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François Hollande : sa réponse à Valérie ; Sarkozy : le retour au pire moment ; Arnaud Montebourg/Thomas Piketty : l'interview coup de poing
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Revue de presse des hebdos

Mais aussi le making-of de "Merci pour ce moment" et comment torpiller ses ventes en un clic, le "vrai visage" de Jean-Marie Le Pen révélé par Serge Moati et, et, et... Aquilino Morelle vent debout contre le gouvernement qui, dit-il, pratique la "purification ethnique". Encore une bonne semaine, dans les hebdos !

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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Vous êtes arrivé trop tard chez votre libraire et vous n'avez pas pu lire "Merci pour ce moment" ? Pas grave : les éditorialistes de la presse hebdo l'ont fait pour vous. Et on peut dire que ça y va, côté commentaires... Fondateur des Arènes et de la revue "XXI", l'éditeur du livre, Laurent Beccaria, en prend aussi pour son grade — particulièrement dans "Le Point" qui raille le "gladiateur du "livre éthique", le "donneur de leçons", passé du côté obscur de la force. "Soyons pragmatiques : c'est un livre qui va permettre à Laurent d'en éditer beaucoup d'autres", plaide dans le news le journaliste Denis Robert, à l'origine de l'affaire Clearstream, publié aux Arènes. "Aucun éditeur de la place de Paris n'aurait refusé ça", dit-il. Signe qu'il dit vrai ? "Challenges" nous apprend qu'"Antoine Gallimard a sérieusement envisagé de publier le livre de Valérie Trierweiler (...) dans sa prestigieuse collection, la "Blanche", dédiée aux romans. Le montant de l'à-valoir versé à l'auteure, 500 000 euros, selon diverses sources, l'aurait convaincu de faire machine arrière". A quoi ça tient, tout de même... 

Comment torpiller "Merci pour ce moment" en un clic

Très passionnelle, l'affaire a provoqué des réactions plutôt radicales. Dans "Challenges", Airy Routier et Pierre-Henri de Menthon racontent qu'ils ont reçu "en format PDF, sur (leur) messagerie électronique, l'intégralité du livre (...), assorti d'un conseil : le transférer au plus grand nombre de destinataires possibles. L'objectif est clair : en offrant gratuitement le livre de l'ancienne première dame, vendu 20 euros dans le commerce, les initiateurs de cette opération veulent nuire à sa diffusion payante, alors que de nombreux libraires ont été ou sont encore en rupture de stock, malgré les 200 000 exemplaires prétendument imprimés. Une initiative du pouvoir ? François Hollande n'a aucun intérêt à la diffusion gratuite de cet ouvrage, qui lui nuit politiquement. Il s'agit plutôt d'un mouvement de contre-culture, qui s'est traduit par la démarche de certains libraires affichant sur leur vitrine leur refus de vendre ce livre — le plus souvent, il est vrai, parce qu'ils ne l'avaient pas ! Une démarche marginale mais qui fait florès sur la Toile sous le titre "Non merci pour ce moment". Au-delà de toutes les polémiques, les spécialistes de l'édition vont regarder avec attention dans quelle proportion la reproduction gratuite et infinie d'un ouvrage sur Internet peut nuire à sa vente en librairie". Imaginez un peu si ce phénomène venait à se reproduire, voire à se systématiser ?

"La fonction présidentielle n'est pas abaissée par ce livre, c'est son affaissement qui est dévoilé"

Mais passons aux commentaires sur le livre lui-même. Elle est bien la seule dans son cas : Ghislaine Ottenheimer a visiblement apprécié "Merci pour ce moment" : "Bien sûr, c'est trivial, impudique, indécent. Et surtout pathétique, écrit la journaliste de "Challenges". Cette impossibilité d'être première dame en étant seulement sa "girl friend". Ce mal-être, les humiliations, les bassesses, la jalousie mesquine. Un drame bourgeois alors que la France affronte la tempête. En même temps, c'est un témoignage exceptionnel sur l'impact de cette élection au suffrage universel, sur la vanité de ce régime, sur l'exercice du pouvoir qui se perd dans les méandres du quotidien. La fonction présidentielle n'est pas abaissée par ce livre, c'est son affaissement qui est dévoilé".

C'est l'histoire de la guêpe et de la chenille...

