finissent par se retrouver porteuses des symptômes du pervers (angoisse d’abandon, colère, etc.). En fonction du degré des rapports entre le pervers et sa victime, cela ira de la dépression à la tentative de suicide, de la violence à la perversion, de la confusion à la dépersonnalisation, voire la folie.

Une totale confusion

Le pervers, par ses actes, sème une confusion telle que sa victime, bien souvent, ne peut plus agir intelligemment. Injonctions paradoxales, agressions violentes, dévalorisation puis séduction ne permettent plus à la victime de pouvoir réagir sainement. La paradoxalité est telle que la victime ne sait plus si elle doit croire ce que lui indiquent ses sens, ce qu’elle voit ou ce qu’elle entend. Toute logique devient caduque. Rapidement, la victime se retrouve dans un état de vigilance constante, elle devient méfiante, sentant un danger et ne pouvant pas le repérer. À son tour, elle va développer des traits paranoïdes.

Imaginons que vous conduisiez, et que vous ayez une discussion intelligente avec votre passager. Soudain un véhicule arrive trop vite à votre droite, vous désinvestissez immédiatement toute intelligence intellectuelle et vous vous en remettez à vos seuls réflexes. Vous êtes alors incapable de soutenir une conversation. En cas d’urgence, notre cerveau désinvestit la partie intellectuelle au profit du cortex qui gère les réflexes. Il n’y a alors, plus de ça, de moi ni de surmoi, seulement une vigilance, une attention accrue et une incapacité à réfléchir. C’est ce type d’état que finit par obtenir le pervers de sa victime.

Il est alors très important de s’en remettre à une personne neutre et bienveillante qui n’hésitera pas à requalifier la réalité, à nommer le pervers comme tel, la relation comme insupportable et les passages à l’acte comme inadmissibles.

Des défenses abaissées

De la même façon qu’il existe des mécanismes de défense psychiques qui gèrent notre intérieur, il existe des mécanismes, comme le pare-excitation, qui nous protègent d’excitations qui viendraient de l’extérieur.

« La fonction du pare-excitation est de protéger l’organisme psychique contre les excitations en provenance du monde extérieur qui, par leur intensité, risqueraient de le détruire. » Le pare-excitation est une instance cognitive qui serait située à la périphérie du système psychique, à la frontière entre les organes des sens et du monde extérieur. Le psychisme aurait alors la possibilité d’investir plus ou moins les stimulations externes, en fonction de leurs qualités.

Par exemple, si je rencontre un homme que je ne connais pas, je risque d’abord d’être méfiant. Est-il bon ou mauvais, bienveillant ou dangereux ? En fonction de la réponse, j’investirai plus ou moins les informations qui viendront de cette rencontre. Si je comprends que cet homme est fou et si j’entends qu’il m’insulte, ses mots auront peu d’emprise sur moi. À l’inverse, si je rencontre un ami de longue date, je l’aborderai de bon cœur. S’il me parle mal, alors il pourra me blesser facilement.

Un bouclier contre les influences extérieures

Le pare-excitation nous protège mais limite aussi la qualité et la quantité des apports du monde extérieur. Nous avons une approche filtrée du monde, dans une sorte de lecture, de distance au monde que nous aspirons certainement à abandonner quand nous sommes en confiance.

Un des « avantages » de la communication paradoxale utilisée par le pervers narcissique est de détruire le pare-excitation de sa victime et ainsi de rendre plus efficientes les injonctions et autres projections.

Souvent le pervers fait précéder une phase de dévalorisation de l’image de son partenaire d’une phase de séduction. Ainsi la victime, ayant abaissé ses défenses est tout entière au discours de son bourreau. Certaines personnes ayant subi trop d’attaques paradoxales dans leur enfance ou présentant des troubles structuraux peuvent se trouver dépourvues de pare-excitation, voire se confondre avec le reste du monde. Elles ont alors recours à des mécanismes plus puissants comme le repli autistique ou, à un degré moindre, la dépersonnalisation.

_____________________________________________

Extraits de "Les pervers narcissiques", de Jean-Charles Bouchoux, Eyrolles (Juin 2011)

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !