Quadra sutra : quand les femmes récemment célibataires boostent les ventes de lingerie coquine<!-- --> | Atlantico.fr
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©Reuters

Y a pas d'âge

Si le budget que les Françaises consacrent aux vêtements a diminué ces dernières années, la lingerie n'a pour sa part pas trop été affectée. Ce secteur est notamment porté par un grand nombre de femmes célibataires ayant autour de la quarantaine.

Frédéric  Monneyron

Frédéric Monneyron

Frédéric Monneyron est l'auteur de La sociologie de la mode (PUF, 2010).

Il est professeur à l'université de Perpignan-Via Domitia et à l'University of South Florida (Tampa).

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Atlantico : Les ventes de lingerie auprès des femmes célibataires entre 35 et 50 ans seraient en train d'exploser outre-manche (voir ici). Observe-t-on le même phénomène en France ?

Frédéric Monneyron : Le secteur de la lingerie en France se porte bien, ou du moins reste stable. Depuis une vingtaine d'années maintenant, moins d'argent est consacré dans le budget des ménages aux vêtements - ce qui explique au demeurant le succès des enseignes de fast fashion comme Zara, Mango ou H&M. En revanche, le secteur de la lingerie, lui, se porte mieux, les femmes y consacrent toujours une part stable de leur budget. Et parmi les femmes, celles qui ont la quarantaine ont un plus fort pouvoir d'achat que les plus jeunes et par conséquent peuvent y consacrer aussi plus d'argent.

Étonnamment, le choix de cette clientèle porte souvent sur la lingerie la plus provocante. Comment expliquer cela ?

Si le secteur de la lingerie ne faiblit pas trop, c'est parce que notre rapport à la sexualité a changé. Le désir, selon certains, serait en berne dans les sociétés contemporaines. Le sida n'y est pas pour rien, il a marqué un frein à la libération sexuelle des années 60 et 70. Et les relations entre les hommes et les femmes, pour différentes raisons, ont été bouleversées, ce qui entraîne une méfiance réciproque entre les sexes. Il faudrait ajouter l'apparition d'Internet qui privilégie le corps virtuel par rapport au corps réel. Les femmes célibataires de 35 ans et plus, qui sur le marché matrimonial sont plus particulièrement touchées par cette difficulté des relations entre les sexes, ne peuvent que souhaiter susciter le désir des hommes. Et elles considèrent à l'évidence que la lingerie peut constituer un outil de séduction. Elle est, de fait, fondamentalement érotique. Par définition, le sous-vêtement ne se voit pas, mais lorsqu'il devient visible, en principe dans un contact intime, il est promesse de l'acte sexuel. On comprend alors sa charge érotique. La lingerie apparaît donc pour beaucoup de femmes, confusément sans doute, comme un instrument d'attraction sexuelle.

Même invisible, quel rôle psychologique la lingerie joue-t-elle chez ces femmes célibataires ?

Tout d'abord, ce n'est pas la lingerie que la mode des deux dernières décennies a voulu faire porter en vêtement de dessus, ou encore la lingerie apparente (soutien-gorge qui sort d'un chemisier ou string qui dépasse d'un pantalon) qui est à même de susciter le désir, car elles remettent en cause le circuit du désir en mélangeant les sphères privées et publiques. Reste à savoir si les femmes qui souscrivent à l'une ou à l'autre se rendent compte qu'elles auraient plutôt tendance à annuler le désir plutôt que de le susciter ! En revanche, une lingerie qui reste invisible, mais dont elles seules connaissent l'existence et qu'elles se proposent de dévoiler dans une occasion propice les rassure certainement sur leur pouvoir potentiel de séduction...

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