"C'est une histoire comme on en trouve dans le monde des insectes, note de son côté Franz-Olivier Giesbert dans "Le Point". Dans ses extraordinaires "Souvenirs entomologiques", le naturaliste Jean-Henri Fabre parle d'une guêpe solitaire qui, après l'avoir paralysée, emporte la chenille jusqu'à un petit terrier qu'elle ouvre ou referme en manipulant un petit caillou. Là, elle pond un oeuf dans sa proie, qui, ensuite, sera dévorée vivante par sa larve. Toutes proportions gardées, c'est ce qui vient d'arriver à M. Hollande dans le rôle de la chenille. Les uns se demandent comment, si ce qu'elle raconte est vrai, Mme Trierweiler a pu vivre aussi longtemps avec un type pareil, cynique et manipulateur, en somme inhumain. Les autres ne comprennent pas que M. Hollande soit resté des années avec cette femme, manifestement pas au niveau de la tâche qui l'attendait. On peut la plaindre : elle fait penser à une kamikaze qui se serait fait sauter en atteignant sa cible. Mais elle a réussi son coup : le venin de "Merci pour ce moment" n'a pas fini d'agir et la larve peut désormais se goinfrer de son ex, à s'en faire péter le bedon, accélérant ainsi le processus de décomposition du régime". Hou, la belle image que voilà... parlante, en tout cas !

Le making-of de "Merci pour ce moment"

Et puisqu'on est à fond lancé dans le sujet "Merci pour ce moment", si on parlait de sa "fabrication", de comment le livre est né... et comment il a été publié. Dans "Le Nouvel Observateur", Julien Martin nous dit tout. Tout commence par la rencontre, au cours d'un dîner, de Valérie Trierweiler et de l'agent littéraire Anna Jarota. Nous sommes "au début de l'année 2013. (...) Les deux femmes sympathisent. (...) Au moment de se saluer, elles ignorent qu'elles vont se revoir, à peine un an plus tard". Quand, en effet, éclate l'affaire Julie Gayet, "Trierweiler se souvient alors de Jarota et l'appelle. (...) L'agent littéraire est mandaté pour répondre poliment aux éditeurs qu'il va leur falloir patienter". Des rendez-vous sont organisés "au domicile de l'ancienne première dame, rue Cauchy, dans le XVe arrondissement de Paris (...). Rien n'est signé quand l'agent littéraire songe (à une maison d'édition plus modeste), Les Arènes, qui présente l'avantage d'avoir une réputation "anti-people". Elle la connaît déjà pour avoir travaillé avec l'un de ses éditeurs, Florent Massot. Les deux compères font se rencontrer Valérie Trierweiler et Laurent Beccaria, le patron des Arènes".

L'événement qui a décidé Valérie Trierweiler à faire le livre

"Le contrat est signé dès le mois de mars, poursuit "L'Obs". Avec une clause très spéciale : la possibilité pour l'auteure de le suspendre à tout moment. Avril est le mois de tous les questionnements pour Valérie Trierweiler. Les relations avec François Hollande se réchauffent. (...) Tout est mis sous le boisseau jusqu'au 6 mai 2014. Invité à s'exprimer sur RMC et BFMTV pour le deuxième anniversaire de son accession à l'Elysée, le chef de l'Etat est questionné sur sa vie privée. Il s'agace de voir sa probité mise en question : "Vous ne pouvez pas ici laisser penser que je n'aurais pas été digne. Jamais je ne me suis livré à je ne sais quelle facilité, confusion. Jamais je n'ai été dans une forme de vulgarité ou de grossièreté". Depuis Haïti, où elle est en voyage humanitaire, l'ancienne compagne reçoit une nouvelle gifle". La gifle de trop. "Valérie Trierweiler assure que cet épisode la convainc de finir son livre", indique Julien Martin.

Valérie Trierweiler alias "John Milton"

"A tour de rôle, raconte le journaliste, Beccaria, Jarota et Massot se rendent rue Cauchy pour chercher les pages noircies. Ils se les échangent sur des clés USB. Pas question de se risquer à utiliser Internet. Tous travaillent sur des ordinateurs portables qui ne sont pas connectés. Ils singent les romans d'espionnage jusqu'à communiquer par codes au téléphone. Trierweiler est affublée d'un pseudonyme : John Milton, le célèbre pamphlétaire anglais, auteur du... "Paradis perdu". Sur les bons de commande qu'il fallait envoyer aux libraires plusieurs semaines à l'avance, seul un titre, factice, apparaît : "Le siècle des hommes". (...) Elle écrit les dernières lignes au début du mois d'août. Peu après avoir trouvé elle-même le véritable titre : "Merci pour ce moment"".

