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Le cavalier seul allemand
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EDITORIAL

L'Allemagne est l’un des rares pays du vieux continent qui a conservé un vrai potentiel industriel, qui contribue pour un quart à la formation de son produit intérieur brut, alors que ses partenaires, à commencer par la France, sont loin du compte.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Immuable Allemagne. Au sein d’une Europe de plus en plus byzantine, elle tente une fois de plus de vouloir imposer sa loi à ses partenaires. C’était déjà le cas avant la naissance de l’euro, lorsque  les devises nationales avaient encore cours. Forte de la réunification qui lui avait apporté une population supplémentaire et agrandi son territoire, elle menait la vie dure aux autres Etats membres. L’Europe se construisait dans la douleur, collectionnant crise sur crise, tout en avançant tout de même, ce qui conduisait à réaménager régulièrement les parités monétaires après des marathons homériques à Bruxelles. Mais, en définitive, l’Allemagne finissait par s’incliner en acceptant de réévaluer le mark, pour donner à ses partenaires un peu d’air afin de stimuler leur économie.

Avec l’euro, les choses ont changé : la disparition des devises nationales a retiré aux Etats de la communauté un pouvoir essentiel. La valeur de la monnaie est désormais fixée par les marchés internationaux. Mais Berlin prétend toujours peser de tout son poids pour réguler le système, en présentant ses exigences, au nom de ses succès dans le domaine économique. L’Allemagne a retrouvé  la compétitivité que lui avait fait perdre les réappréciations régulières de sa monnaie. Sa population a accepté une modération salariale exemplaire. Sa spécialisation industrielle lui a permis de s’engouffrer dans le décollage des pays émergents, d’engranger des profits records à l’exportation, tout en réduisant le chômage intérieur et en renouant avec une croissance longtemps interrompue.

Aujourd’hui, elle voudrait imposer son modèle à toute l’Europe. Une ambition irraisonnée, dont la décision récente de sortir unilatéralement du nucléaire sans même consulter au préalable ses partenaires, porte la marque. Pourtant, en s’obstinant dans cette voie, l’Allemagne va découvrir ses propres fragilités, car son système n’est pas transposable. Elle est l’un des rares pays du vieux continent qui a conservé un vrai potentiel industriel, qui contribue pour un quart à la formation de son produit intérieur brut, alors que ses partenaires, à commencer par la  France, sont loin du compte. Son pouvoir de négociation reste limité, comme le montre la rigidité de son discours sur la Grèce, dont les difficultés ravivent les craintes d’un rebondissement de la crise financière de 2008, qui rôde toujours. Un refus d’aider les pays du sud se traduirait par une baisse des actifs importants qu’elle détient sur ses pays, tandis qu’elle perdrait des marchés extérieurs indispensables à sa croissance. Berlin, après une forte résistance, sera bien obligé de céder, selon le vieil adage bien connu des financiers : « Si tu dois un million à ton banquier, il te tient, mais si ta dette se monte à cent millions, il est à ta merci ». L’Allemagne ne pourra échapper à cette loi éternelle. Mais selon son habitude, elle le fera au dernier moment et alors que les marchés se croiront au bord du gouffre.

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