Nicolas Sarkozy : l'ex-président se pose en recours pour l'UMP, la gauche fustige "son arrogance"<!-- --> | Atlantico.fr
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Nicolas Sarkozy n'était plus revenu au siège de l'UMP depuis 2007.
Nicolas Sarkozy n'était plus revenu au siège de l'UMP depuis 2007.
©Reuters

Comme le Messie

L'ancien président a prononcé un bref discours au siège de l'UMP, lors d'une réunion à huis clos consacrée à l'invalidation de ses comptes de campagne pour la présidentielle de 2012.

  • Nicolas Sarkozy s'est rendu au siège de l'UMP ce lundi
  • Il a assisté au "bureau politique extraordinaire"
  • Jeudi, le Conseil constitutionnel a confirmé le rejet de ses comptes de campagne au motif qu'ils excédaient de 2,1%


Tous les journaux, radios et télévisions ne parlaient que de ça. Impossible d'échapper à l'information ce lundi. Il est de retour à l'UMP. "Il", c'est bien sûr Nicolas Sarkozy. L'ancien président de la République s'est rendu au siège de l'UMP, pour la première fois 2007. Mais l'ancien chef de l'Etat n'est pas revenu dans les meilleures conditions puisque jeudi dernier le Conseil constitutionnel a invalidé ses comptes de campagne présidentielle, ce qui enfonce les finances du parti dans le rouge.

De nouvelles réactions ce mardi matin

Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture

Dans une interview au Monde, le ministre commente le discours de Nicolas Sarkozy. "Ce qui m'a le plus frappé, c'est qu'il n'a pas changé. Il n'a aucun respect pour rien, il donne des leçons à tout le monde, y compris à ce qu'il y a de plus élevé dans la République, le Conseil constitutionnel. C'est inquiétant. Quant à nous, je ne vois pas ce que nous aurions à craindre de quelqu'un qui a laissé la France dans l'état que l'on sait, et qui de surcroît a fauté gravement pour se faire réélire. Aujourd'hui, Nicolas Sarkozy, c'est le problème de l'UMP, pas le nôtre...."

Manuel Valls, ministre de l'Intérieur

Le ministre a critiqué "le faux retour de Nicolas Sarkozy" et condamné "l'opération de victimisation" de l'UMP et de son ancien candidat à la présidentielle qui n'a pas "respecté les règles élémentaires sur le financement de sa campagne". Interrogé sur France Inter, il est revenu sur ce qu'il appelle "le faux retour de Nicolas Sarkozy". "Il est le responsable de cette situation, puisque la commission nationale (...) et ensuite le Conseil constitutionnel ont considéré que le candidat Nicolas Sarkozy n'avait pas respecté les règles élémentaires sur le financement de sa campagne", a dit le ministre.

"Quand on est candidat à la présidence de la République et qui plus est président sortant, on connaît la loi", a-t-il jugé. "Comment voulez-vous faire appliquer la loi quand un individu s'en prend à un policier, quand il agresse une personne, quand il vole dans un magasin, quand il y a une occupation illicite d'un terrain, quand les anciennes autorités de ce pays mettent en cause le Conseil constitutionnel ?" s'est-il interrogé.

Ségolène Royal, présidente PS du conseil régional de Poitou-Charentes

Elle a regretté mardi que Nicolas Sarkozy n'ait pas reconnu "ses fautes" devant les cadres de l'UMP réunis à la suite de l'invalidation de ses comptes de campagne. "J'aurais attendu de l'ancien chef de l'Etat qu'il fasse amende honorable et qu'il reconnaisse ses fautes", a déclaré sur i>TELE l'ancienne candidate socialiste à la présidence de la République, rappelant que la commission nationale des comptes de campagne avait relevé "trois infractions" à l'encontre de Nicolas Sarkozy. "Il ferait mieux de faire preuve d'un peu de modestie", a lancé la vice-présidente de la Banque publique d'investissement (BPI), rappelant que, faute d'avoir imaginé "qu'il y ait une telle fraude à ce niveau-là", la loi n'avait prévu "ni l'inéligibilité ni la possibilité de porter plainte".

Michèle Delaunay, ministre déléguée aux Personnes âgées et à l'autonomie

Elle a jugé mardi que Nicolas Sarkozy avait "grandement contribué à ruiner" la France, au lendemain du retour devant l'UMP de l'ancien président. "Il a grandement contribué à ruiner notre pays. C'est sévère mais je le vis tous les jours", a déclaré la ministre sur France 2, interrogée sur l'éventuel retour en politique de l'ancien chef de l'Etat. "Tous les jours j'écope des engagements non financés pris par le gouvernement précédent, des chantiers laissés en jachère puisque rien n'était financé, maintenant, je dois me battre pour chercher ce financement, autrement les entreprises ferment". Michèle Delaunay a affirmé avoir "constaté pendant la période même qu'il y avait vraiment un mélange des genres excessif". 