Scoop ! La première version du livre était beaucoup plus "dure"...

"Le Nouvel Obs" l'explique : au moment de la remise de copie, Laurent Beccaria met dans la confidence Patrick de Saint-Exupéry, "ancien grand reporter du "Figaro", lauréat du prix Albert-Londres et fondateur avec (lui) de la revue "XXI". "Celui-ci fait la moue, commente le mag, mais considère le livre comme un marqueur de l'époque. Les quatre complices partent chacun en vacances avec un jeu d'épreuves. A leur retour, ils estiment que le livre doit être amélioré. Ils le jugent trop dur. Valérie Trierweiler est incitée à développer les moments heureux partagés avec François Hollande. De même, des attaques à l'endroit de Ségolène Royal, considérées diffamatoires, sont supprimées". En-ra-gée de jalousie, la Valérie, on dirait...

Le coup de fil de Valérie à François

"Le week-end précédant la publication, Florent Massot prend l'avion, une clé USB au fond de son sac, indique Julien Martin, pour finir. Il apporte le précieux fichier à un imprimeur allemand, réputé pour sa discrétion et sa rapidité d'exécution. (...) Le même week-end décisif, dans les locaux parisiens des Arènes, Laurent Beccaria dévoile l'ouvrage à Olivier Royant et Catherine Schwaab, le directeur de la rédaction et la rédactrice en chef de "Paris-Match". Valérie Trierweiler a souhaité que l'hebdomadaire, son employeur, obtienne les bonnes feuilles. (...) Le secret est gardé jusqu'au mardi suivant. (...) L'Elysée ignorait tout du projet. A 12 h 30, l'ancienne première dame appelle le président. Elle assure qu'elle voulait l'en informer avant". Dans un sursaut de conscience ou pour mieux jubiler ?

La réponse de François à Valérie

Une chose est sûre : le mal est fait. Faut-il qu'il y croie encore ? Dans "Le Nouvel Obs", toujours, François Hollande, "blessé" par la polémique "sans-dents", a décidé de "répliquer" et de raconter à Serge Raffy "sa vie au service des gens de peu". "Cette attaque sur les pauvres, les démunis, je l'ai vécue comme un coup porté à ma vie tout entière, dit-il. J'ai construit mon existence sur le principe d'aider les autres. Depuis mon plus jeune âge, je me suis consacré à cette tâche. Au lycée, à Sciences-Po, à l'ENA, au service militaire, puis au Parti socialiste, en Corrèze, aujourd'hui à l'Elysée, dans toutes mes fonctions, dans tous mes mandats, je n'ai pensé qu'à aider, qu'à représenter ceux qui souffrent. Je n'ai jamais été du côté des puissants, même si je ne suis pas leur ennemi, mais je sais d'où je viens". Et d'où vient-il, François, hmmm ?

La réponse de François aux "sans dents"

"Mon grand-père maternel, petit tailleur d'origine savoyarde, vivait avec sa famille dans un modeste deux-pièces à Paris, raconte le président. Mon grand-père paternel, lui, était instituteur, issu d'une famille de paysans pauvres du nord de la France. (...) On peut me critiquer, me vilipender, attaquer mes choix politiques, mais pas ce qui est ma raison d'être. Rendre service, être utile. Pendant trente ans, j'ai reçu des centaines de gens en difficulté dans ma permanence corrézienne. (...) Si j'étais ce simulateur qu'on veut faire de moi, vous croyez que les Corréziens, durant toutes ces années, n'auraient pas découvert la supercherie ?" Oui, mais et la phrase sur les "sans dents", dans tout ça ? "La formule claque comme un coup de fouet, note Serge Raffy. "Oui, j'ai rencontré des gens dans les pires difficultés, usés par la vie. Ils avaient du mal à soigner leurs dents. C'est le signe de la pire misère. Ces gens, je les ai cotoyés, aidés, soutenus". Et concrètement ?

