Et le Liban ? Et l'Irak ? Et le Brésil ? La solidarité sélective des réseaux sociaux <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Les photos de profils en drapeau français que des millions de Facebookeurs, y compris Mark Zuckerberg, ont choisi en signe de solidarité.
Les photos de profils en drapeau français que des millions de Facebookeurs, y compris Mark Zuckerberg, ont choisi en signe de solidarité.
©

Revue de blogs

L'immense mouvement de compassion et de solidarité mondiale en ligne pour Paris a provoqué aussi des protestations qui sont remontées jusqu'à Mark Zuckerberg. Tous les pays, toutes les catastrophes, tous les peuples ne sont pas égaux sur les réseaux sociaux.

Claire Ulrich

Claire Ulrich

Claire Ulrich est journaliste et fan du Web depuis très longtemps, toujours émerveillée par ce jardin aux découvertes, et reste convaincue que le Web peut permettre quelque chose de pas si mal : que les humains communiquent directement entre eux et partagent la chose humaine pour s'apercevoir qu'ils ne sont pas si différents et qu'il y a donc un moyen de s'entendre.

Voir la bio »

D'abord, il y ala lettre à Daech de Simon Casteran, sur son blog, en deuil de sa cousine, exécutée au Bataclan. "Mon petit, ridicule, mesquin Daech, je te dois un aveu : moi aussi, je suis un pervers et un idolâtre. J'aime la vie, le metal, les restaus et, parfois même, regarder un match de foot." Celle-ci, et d'autres, ont été immensément partagées sur tous les réseaux sociaux. Elle appartient au deuil national.

Puis il y a les photos de profils en drapeau français que des millions de Facebookeurs, y compris Mark Zuckerberg, ont choisi en signe de solidarité. Et celle-là, comme le "security check" mis en place par Facebook au soir des attentats, ne passe pas partout. Pas au Kenya, où le massacre de Garissa n'a pas tenu deux jours. Pas à Beyrouth, qui venait de connaître la veille le pire attentat-kamikaze des 20 dernières années. "Vous voulez que l'on pleure vos morts ? Communiquez efficacement", se désole ironiquement un Facebookeur congolais."Solidaire avec les familles des victimes à Paris et ailleurs, mais je ne mettrai pas le drapeau", disent des internautes algériens sur le site  Algérie-Focus. SMEX a vite proposé un outil en ligne pour composer son propre "drapeau de solidarité". 

Sur la page de Mark Zuckerberg, un message confirme que le réseau mondial a entendu les protestations venues de toutes parts. Il annonce que l'application "security check" de Facebook, testée durant le récent séisme au Népal, et qui concernait uniquement les catastrophes naturelles, sera désormais mise en place durant d'autres catastrophes, où qu'elles se produisent.

Comment, dans un monde rendu "plat" par les réseaux sociaux et dirigé par les algorithmes, traiter avec équité les tragédies du terrorisme ? Sur The Conversation, le chercheur australien Folker Hanush explique que les mesures d'audience en ligne sont en partie responsable de l'aggravation de l'angle mort sur les rubriques étrangères. Pas de clics, pas de couverture.

"Le signe inquiétant est que les mesures d'audience offrent maintenant des preuves empiriques aux journalistes (...). Auparavant, il était facile d'accuser les journalistes de céder à leurs propres stéréotypes dans la couverture des catastrophes à l'étranger. Maintenant, armés de ces preuves, les journalistes peuvent de fait assurer que personne ne s'intéresse aux morts des pays qui 'ne sont pas comme nous' et qu'ils ne font que s'adapter à la nature humaine.' Mais les journalistes ne sont pas les seuls à blamer pour la couverture disproportionnée (de Paris). Si plus d'internautes lisaient les articles sur Beyrouth ou le Kenya, il serait plus difficile pour les médias de faire l'impasse sur ces news. Pour changer la couverture des média, un changement de perpective des lecteurs est aussi nécessaire, et, avec cela, un changement de leur empathie pour les autres."

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !