BCE : la semaine qui pourrait tout changer <!-- --> | Atlantico.fr
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La Banque centrale européenne semble se diriger vers une acceptation d'un "assouplissement quantitatif".
La Banque centrale européenne semble se diriger vers une acceptation d'un "assouplissement quantitatif".
©Reuters

Crucial

La Banque centrale européenne semble se diriger tout doucement vers une acceptation d'un "assouplissement quantitatif" pour relancer une économie atone. Une décision qui impacterait bien plus la vie des Français que n'importe quel remaniement gouvernemental.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Alors que François Hollande se pose la question d’un éventuel changement de Premier ministre, une autre question semble perturber les gouverneurs de la Banque centrale européenne. Une question qui aura manifestement un impact d’une ampleur bien plus importante sur la vie des Français que toute décision de remaniement.

En effet, les dernières semaines ont pu offrir leur lot d’inquiétudes sur l’économie européenne. La première, sans doute la plus décisive, est le retournement de l’indice IFO, indice de confiance économique en Allemagne. Les récents développements de la crise ukrainienne, le coup de froid porté aux échanges avec la Russie, et le refroidissent de l’optimisme allemand. Le ralentissement économique à l’est vient peser sur les perspectives de la première économique de la zone euro.

D’autre part, les récents chiffres venant d’Espagne ont eu tendance à faire sonner le signal d’alarme. La déflation pointe le bout de son nez et l’évolution des prix espagnols plonge à un niveau de -0.2%. Une déflation qui a tout pour mortifier les autres membres de la zone. Une déflation qui a pour effet surtout d’alourdir mécaniquement le poids de la dette du pays et qui vient encore s’ajouter à un déficit espagnol plus important que prévu.

L’ensemble de ces dernières statistiques font craindre de voir l’inflation européenne chuter au niveau de 0.5%, alors même que la BCE se doit de maintenir ce chiffres à 2%, ou proche mais inférieur à 2%. Une différence qui inquiète. Pour lutter contre ce phénomène, les gouverneurs de la BCE ont multiplié les déclarations au cours des derniers jours. C’est ainsi que Jens Weidmann, président de la Bundesbank a pu faire état de la possibilité de lancer un programme « d’assouplissement quantitatif » en Europe, et ce sur le modèle de ce qui a été fait aux Etats-Unis. Un assouplissement quantitatif étant le langage technique pour désigner une action d’augmentation de l’offre de monnaie en Europe par la voie de rachats de dettes, c’est-à-dire un plan de relance. « Un assouplissement quantitatif n’est pas hors de question » déclarait-il à l’organe de presse MNI le 25 mars dernier.

Une déclaration qui ne passe pas inaperçue alors même qu’une telle option paraissait inenvisageable il y a encore quelques semaines. Les inquiétudes à l’est ont eu raison de la surdité de la Bundesbank. Car l’objectif d’un tel plan est de soutenir l’activité économique par la voie monétaire afin de s’extirper des sables mouvants de la déflation en Europe et de venir contrer les effets d’éventuelles répercussions économiques  du ralentissement russe en cours. Un plan qui permettrait à l’ensemble de la zone de sortir la tête de l’eau et de pouvoir respirer un peu.

Mais Jens Weidmann n’est pas le seul. Erkki Liikkanen, gouverneur de la Banque de Finlande, Jozeph Makuch, gouverneur de la Banque de Slovaquie ont également fait part de leurs inquiétudes, tout en acceptant l’utilisation de telles mesures considérées comme « non conventionnelles ».

Mais rien n’est encore acquis. La prochaine réunion du conseil des gouverneurs de la BCE se tiendra ce jeudi 3 avril, et une telle action n’a rien de certain, elle ne fait que devenir probable. La naissance de cette probabilité aura au moins permis à l’euro de passer du seuil de 1.3967 dollar au niveau actuel de 1.3750 ; une simple respiration. Si les conditions économiques de la zone euro ne venaient pas à s’améliorer au cours des prochaines semaines, cette probabilité se fera de plus en plus pressante.

Une telle action viendrait au secours de François Hollande, aujourd’hui désemparé par le manque de résultats évidents de la politique qu’il mène à l’échelon national. Il n’y a qu’un pas à franchir pour imaginer que l’action de la BCE sera considérée comme une victoire pour le Président français, bien qu’il n’y soit pour rien. Une victoire surtout puisque les effets sur la croissance française d’un tel plan de relance seront immédiats. Des résultats qui seront bien entendus utilisés par le gouvernement pour mettre en évidence la « réussite » du pacte de responsabilité ou de toute autre mesure, tout en éludant l’action monétaire. Le théâtre habituel. Mais peu importe, seule la baisse effective du chômage est importante.

Pour lire le Hors-Série Atlantico, c'est ici : "France, encéphalogramme plat : Chronique d'une débâcle économique et politique"

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