François et "l'affaire de Nathalie"

"Il rappelle l'affaire de Nathalie, la chômeuse qui l'a interpellé durement au cours d'un de ses déplacements en région, à La Roche-sur-Yon, en Vendée, répond "L'Obs". La scène où il paraît désemparé est diffusée en boucle sur toutes les télévisions. Quinze jours plus tard, il l'a reçue en toute discrétion à l'Elysée et l'a aidée à trouver une formation adaptée à ses projets professionnels. Comme toujours, il l'a fait avec pudeur, sans tambour ni trompette. Aussi parce qu'il ne prétend pas jouer les magiciens. "Faire croire que le président peut régler les problèmes au cas par cas serait un mensonge"".

La réponse de François à ceux qui voudraient qu'il "démissionne"

Quid des "rumeurs sur sa démission" ? "Il les balaie d'un revers de la main, indique Raffy. "J'ai été élu par le peuple pour cinq ans. Notre constitution me donne le devoir d'aller jusqu'au bout de l'exercice, d'abord parce que je crois dans la politique que je conduis, ensuite pour des raisons institutionnelles. On dit que la Constitution me protège. C'est vrai. Mais ma constitution personnelle me protège aussi, mon ADN, mon rapport aux Français, être à leur service, celui des petites gens, des gens de peu. Les gens de peu... C'est une belle expression, la plus noble pour moi..."

La réponse de François aux rumeurs de dissolution

Et quid des rumeurs de dissolution ? "Il n'y a que deux situations où cette hypothèse de la dissolution est envisageable, répond François Hollande. D'abord, la paralysie du pays par la rue, par la grève générale, un genre de Mai-68 à rebours, comme la droite a tenté de le faire sur le mariage pour tous, ou encore les grèves de 1995, à l'époque où Alain Juppé était Premier ministre, qui ont entraîné la dissolution de 1997. L'autre hypothèse viendrait de la majorité qui se dérobe, comme l'a vécu Pompidou en 1962. Dans les deux cas, il faudrait qu'il y ait impossibilité de gouverner, qu'il y ait blocage. Mais j'ai confiance dans cette majorité, malgré les doutes qui la traversent. (...) Il faut du courage pour résister à ce torrent, j'en ai, et je resterai à mon poste". Voilà qui est dit.

"Pour sortir par le haut, la première condition est d'accepter de sortir"

Quelle suite à l'épisode "Merci pour ce moment" les éditorialistes entrevoient-ils et/ou préconisent-ils ? "Au soir du 31 décembre 2014, un an pile après avoir proclamé le pacte de responsabilité avec les entreprises, écrit Christophe Barbier dans "L'Express", le président doit promulguer son pacte de responsabilité personnel avec le peuple : il annonce qu'il ne se représentera pas en 2017 et qu'il va consacrer la fin de son mandat à deux chantiers suprêmes, la refonte des institutions pour instaurer la VIe République et la marche de l'Europe de l'euro vers le fédéralisme. (...) Une Ve République corrigée, comme le professa François Mitterrand sans vraiment la désirer ; une Europe fédérale, comme le désira Jacques Delors sans vraiment la professer : François Hollande, dans la fidélité retrouvée à ses mentors, peut laisser une trace. Mais pour sortir par le haut, la première condition est d'accepter de sortir". 

"Cette nouvelle catastrophe est peut-être une chance pour M. Hollande"

Plus compréhensif, un peu trop optimiste, Franz-Olivier Giesbert ? "Paradoxalement, écrit l'éditorialiste du "Point", cette nouvelle catastrophe médiatique est peut-être une chance pour M. Hollande. Au train où vont les choses, condamné pour condamné, il a encore le moyen de retourner la situation. Sans doute pas pour la prochaine élection, mais au moins pour l'Histoire. A une condition : qu'il se sacrifie rapidement sur l'autel des réformes structurelles. On ne se lassera jamais de répéter que la France se meurt à petit feu de n'avoir pas, comme tant de ses partenaires européens, réduit sérieusement les dépenses publiques et déverrouillé le Code du travail, qui fige l'emploi. C'est ce que le président pense lui-même, comme son Premier ministre, mais il n'a jamais osé braver sa majorité de Banquignols. (...) La France n'a plus le temps d'attendre : les semaines à venir seront déterminantes. Ou bien le président se claquemure dans ce mélange de dépression et d'immobilisme qui met le pays HS. Ou bien il joue son va-tout, lâche la bride à M. Valls et accélère les réformes qu'il a lancées et qui s'imposent au nom d'un vieux principe qui, dans le passé, a souvent fait ses preuves : c'est quand on a tout perdu que l'on peut tout gagner parce que l'on n'a plus rien à perdre". C'est sûr qu'on voit mal comment le président pourrait descendre plus bas.

