« Il est cool ce Glucksmann, il me rappelle Macron »<!-- --> | Atlantico.fr
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Raphaël Glucksmann : le retour de la "gauche de gouvernement" ?
Raphaël Glucksmann : le retour de la "gauche de gouvernement" ?
©Valentine CHAPUIS / AFP

Zone franche

Déconcertés par un Macron droitisé mais épouvantés par un Mélenchon bolchevisé, les « orphelins de la gauche » se sont trouvé un nouveau champion œcuménique.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Comme pas mal de monde il me semble, je me réjouis de la percée de Raphaël Glucksmann dans les sondages pré-européennes. D’abord parce qu’il fait revenir le Parti socialiste de chez les morts et qu’il faudra bien qu’une « gauche de gouvernement » se reconstitue un de ces quatre matins, mais surtout parce qu’il vient brouter la laine sur le dos de Mélenchon et que c’est un vrai plaisir de fin gourmet herbivore.

Du bonhomme proprement dit, en vérité, je ne sais pas grand-chose : c’est le fils de son père, OK, mais moi aussi je suis le fils de mon père et je vous garantis que ça ne donne pas beaucoup d’informations. Il est passé par Alternative libérale dans son jeune temps et ça filera sans doute des boutons à certains, mais c’est au moins la preuve qu’il a déjà fait son Bad Godesberg personnel et n’exigera pas la collectivisation des moyens de production en cas de succès. Il est résolument engagé pour l’Ukraine et contre les dictatures (posture malheureusement assez rare sous nos latitudes), et ne confond pas une guerre, même terrible, avec un génocide (posture encore plus rare). Il est pro-européen, pas allergique à l’OTAN, préoccupé par l’environnement mais sans fanatisme…

Bref, je ne sais pas grand-chose de lui, juste les deux-trois bricoles glanées ici et là et permettant d’en faire un soc-dem bon teint à l’ancienne avec un zeste de modernité 2.0 toutefois, mais c’est bien assez pour le trouver, disons, sympathique. Ou alors, au grand minimum, utile : combien de jeunes, après tout, savent-ils qu’il n’y a pas si longtemps encore, les Panot, les Boyard ou les Bompard étaient aussi marginaux et exotiques dans le paysage politique français qu’un Asselineau ou un Philippot ? Ou qu’un Jospin auquel on aurait suggéré de faire entrer Sandrine Rousseau dans sa dream team 97 serait encore en train d’en rigoler depuis sa longère de l’Île de Ré ?

Je lis d’ailleurs avec attention ce qu’on raconte à son sujet depuis quelques jours, et notamment cette note de la Fondation Jean-Jaurès qui analyse que sa popularité croissante lui viendrait essentiellement des électeurs auxquels La France insoumise fiche les jetons mais que Macron a déçu en faisant chuter le chômage et en réindustrialisant trop brutalement — ce qui est l'antichambre du fascisme comme chacun sait. Je vois même que chez Libé, on triangule à donf' en expliquant, en substance, que ce qui plaît chez Glucksmann auprès des « orphelins de la gauche » dans mon genre, c’est justement cet en-même-temps-tisme, ce côté « pas trop de gauche », mais « pas trop de droite » non plus, soit les coordonnées GPS exactes de Macron en 2007...

Mais bon, il est cool tout de même, ce Glucksmann. Dommage que les européennes n'aient qu'un tour, j'aurais pu voter pour le Macron le mieux placé en finale...

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