Transition énergétique
Énergie : petits rappels utiles à TOUS les candidats de la présidentielle 2022
Pour ceux qui ne croient pas du tout aux énergies renouvelables comme ceux qui ne misent que sur elles, certaines données de base méritent d’être rappelées.
Atlantico : La campagne présidentielle bat son plein et tous les sujets commencent à être mis sur la table avec plus ou moins de sérieux. Que penser du discours des candidats sur l’énergie ?
Kako Naït Ali : Les propos des candidats sont extrêmement basiques sur cette question. Ils se positionnent dans un camp et n’expliquent pas leur choix. Soit l’énergie n’est pas leur priorité (pour certains, on s’en doute un peu), soit ils n’ont aucune idée de la marche à suivre, soit ils ne veulent pas dire ce que cela implique car ce n’est pas hyper vendeur.
Pour les personnes qui connaissent et travaillent sur ce sujet, c’est très frustrant car cela fait des mois que le débat n’avance pas.
Quels éléments faudraient-ils qu’ils connaissent absolument ?
La problématique principale que l’on a avec les candidats est la suivante : « prennent-ils des pions pour les mettre en place dans leur réflexion sans cohérence ». Prenons un exemple, certains disent qu’ils choisissent la voie du nucléaire et qu’ils garderont le parc actuel jusqu’à 60 ans voire plus, sans considérer une seule seconde les problématiques industrielles. Surtout, ils annoncent fièrement qu’ils ne gardent pas d’éolien.
On peut alors leur rappeler que la neutralité carbone doit être atteinte d’ici 2050. Quand on regarde les scénarios RTE, la part de l’éolien, même avec 50 % de nucléaire (14 EPR, des SMR…), est considérable. Si l’on veut remplacer l’éolien par le solaire, il faudrait multiplier par 8,5% la puissance installée actuelle. Et rappelons leur que le solaire et l’éolien ne fonctionnent pas de la même manière.
S’ils ne sont pas d’accord avec les scénarios de RTE, demandons leur exactement pourquoi.
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Qu’est-ce qu’il manque alors actuellement dans le débat ?
Le débat manque de cohérence et de scénarios. Surtout, on parle beaucoup de technologie, mais on n’explique pas les impacts des idées proposées. Les candidats proposent des choses (notamment sur le débat pour ou contre l’éolien ou le nucléaire), mais on ne les interroge absolument pas sur tout ce qu’il y a autour. On doit électrifier l’industrie, repenser nos usages, dans le même temps diminuer notre consommation d’énergie, tout en augmentant notre consommation d’électricité et donc améliorer la production. Comment allons-nous faire concrètement avec ces enjeux en fonction des technologies choisies ? Ils n’en parlent pas !
Pour LFI et EELV, le 100 % renouvelable est la voie où aller. Certes, mais on se demande comment ils vont faire sans le nucléaire. Si l’on ne développe pas le stockage d’ici 2050, ils prennent des risques énormes car on n’a pas de base de production. Cela voudrait dire que l’on s’expose à un retour au gaz avec la carte de la sobriété énergétique à jouer. Ce qui impliquerait que la société évolue…
Le candidat PCF, lui, veut faire un mix entre énergie renouvelable et nucléaire. Son discours n’est cependant pas clair, il ne se positionne pas sur un scénario et sur un thème. Il est l'exemple type d’un discours axé sur la technologie alors que l’énergie ce n’est pas juste de la production d’électricité. Le grand public doit se rendre compte de ce que cela implique derrière.
Certains scénarios proposés par des candidats nécessitent une forte implication de la population comme la sobriété ou l’efficacité énergétique. L’évolution de l’énergie dans notre pays va avoir des conséquences sur la société et on devrait savoir comment les candidats voient l’avenir.
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Quelle est la réalité derrière de tels débats et propositions caduques ?
Pour qu’un discours 100 % renouvelable soit clair, il faudrait qu’il prévoit des parades. Selon le dernier rapport RTE, si l’on ne décide pas de construire des EPR pour pallier les énergies renouvelables, cela serait problématique car l’on n’a pas de stockage. Si on ne le fait pas, on pourrait retourner vers le gaz et ne finalement pas atteindre les objectifs de neutralité carbone… Donc on accentue la partie flexibilité et la réduction de la consommation drastiquement, mais cela peut avoir une influence pour l’industrie…
Le risque d’une telle stratégie est donc d’avoir un retour vers le fossile. Certains politiques considèrent d’ailleurs qu’il n’est pas grave d’avoir recours au gaz car ils le considèrent comme moins grave que le nucléaire… Si c’est le cas, il faut que cela soit transparent pour les électeurs, que chaque stratégie soit exposée clairement. Aujourd’hui, cela ne l’est pas et les candidats sont très brefs sur ces questions. Ils doivent être challengés sur la société de demain.
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