Quand les socialistes attendent le retour de Nicolas Sarkozy

Qui aurait dit que, dans ce contexte, le retour de Nicolas Sarkozy enchante, du coup, les socialistes ? "Les socialistes attendent beaucoup de Nicolas Sarkozy, nous confie "Le Point". Cri du coeur d'un vallsiste du premier cercle : "Vivement que Sarkozy revienne !" Nulle nostalgie politique dans ce voeu : "Quand la guerre Sarko-Fillon-Juppé-Le Maire se déclenchera, elle va saturer les écrans. Et plus personne ne parlera du livre de Valérie Trierweiler, des cotes de popularité, des frondeurs..." Merci pour ce moment, Nicolas Sarkozy..." conclut le mag.

Le gagnant de "Qui veut devenir président ?" dans la nouvelle équipe de Sarkozy

Car le moment est bel et bien venu. Une semaine après nous avoir révélé la date du retour de Nicolas Sarkozy et la façon dont il compte manoeuvrer (voir la RP du 4 septembre), "Challenges" nous le confirme : le grand come-back est prévu "juste après la conférence de presse de François Hollande du 18 septembre (...). Afin de répondre au président et éviter de se mettre au niveau des autres candidats à la présidence de l'UMP, Bruno Le Maire ou Hervé Mariton. Début septembre, précise le mag, l'équipe de l'ex-président a connu un petit coup de stress, car si la date limite de dépôt des candidatures a bien été fixée au 30 septembre, les statuts prévoyaient que les demandes de parrainage soient lancées le 15 septembre. Mais, vérification faite, ce n'est pas obligatoire". Avouez que ç'aurait été ballot... "Challenges" l'indique aussi : Nicolas Sarkozy "a recruté une myriade de jeunes ambitieux. Dont Akim Laacher, le gagnant de l'émission "Qui veut devenir président ?" diffusée sur France 4 en 2012..." Ca change de l'ENA...

Sarkozy forcé de revenir

Si le moment est venu, nous explique de son côté "Le Nouvel Observateur", ce n'est pas celui que Nicolas Sarkozy avait choisi. "Son calendrier à lui, c'était plutôt 2015, affirme l'hebdo. Il se voyait en sauveur, en homme providentiel répondant aux appels d'un peuple désespéré. (...) Depuis l'affaire Bygmalion et la démission de Jean-François Copé, il n'a pas le choix. Tant qu'à avoir les juges dans les pattes, autant les avoir rue de Vaugirard que rue de Miromesnil. "Son retour en politique est l'un des éléments de sa stratégie judiciaire", rappelle un ancien ministre. Donc, c'est maintenant ou jamais. (...) Il reviendra par la case UMP, à la tête d'un parti exsangue. Plutôt la petite porte que pas de porte du tout. Quelle importance puisqu'il est certain d'être le meilleur à droite ? Les autres ne sont-ils pas "inaudibles" ?"

Sarkozy : le retour au pire moment

Inaudibles, inaudibles... faut voir, en même temps. "Le sondage Ifop d'intentions de vote pour la présidentielle publié vendredi dernier par "Le Figaro" a fait l'effet d'une bombe, raconte "L'Obs". D'abord parce que Marine Le Pen serait au second tour et que Hollande serait éliminé, quel que soit le cas de figure. Ensuite à cause de l'ordre d'arrivée des candidats de droite. Au premier tour, Juppé fait presque jeu égal avec Sarkozy : 24 % pour le maire de Bordeaux avec une Marine Le Pen à 30 % et 25 % pour Sarkozy avec une Marine Le Pen à 28 %. Certes, Sarkozy réduit mieux le score du FN, mais ces résultats prennent en compte la candidature de François Bayrou. Si ce dernier ne l'était pas dans le cas d'une candidature d'Alain Juppé, celui-ci ferait nettement mieux que Sarkozy... Au second tour contre la patronne du FN, le maire de Bordeaux rassemble 64 % des électeurs contre 60 % pour Sarkozy". Ce n'est pas vraiment ce qui s'appelle être en position de force...