Henri Guaino, député UMP

Bien que "la plupart" des membres du Conseil aient été "nommés par la droite", ils ont pris "une décision en toute subjectivité, de façon assez arbitraire", a dénoncé Henri Guaino. Selon lui, "depuis 40 ans, on essaye de chasser les politiques" et de donner "tout pouvoir aux juges, aux bureaucrates et aux marchés". "Il est clair qu'il (Nicolas Sarkozy) est la cible".

Ce que Nicolas Sarkozy a dit 

Nicolas Sarkozy a ouvert son discours par un trait d'humour : "Je ne sais pas si je sais encore faire un discours", a-t-il lancé, déclenchant une ovation des personnes présentes dans la salle. L'ex-chef de l'Etat a profité de cette prise de parole pour relancer son activité sur Twitter (voir plus bas), réseau sur lequel il n'avait plus publié depuis sa défaite à la présidentielle de mai 2012.

"Ceci n'est pas ma rentrée politique, a-t-il affirmé en préambule. Le jour où je reprendrai la parole, ce sera pour parler aux Français de la France." Il a accepté la "responsabilité pleine et entière" du rejet de ses comptes. "Quelqu'un qui a eu l'honneur de représenter la France pendant cinq ans a le devoir de prendre ses responsabilités." "Respecter les institutions, ce n'est pas en accepter toutes les décisions", a-t-il toutefois précisé. "La décision prise par le Conseil crée une situation grave et inédite. La question n'est pas celle de l'UMP mais celle du pluralisme."

Cependant, par rapport à cette décision des Sages,- malgré le huis clos, certaines déclarations ont fuité- "cela m'a paru suffisamment important pour rompre la décision qui était la mienne de me retirer de la vie politique".

Sa prise de parole a ensuite viré au discours de politique générale : "On parle de crise économique, financière, politique... Il y a une crise qui me préoccupe beaucoup plus, c'est la crise des idées politiques. Nous avons changé de siècle, nous ne pouvons pas porter une grille de lecture du XXIe siècle avec les idéologies du XXe siècle". Et de conclure en affirmant : "Vous pourrez compter sur moi à chaque fois qu'il y en aura besoin. Mais il y a quelque chose d'indécent à parler du rendez-vous de la présidentielle alors que les Français souffrent".

Les réactions au discours de Nicolas Sarkozy

Marc-Philippe Daubresse, secrétaire général adjoint de l'UMP : "Il n'exclut plus de revenir", interrogé sur BFM TV

Jean-François Copé, président de l'UMP : "Le message de Nicolas Sarkozy était un message très important à la fois d'amitié et de solidarité à l'égard de notre famille politique. Ce n'est pas pour autant un retour en politique".

Pour Alain Juppé, il s'agissait d'un "discours de très haute tenue". Quand les journalistes soulignent qu'il s'agissait aussi d'un discours très politique, il réplique : "C'est un parti politique (...) De quoi voulez-vous qu'on parle ? Du Tour de France ?"

Guillaume Peltier, vice-président de l'UMP : "On a vu un homme d'Etat incroyablement rassembleur. Il a beaucoup parlé de la France et des Français. Il a dit que ce n'était pas le moment de son retour en politique". "Il a été ovationné au début et à la fin, tellement il sait trouver les mots pour parler de l'UMP."

Patrick Balkany, député-maire UMP de Levallois (Hauts-de-Seine) : "Je l'ai trouvé très bien, très décontracté et très convainquant. C'est le discours d'un homme près de son parti quand celui-ci traverse des difficultés. Il a surtout appelé à l'unité. Mais ce n'est pas une rentrée politique".

Nadine Morano a fait part de sa joie sur Twitter :

Le sénateur Gérard Longuet a trouvé Nicolas Sarkozy  "radieux, clair". C'est quelqu'un "qui aime ce qu'il a fait et qui compte sur l'UMP", a-t-il dit.

Côté socialiste, les réactions sont peu nombreuses pour le moment. Le PS a toutefois publié sur son site Internet, une compilation des déclarations de ses ténors appelant à "respecter la sanction rendue par le Conseil constitutionnel".

Le député FN Gilbert Collard a quant à lui dénoncé sur BFM TV "une opération de com' à 11M€".

Dans un communiqué, le Front national a dénoncé "un spectacle grotesque". "N'ayant plus rien à offrir sur le fond, l'UMP compense par la forme, et tombe nécessairement dans le pire de la politique spectacle, avec beaucoup de spectacle et très peu de politique."

