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200 ans d’histoire de l'étalement urbain de Paris résumés en 1 minute
©Capture écran

Et ça continue encore et encore

D'après les dernières données de l'Insee, l'aire urbaine (agglomération et couronne périurbaine) de Paris englobait environ 12,2 millions d'habitants au 1er janvier 2010 alors qu'il y a deux siècles elle ne comptait que 500 000 habitants. Une hausse de la population qui a été accompagnée d'un fort étalement urbain.

La question de la création d'un Grand Paris est un projet discuté de longue date. Déjà Napoléon III imaginait étendre la capitale depuis Saint-Germain-en-Laye, à l'ouest, jusqu'à Marne-la-Vallée, à l'est. Le dernier plan a été imaginé sous le gouvernement de François Fillon. L'objectif est de transformer l’agglomération parisienne en une grande métropole mondiale. Ainsi, si le projet venait un jour à être définitivement adopté, la métropole du Grand Paris devrait regrouper les communes de Paris, des départements des Hauts-de-Seine, de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne et certaines communes des départements de la Grande couronne parisienne. Un projet qui s'avère être une suite logique de l'étalement urbain de la capitale depuis près de deux siècles.

En effet, au début des années 1800, la ville de Paris ne comptait que 500 000 habitants (contre 6,1 millions à l'heure actuelle) et elle ne se prolongeait pas au-delà de ses remparts médiévaux. La forme de la ville telle que l’on connaît actuellement, encerclée par un périphérique, date des années 1841-1844, selon la volonté de Louis-Philippe. Depuis, l'étalement urbain et la densité de la population ont donc bien changé. C'est ce que montre une récente vidéo mise en ligne sur YouTube. Celle-ci montre le travail réalisé par des géographes du NYU's Stern Urbanization Project, repris par un article de Richard Florida (lui-même géographe) publié dans The Atlantic Cities.

Se basant sur des données de l'urbaniste Shlomo Angel issues de Atlas of Urban Expansion, la vidéo permet de se rendre compte de l'étalement urbain de la capitale de 1800 à 2000. Premier constat : il y a eu une expansion rapide du centre-ville et de la banlieue de Paris à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Les images montrent ensuite un développement beaucoup plus rapide des banlieues et de la zone périurbaine dans la seconde moitié du XXe siècle. Plus précisément, on constate que dans le cas de la capitale française des "poches" urbaines ont commencé à apparaître au-delà de la vieille ville dès les années 1830.

Toujours selon The Atlantic Cities, le centre-ville s'est agrandi en suivant les travaux de rénovation menés par Haussmann dans les années 1850-60. Dans les années 1870, les premiers flux réguliers d'accroissement de la population ont été observés. Les banlieues de la ville ont de nouveau été prises d'assaut après la Seconde Guerre mondiale. Un boom a notamment été enregistré dans les années 1950-60. Depuis, les années 80-90, la population a de plus en plus tendance à se baser en dehors de la zone urbaine.

Les mêmes géographes ont fait un travail similaire pour les villes de Los Angeles et Sao Paulo. Ainsi, ils constatent pour la ville brésilienne, un ralentissement de l'étalement urbain à la fin du XIXème siècle. Puis de petites expansions sont observées dans les premières années du XXe avec un véritable boom à proximité du centre-ville dans les années 1930. Enfin depuis les années 1950, la ville s'est largement étendue pour désormais être la plus grande ville du Brésil (elle s'étend sur près de 1 523 km²)

Quant à Los Angeles, les géographes observent que l'étalement urbain a débuté autour de la Seconde Guerre mondiale. Dans un premier temps, la ville s'est développée à l'ouest dans les années 1940 avant de commencer à s'étendre plus généralement au cours des années 1970-80. Désormais, Los Angeles s'étend sur 1 290,6 km2. De plus, selon le dernier recensement, la ville comptait 3,7 millions d'habitants en 2010, alors que la population n'était que de 11 500 en 1887.

Pour en savoir plus, Atlantico a interrogé Patrice de Moncan, économiste et historien de la ville.

À quoi correspond, le premier agrandissement de la ville constaté à la fin du XIXe ? Pourquoi la population a eu tendance à s’agglutiner dans le centre-ville ?

La ville de Paris n’a jamais cessé de croître, tant en surface qu’en population au cours de son histoire. N’a-t-elle pas grossi son territoire plus de 5 000 fois au cours des 2 000 dernières années, passant des 2 hectares (l’Île de la Cité) en 56 av J.C aux 10 590 hectares qu’elle couvre aujourd’hui ? La population en fit de même, passant de 7 000 habitants au 1er siècle à près de 3 millions en 1921.

Cette population a toujours eu tendance à s‘agglutiner à l’intérieur de la ville car autour d’elle, jusqu’au milieu du XIXe siècle, n’existait aucune activité autre que la chasse et la culture. Le travail, le commerce, les hôpitaux, les lieux de culte étaient d’abord dans le centre, la ville s’étendant à partir et autour de ce centre en conquérant des champs, des forêts, des cultures.

Qu'est-ce qu'ont changé les travaux menés par Haussmann dans l'étalement urbain de la capitale ?

Les travaux d’Haussmann ont radicalement changé le paysage urbain de Paris, tant dans son organisation que dans ses contours. Le 1er janvier 1860, le décret d’annexion et d’absorption de ses onze communes avoisinantes faisait plus que doubler sa superficie qui passait soudainement de 3.400 à 7.100 hectares, ainsi que sa population de 910.000 à 1.700.000 habitants.

Son territoire, limité aux Grands Boulevards, se prolongeait d’un coup au tracé actuel du périphérique (alors les fortifications dites de Thiers).

Quelles sont les raisons du développement des banlieues et de la zone périurbaine au milieu du XXe siècle ?

Les années 50 marquent la période de reconstruction d’après-guerre. Il s’agit de rebâtir la France qui fait alors face à un  véritable « boom économique » (avec un taux de croissance d’environ 6%), et à un accroissement démographique très fort, le « baby-boom ».

Or Paris qui attirait des populations en masse venues y trouver du travail, était à la fois surpeuplé avec près de 3 millions d’habitants et n’offrait pas de possibilités de logements, son parc immobilier étant d’ailleurs très délabré. On a donc construit rapidement tout autour de la capitale, et c’est ainsi qu’au cours des années 1950/1960 des villes entières sont apparues, faites de longues barres d’immeubles, d’abord proches, puis de plus en plus éloignées, l’urbanisation se faisant par cercles concentriques.

La vidéo s'arrête à l'année 2000. Quelle est la principale observation que l'on peut faire depuis ? Quelle est la tendance pour le futur ?

Depuis 2000, la périphérie parisienne ne cesse de se développer, toujours plus dense et touchant chaque jour des territoires plus éloignés. Pourtant, la construction n’y est pas suffisante, pas plus que le développement des infrastructures (transports en commun, routes, etc.). Ce développement urbain commence à dépasser les frontières de ce que l’on appelle traditionnellement « l’Île-de-France » (les sept départements qui entourent la capitale).

La solution passera par le Grand Paris dont l’un des rôles principaux sera de coordonner la mise en œuvre de manière unitaire et cette urbanisation, quand elle est aujourd’hui décidée par de nombreux organismes et pouvoirs qui se superposent (départements, régions, communautés urbaines, villes) et dont les intérêts et les visions ne sont pas forcément identiques.

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