Quand Serge Moati "révèle le vrai visage de Jean-Marie Le Pen"

Et puisque le nom de Le Pen est lâché, "Le Point" publie ce jeudi les bonnes feuilles du livre que Serge Moati consacre à Jean-Marie Le Pen, "Le Pen, vous et moi" (Flammarion). "Dans un livre-confession — au sens quasi blâmable du terme —, explique l'hebdo, (le réalisateur) raconte — et il est le maître dans le genre — sa relation vieille de vingt-cinq ans avec Jean-Marie Le Pen, "(s)on facho", cet "oncle breton", infiniment "romanesque". Un récit empreint d'intelligence, d'émotion, d'humour et, surtout, de courage. Car l'auteur, socialiste revendiqué, sait, n'en déplaise aux antiracistes bébêtes, que le fondateur du FN, si détestable soit-il lorsqu'il évoque la Shoah ou ses "solutions" pour lutter contre l'immigration, est capable d'humanisme, de courtoisie, de charme..." Ah oui ? Un petit extrait, pour voir ?

Sur le "point de détail"

"On va reparler du "point de détail", écrit Serge Moati. Je le préviens. Il n'est pas content. Tant pis. On prépare la caméra. (...) Le Pen : "Pardon, mais j'y repense, vous m'avez bien dit que votre père avait été en camp de concentration ?" Moi : "Oui, en Allemagne". Le Pen : "Il y est mort ?" Moi : "Non, sinon, je ne serais pas là". Le Pen : "Alors, vous voyez. Il en est sorti. Ca prouve qu'on ne fourrait pas tout le monde dans les chambres à gaz. Vous en êtes la preuve "vivante", si j'ose dire... Bon, attention à la loi Gayssot !"" Mouais, on dirait que c'est un peu spécial, ce livre...

Quand Aquilino Morelle dénonce une "purification ethnique" au gouvernement

Dans le genre "spécial", "Le Point" propose encore un entretien-portrait de l'homme qui aimait un peu trop les chaussures et qui tenait à ce qu'elles soient bien, bien cirées, on veut parler, bien sûr, d'Aquilino Morelle. "L'ancien conseiller du président défend son ami Montebourg et dénonce une "purification ethnique" au gouvernement", annonce le journal. Une "purification ethnique" ? Allons bon, qu'est-ce que c'est encore que ça ? C'est le Rwanda, maintenant, au Château ? Heu... reprenons les choses à leur début, voulez-vous ?

Le "complot Servier, plus les jaloux de l'Elysée"

"Lorsque l'article mis en ligne par Mediapart lui coûta son poste de conseiller politique du président de la République, commence à expliquer le mag, (Aquilino Morelle) s'était convaincu que le commanditaire en chef de cet attentat contre lui était un homme mort ce même 16 avril : Jacques Servier, le fondateur du groupe pharmaceutique fabriquant le Mediator. "Il fallait me discréditer en vue de 2015 et de mon témoignage au procès du Mediator, réfléchissait à haute voix Morelle. C'est une chasse à l'homme, un complot. C'est Servier, plus les jaloux de l'Elysée... Pierre-René Lemas a fait sortir l'histoire du cireur de pompes, il voulait me buter, mais je l'ai buté avant... Plus Jean-Marc Ayrault, dont j'ai eu la peau..." Le parler cru et viril pour compenser la "naïveté" qu'il se reprochait". Heu, naïf, lui ?

"C'est les Hutus et les Tutsis. On a commencé par moi, et maintenant Arnaud"

"Aquilino Morelle a opté pour une (re)lecture 100 % politique de son limogeage, indique "Le Point". Celui, tout récent, d'Arnaud Montebourg ne fait que le conforter. Il en a conçu une théorie. "La logique qui est en oeuvre est une logique de purification ethnique, proclame-t-il en privé. C'est les Hutus et les Tutsis. Tout cela est limpide. On a commencé par moi, et maintenant Arnaud. Là, ils ont signé leur crime. C'est d'une pureté !" Ils ? "Hollande et ceux qui l'entourent : Jean-Pierre Jouyet et tous les ministres hollandais. A présent, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils sont entre eux. Mais cela va accélérer leur chute". Hue, y'aurait pas un peu de Valérie dans Aquilino ?! "Il n'ignore pas que c'est Valls (dont il est resté proche, ndlr) qui a demandé à Hollande la tête de Montebourg. Mais il ne lui en veut pas, précise "Le Point". "Cela faisait des mois et des mois que Hollande rêvait de se débarrasser d'Arnaud. Il se débrouille toujours pour que les autres fassent ce qu'il n'a pas le courage de faire"".

