Paris suffoque : comment les autres capitales luttent (avec de bien meilleurs résultats) contre les particules fines<!-- --> | Atlantico.fr
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Plusieurs régions de France traversent actuellement une période de forte pollution aux particules fines.
Plusieurs régions de France traversent actuellement une période de forte  pollution aux particules fines.
©Reuters

Idées d'ailleurs

Les particules fines asphyxient autant la ville que les poumons des citadins. Petit tour d'horizon des solutions qui sont mises en application avec succès dans certaines autres capitales d'Europe.

Benoit Bulliot

Benoit Bulliot

Benoît Bulliot est  chargé de Projets Qualité de l’Air au sein du Cabinet Conseil EnvirOconsult.

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Atlantico : Plusieurs régions de France traversent actuellement une période de forte  pollution aux particules fines. Quels sont les facteurs cumulés de ce pic ?

Benoit Bulliot : Le phénomène actuel, malheureusement, est habituel à cette saison. Les émissions de polluants, et notamment de particules, sont importantes. Ce sont notamment celles associées aux transports motorisés, aux industries, au secteur du chauffage résidentiel et du tertiaire, et les activités de brulage. Ajoutez à ces sources multiples des conditions météorologiques favorables à la stagnation des basses couches de l’atmosphère, qui limitent la dispersion des polluants. D’où les concentrations actuelles, qui grimpent en flèche.

Certaines grandes villes sont-elles parvenues à lutter efficacement contre ce type de pollution ? Quels moyens ont été développés ?

Précisons avant toute chose que la France n’est pas un cas isolé en Europe, et que les dépassements des seuils réglementaires observés régulièrement en France sur un certain nombre de territoires urbainssont clairement identifiés par l'UE depuis plusieurs années. L’Etat français est actuellement mis en demeure d'agir sur ces territoires sur la question des particules fines. La question des dépassements des seuils réglementaires du dioxyde d'azote reste également prégnante. Au regard  des bonnes pratiques d'amélioration de la qualité de l'air et des différents projets que nous pouvons mener en France comme à l’International, il existe de nombreux exemples intéressant en Europe.

En France, nous avons principalement travaillé ces dix dernières années à la réduction des émissions issues du secteur industrielet peu d'actions ont été prises sur les questions de transports, de l’aménagement et de la mobilité, et sur le secteur résidentiel et tertiaire, au contraire d'autres villes européennes qui ont pris en considération le problème de la pollution atmosphérique associé aux transports et à l'aménagement beaucoup plus tôt. Un certain nombre de territoires en Franceprésentent ainsi un retard sur la prise en compte de ces thématiques dans l’amélioration de la qualité de l’air. Par exemple, les villes d’Amsterdam, de Berlin, de Stuttgart ont présenté beaucoup plus tôt des politiques ambitieuses de transports et de mobilité, intégrées dans l’aménagement des villes et associées à une gouvernance, un pilotage et avec des objectifs modélisés et attendus en termes de réduction des émissions de polluants atmosphériques. On retrouve d’ailleurs également ces politiques de déplacement et de mobilité dans des villes telles que Strasbourg, avec des plans de déplacements urbains ambitieux

En comparaison, il reste beaucoup à faire en France en termes de gouvernance et d’implication au niveau des territoires, de portage des élus mais également des citoyens qui doivent être acteurs de ces politiques sous réserve que l’offre d’alternative au véhicule individuel soit suffisante.

Un autre exemple:Dans plus de 180 métropoles européennes, des zones d'action prioritaires pour l'air ont été mises en place. Ces initiatives fonctionnent, pour peu que la gouvernance urbaine soit effective et qu'elle s'appuie sur des leviers d'actions locales.

Forts de ce constat, comment pouvons-nous diminuer la pollution aux particules fines dans les villes françaises ? Quelles sont les bases à respecter ?

L’approche doit rester multisectorielle et doit s’attaquer à la source des émissions qui entraîne une pollution chronique, et non pas au symptôme, c’est-à-dire au seul pic de pollution. Les Plans de Protection de l’Atmosphère déployéspar l’Etat aux niveaux des territoires ciblés par l’Europe sont un premier élément de réponse, qui doit être renforcé, et nécessitent une vraie implication locale de lapart de l’ensemble des acteurs, Etat, collectivités, industriel, élus et citoyens. La question du financement opérationnel de ces plans à 5 ans se pose également, en lien avec les collectivités, sur la question du transport, de l’aménagement ou encore du résidentiel.

Il est une question qui n'est assez posée par les médias : celle de l'individu. Si on dit à un individu que l'on va réduire sa vitesse autorisée de 30 kilomètre/heure, qu'il serait mieux qu'il pratique le covoiturage, comment réagit-il sans sensibilisation ni communication adéquate préalable ? Cette question de la perception individuelle n'est pas assez posée, alors que l’on touche à une question cruciale de santé publique. Sur cette question du transport, nous nous trouvons face à des problématiques de mobilité et de liberté individuelle d'aller et venir. Il faut améliorer l'offre de transports en commun, développer de nouveaux modes de déplacements et introduire certaines restrictions de manière à accompagner les comportements vers quelque chose de plus vertueux. Mais l'offre doit pour cela être pertinente.

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