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La France est actuellement en discussion avec les Etats-Unis et Israël pour acquérir des drones.
La France est actuellement en discussion avec les Etats-Unis et Israël pour acquérir des drones.
©Reuters

La minute tech

Les drones envahissent les armées comme la vie civile. Dans la Silicon Valley, les investisseurs font le pari que ces engins volants vont très bientôt connaître une carrière commerciale et envahir nos vies quotidiennes. Mais ils commencent aussi à faire peur.

Photo montage : des drones à l'attaque d'un ovni, Photo Filmstalker 

Cette semaine, pour la première fois, un drone militaire, sans même un soldat pour le piloter à distance à l'aide d'un joystick, a été catapulté depuis un porte-avion américain, et s'est posé sans problème dans le Maryland (voir vidéo ci-dessous). Cette semaine aussi, l'armée française a obtenu l'autorisation du Pentagone de faire d'acquisition de drones militaires, un domaine dans lequel elle est très en retard. Pour les états-majors, nous sommes entrés dans "un nouvel âge de l'armement", l'âge des drones.



Le rush sur les drones civils

Les drones se multiplient aussi dans la vie civile et occupent une place de plus en plus grande dans l'imaginaire. D'abord jouets pilotés par des passionnés, ils sont devenus en moins de deux ans le nouveau nec plus ultra de la surveillance, de l'humanitaire en cas de crise, et des jeux télécommandés. Avant tout, ils se multiplient pour toutes les missions de surveillance de foule ou de terrains hostiles ou dévastés, comme la centrale de Fukushima. Le Brésil a passé commande à Israël (réputé être le premier producteur de drones au monde) de nombreux drones pour surveiller les matchs de la Coupe du monde en 2014. Dubai le fait déjà. Depuis les attentats de Boston, la police réclame des drones pour surveiller les grandes manifestations sportives. 

Si peu de personnes peuvent se permettre d'acheter un avion, beaucoup peuvent s'offrir une version de base d'un drone télécommandé, pour environ 300 dollars, et de nouveaux usages se créent chaque jour. C'est l'une des raisons pour lesquelles la Silicon Valley, dont Google, entre autres, investit dans des start-ups comme Airware, pour développer des usages commerciaux, quand les Etats-Unis prévoient d'autoriser les vols commerciaux ou non de drones privés dans l'espace aérien.  

Un drone, pour quoi faire ?

Un des blogs du New York Times a interviewé un capital-risqueur sur les utilisations possibles des drones par les particuliers devant la soudaine passion des investisseurs pour les drones équipés de caméras. Les usages sont multiples : l'agriculture, pour traiter des parcelles aux insecticides. L'inspection des mines à ciel ouvert. La distribution de vaccins. La surveillance des braconniers dans les parcs nationaux. L'inspection de la scène d'un accident de voiture. La recherche d'un skieur ou randonneur perdu, etc. L’intérêt est si fort qu'une autre start-up, Dronedeploy, promet de son côté de fournir une plateforme pour gérer une flotte de drones au mieux, depuis n'importe quel terminal. L'ancien rédacteur en chef du site Wired, Chris Anderson, créateur du site DIY Drones et de la société 3D Robotics le prédit en quelques mots : “Le ciel va être noir de ces choses-là".

Dashboard de la plateforme de contrôle de drones Dronedeploy

Qui va contrôler les drones ? 

De multiples problèmes sont à régler avant cette invasion prévue, alors que les lois et réglementations n'existent pas encore. Des incidents se sont déjà produits, avec des drones s'approchant trop d'avions de passagers à l'atterrissage. Bien qu'équipés de caméras, ils ne peuvent réagir aux images qu'ils transmettent ou contrôler les produits qu'ils épandent (comme par exemple des insecticides). Certains proposent déjà un système "sense and avoid" ("repérer et éviter') pour réguler le trafic aérien que ces nouveaux engins vont perturber. Mais tout semble s'organiser très vite désormais. Toujours aux Etats-Unis, quelques écoles proposent déjà des Masters en conception, gestion et pilotage d'aéronef sans pilote, autrement dit, des drones. 

Et la vie privée ? 

Le problème le plus criant, et qui soulève actuellement les passions aux Etats-Unis, est l'invasion de la vie privée que peuvent constituer les drones. L'affaire est assez importante pour que le Sénat américain tienne des séances et des auditions à ce sujet. A Seattle, aux Etats-Unis, une habitante a déjà invoqué une atteinte à la vie privée, protégée par le quatrième amendement de la Constitution, quand un drone équipé d'une caméra et piloté par un inconnu a effectué une mission de reconnaissance autour de sa maison.

On se souvient soudain aussi que les drones sont d'abord utilisés pour "éliminer" les cibles supposées terroristes au Yémen, comme en Afghanistan et en Irak par l'US Army, et que l'Etat major d'Obama n'a pas l'intention de cesser de le faire. Que des drones privés pourraient compromettre plus que la vie privée. 

Face aux passions et aux craintes que soulèvent soudain l'invasion des drones civils, Daniel Rothenberg, sur le site Future Tense de Slate a publié un éditorial s'interrogeant sur l'agitation soudaine autour de ces engins volants que chacun veut, mais qui font peur à tous. "Le débat sur les drones n'est pas uniquement causé par les éliminations ciblées de personnes à l'étranger ou l'invasion de la vie privée chez nous. Il est provoqué par le fait que cette nouvelle technologie en est venue à symboliser le désordre, l'incertitude et la peur de notre monde en évolution rapide".

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