"Ils vont obéir aux ordres de Merkel comme de bons toutous"

"Quand Morelle a été viré, Montebourg ne l'a pas lâché, ils se sont parlé tous les jours, raconte encore le news. Cette fois, ce fut au tour de Morelle de se rendre disponible. Il est rentré d'Italie le 26 août au matin, ils se sont vus le soir, dans la foulée de l'annonce du remplacement de Montebourg par Emmanuel Macron. "Emmanuel était parfaitement profilé. Ce n'est pas seulement un problème de ligne politique, c'est un problème de confort. Le truc est très pur. Vous passez d'un ministre volontariste à un ministre libéral. D'un ministre très politique à un collaborateur. Vous savez que vous pouvez dormir sur vos deux oreilles. Ils vont obéir aux ordres de Merkel comme de bons toutous. Or on ne peut pas réduire un déficit budgétaire avec une croissance zéro. Personne ne peut le faire. Et surtout pas Hollande, Jouyet, Manuel et Emmanuel". Il raille "le nouveau TINA, "There Is No Alternative". Merkel va nous traiter comme on le mérite. Comme des laquais"". Hé bé... c'est juste de l'aigreur, tout ça, ou y'a un fond de vrai ? Un peu des deux ? Bah...

Arnaud Montebourg/Thomas Piketty : l'interview coup de poing

Et puisqu'on parlait d'Arnaud Montebourg, de politique économique — et de Merkel... "Les Inrocks" ont fait un sacré joli coup, cette semaine ! Trois semaines après le remaniement et le départ tonitruant du "frondeur", le mag rock propose un entretien croisé de l'ancien ministre du Redressement productif et... de la "rock-star" Thomas Piketty. Comme nous le rappelle le journal, le livre de l'économiste, "Le capital au XXIe siècle", s'est en effet vendu à "150 000 exemplaires en France" et à "500 000 en langue anglaise". Interrogé sur le "bilan des deux ans et demi de présidence Hollande", Piketty fait cette réponse : "Il est catastrophique. Je suis effaré par le degré d'improvisation qui caractérise ce gouvernement. Le Parti socialiste a pourtant passé dix ans dans l'opposition. Il y aurait beaucoup à dire sur le bricolage permanent en matière de politique fiscale, budgétaire, domestique, mais ma plus grande déception est l'absence de propositions sur le plan européen. On a un profond besoin de démocratiser l'Europe. On ne peut pas s'en plaindre si on ne fait pas de propositions pour la réformer. Quand François Hollande explique dans "Le Monde" du 20 août qu'il en a marre de l'austérité européenne, je suis effaré ! L'Europe est faite par les gouvernements nationaux dont les deux principaux sont l'Allemagne et la France ! Pendant sa campagne, François Hollande a fait semblant de dire qu'il allait renégocier le traité européen. Dans "Le Monde" du 23 août, Arnaud Montebourg a critiqué l'austérité en Europe. Il a raison, sauf qu'il aurait dû s'en préoccuper il y a deux ans". Holà, on dirait que voilà une pierre lancée dans le jardin d'Arnaud... !

"Thomas Piketty a raison..."

"Le scientifique universitaire est sévère, mais la critique est facile, l'art plus difficile, répond Montebourg. Je reviens donc sur le fond. L'orientation politique majeure suivie par François Hollande a consisté à mener en priorité une politique de rétablissement des comptes publics. Thomas Piketty a raison de dire qu'il ne s'est pas passé ce que les électeurs de Hollande espéraient quand le Président a ratifié le traité européen qui a durci le contrôle sur les comptes des Etats membres en juin 2012. La politique de rétablissement des comptes publics a été trop brutale, trop rapide, elle n'a pas été comprise car non discutée pendant la campagne présidentielle. (...) Elle a conduit à aggraver, comme ce fut le cas dans la plupart des Etats membres de l'UE, la situation économique au lieu de l'améliorer". —"Pourquoi une telle persistance dans l'erreur ?" demandent "Les Inrocks". Oui, c'est vrai, ça, pourquoi ?

