Hollande et Valls auraient-ils choisi leurs nouveaux ministres en raison de leur méconnaissance du secteur qui leur a été imposé ?<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande et Manuel Valls.
François Hollande et Manuel Valls.
©Reuters

Plouf plouf

Le spécialiste des questions de sécurité au Parti socialiste François Rebsamen nommé ministre du Travail, l'expert judiciaire André Vallini désigné pour s’occuper de la réforme territoriale, etc... Cette stratégie qui consiste à nommer des ministres sur des secteurs qu'ils connaissent mal vise à les rendre très dépendants de leurs cabinets, lesquels sont en général contrôlés par l’Elysée et Matignon.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Si l’on pouvait reconnaître une seule qualité au premier gouvernement de Jean-Marc Ayrault, c’est sans doute que ses principaux membres paraissaient en adéquation avec leur portefeuille. Fabius aux Affaires étrangères, l’agrégé Peillon à l’Education, Valls qui s’y était préparé depuis longtemps à l’Intérieur, l’écrivaine Filipetti à la Culture, la médecin du sport, co-rédactrice de la loi de 1989 sur le dopage Valérie Fourneyron aux Sports, toutes ces nominations semblaient frappées au coin du sens. Cette fois, changement de stratégie. On fait dans la déconstruction créatrice schumpeterienne ! François Rebsamen, spécialiste des questions de sécurité au PS, ne devient pas premier flic de France comme il l’espérait mais ministre du Travail. Bernard Cazeneuve, qui ne connaît pas ces sujets et ne s’en cache d’ailleurs pas succède à Valls à l’Intérieur. André Vallini, expert dans le domaine de la justice, dont l’un des parrains en politique s’appelle Robert Badinter, va s’occuper de la réforme territoriale, le Dr Le Guen qui travaille depuis des lustres sur une grande réforme de la santé hérite des relations avec le Parlement, etc.

Oh, cette pratique a déjà été expérimentée sous la Ve République. Elle rend ces ministres, novices en leur matière, très dépendants de leurs cabinets, lesquels sont en général contrôlés par l’Elysée et Matignon. CQFD. Effet pervers de la manœuvre : ce sont, in fine, les administrations qui, elles, ne changent pas au gré des remaniements, qui exercent le pouvoir. Repasser par la fenêtre quand on leur a claqué la porte au nez, elles savent faire. En clair, lorsqu’une administration propose une solution pour faire des économies, par exemple, et qu’un ministre la retoque, la plupart du temps parce qu’elle risque de heurter l’opinion, ladite administration attend tranquillement que le ministre récalcitrant soit viré pour tenter à nouveau de faire passer sa proposition avec l’un de ses successeurs. L’opération est, bien entendu, plus facile à conduire quand le nouveau patron ne connaît pas ses dossiers…

Poussant cette logique absurde à son paroxysme, le duo de l’exécutif a exfiltré Harlem Désir de la direction du Parti Socialiste en lui offrant les Affaires européennes ! Confier ce domaine si stratégique à deux mois des élections européennes à l’un des principaux responsables de la déroute de la gauche aux municipales ne relève plus du machiavélisme, mais de l’absence de sens politique le plus élémentaire.

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