"Les Français ont voté pour la gauche et ils se retrouvent avec le programme de la droite allemande"

"Cette focalisation est d'origine idéologique, répond Arnaud Montebourg : l'ordolibéralisme allemand a contaminé toutes les institutions européennes et figé les traités. Cette obsession des comptes publics a touché notre gouvernement et contaminé l'administration de Bercy dont j'étais l'un des ministres. Début 2013, à un dîner à Matignon avec quelques ministres, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault dramatisait la situation avec une violence non dissimulée pour expliquer qu'il fallait sortir le scalpel. Je me souviens avoir, déjà, expliqué que ce ne peut pas être un projet politique, encore moins un projet de société, que d'organiser toutes les politiques publiques autour de la réduction des déficits, même si nous devons être sérieux sur le plan budgétaire. Il y avait comme une fixation sur la pensée de la droite allemande. La vérité est que les Français ont voté pour la gauche et qu'ils se retrouvent avec le programme de la droite allemande. C'est une des raisons de ma rupture avec ce gouvernement. (...) A l'inverse de Thomas Piketty, je ne pense pas qu'il y a eu de l'improvisation mais une très grande constance dans l'erreur. Il est très difficile sous la Ve République d'arriver à convaincre le Président qu'il fait fausse route, même lorsqu'il s'agit de l'avis de tous". Et pôf !

"La droite allemande mène une politique d'intérêt domestique et non une politique d'intérêt européen"

Mais Montebourg n'a pas fini... L'ancien ministre "frondeur" insiste en effet sur la nécessité de "résoudre la différence presque anthropologique entre la France et l'Allemagne. La France compte 230 000 personnes qui arrivent chaque année sur le marché du travail. L'Allemagne en perd 200 000, dit-il. La France a besoin de croissance, l'Allemagne n'en a pas besoin. Quand la croissance est faible, elle ne s'appauvrit pas. La France s'appauvrit parce que le nombre de bouches à nourrir augmente. C'est une divergence démographique et structurelle. L'Allemagne tire des excédents de sa compétitivité, elle vit sur ses voisins européens. Elle peut avoir une croissance négative, cela ne nuira pas à sa prospérité. Nous, nous avons besoin des deux : compétitivité et croissance. Pour faire avancer le couple franco-allemand, il faut mettre ces questions sur la table. L'entente franco-allemande doit être établie sur des bases de compréhension mutuelle, ce qui n'est pas le cas. La droite allemande mène une politique d'intérêt domestique et non une politique d'intérêt européen. Les dirigeants espagnol et italien nous ont demandé d'assumer l'alternative. Ils en ont été marris et déçus. Aujourd'hui, l'euro est une machine extrêmement violente qui renforce les pays forts et écrase les pays faibles".

"Sortir de la crise, c'est s'appuyer sur les classes moyennes et populaires en soutenant leur pouvoir d'achat"

"A quoi sert la social-démocratie dans un monde où on ne connaîtra plus de taux de croissance à 3 % ? Comment une politique réformiste, de gauche, sociale-démocrate au sens fort se réinvente-t-elle dans un monde à 1 % de croissance ?" demandent "Les Inrocks". —"La cause de la crise est l'abandon des classes moyennes, affirme Arnaud Montebourg. C'est la traduction politique de la mondialisation par la mise en concurrence des salaires, tirés vers le bas, et l'arasement des protections sociales. La crise financière est née d'un surplus de dette privée qui avait pour but de maintenir la demande. Le travail est de moins en moins payé et ne peut donc porter l'offre. Il faut réajuster l'équilibre capital-travail, j'approuve sur ce point les thèses de Thomas Piketty. L'Europe devra s'interroger sur le niveau de demande adressé à son appareil productif. Sortir de la crise, c'est s'appuyer sur les classes moyennes et populaires en soutenant leur pouvoir d'achat. C'est la raison sociale de la social-démocratie dans l'histoire". La messe est dite. Sur ce, bonne semaine, les goulus de l'info !

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