Le fils de Nicolas Sarkozy, Louis, y est allé de son petit commentaire sur Twitter :

Les tweets de Sarkozy pendant le bureau politique...

Nicolas Sarkozy a donné les grandes lignes de son discours, lors de la réunion politique extraordinaire de l'UMP, via son compte Twitter. Il n'avait pas écrit sur le réseau social depuis sa défaite à la présidentielle, le 6 mai 2012. Nicolas Sarkozy a d'abord fustigé la décision du Conseil constitutionnel de rejeter ses comptes de campagne. Mais la prise de parole de l'ancien chef de l'Etat a rapidement viré au discours de politique générale :

Une arrivée de "rockstar"

Nicolas Sarkozy est arrivé au siège de l'UMP, rue de Vaugirard vers 17h. L'ancien président était souriant. A sa sortie de voiture, de nombreuses personnes ont scandé "Nicolas, Nicolas". L'ex chef de l'Etat a serré quelques mains avant d'entrer dans le hall de l'UMP. Jean-François Copé l'avait accueilli quelques minutes plus tôt.

De nombreux participants 

La réunion, convoquée par Jean-François Copé, se tient aux alentours de 17h au siège du parti dans le XVe arrondissement. Outre la cinquantaine de membres du BP ("gouvernement" du parti), ont été invités les parlementaires UMP (députés, sénateurs, députés européens), ainsi que les cadres (présidents de fédérations, secrétaires départementaux...). Il pourrait y avoir jusqu'à 800 personnes, si tout le monde répond présent. François Fillon, ancien Premier ministre et candidat à la candidature pour l'élection présidentielle de 2017, sera là, selon son entourage, tout comme Alain Juppé, qui avait d'abord fait savoir qu'il ne se déplacerait pas.

"Non" ce n'est pas un retour dans la vie politique

Pour beaucoup de journalistes spécialisés, il pourrait s'agir des premiers pas de Nicolas Sarkozy vers un retour en politique. Mais pour ses amis, sa présence "doit être comprise comme un témoignage de solidarité" à l'égard de l'UMP qu'il a dirigée de 2004 à 2007, "ce n'est en aucun cas un retour à la vie politique", a prévenu, a Brice Hortefeux, président de l'association "Les amis de Nicolas Sarkozy".

Retour ou pas, "ce débat-là n'intéresserait pas les Français", a taclé lundi dans Le Parisien le patron des sénateurs PS, François Rebsamen, qui a fustigé un Nicolas Sarkozy "incapable de maîtriser le temps" et de tenir sa parole sur sa prise de distance avec les affaires politiques.

Pourquoi cette réunion ?

Le Conseil constitutionnel a confirmé le 4 juillet le rejet des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy au motif qu'ils excédaient de 2,1% (un peu plus de 466.000 euros) le plafond autorisé. En conséquence, l'UMP se voit privée de 100% du remboursement forfaitaire de l'Etat, soit près de 11 millions d'euros de frais de campagne.

La réunion de lundi se déroule à huis clos, même si à l'UMP, "on sait bien que ce que dira Nicolas Sarkozy fuitera dans la presse". Son discours sera donc "cadré" prévient Brice Hortefeux. Du côté de ses collaborateurs, on jure que l'ancien président s'en tiendra à un "message de soutien".

Dès l'annonce du rejet de ses comptes, Nicolas Sarkozy avait indiqué qu'il ne siégerait plus au Conseil constitutionnel, dont il est membre de droit en tant qu'ancien président, "afin de retrouver sa liberté de parole". Le lendemain, il avait dénoncé "une situation inédite sous la Ve république", évoqué un "péril" pour l'UMP et promis de s'engager pour garantir "une expression démocratique libre dans notre pays".

Les pro et les anti Sarko face à face

Depuis l'annonce de sa venue à ce bureau, de nombreuses personnalités politiques sont montées au créneau pour défendre Nicolas Sarkozy.  Henri Guaino, son ex-plume, a fait partie des premiers. Il a dénoncé un "climat de chasse". Christian Estrosi a quant à lui, dénoncé "une sorte d'acharnement" contre l'ex-président.

A gauche, on ne se gêne pas pour critiquer l'UMP et Nicolas Sarkozy. "Le non respect des comptes, il savait. C'est sciemment fait. Il a fraudé", a expliqué Michel Sapin sur I-Télé, en affirmant que la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) puis le Conseil constitutionnel avaient sanctionné un "manque de sincérité". Cette "absence de sincérité" avait déjà été relevée par le président de la CNCCFP, François Logerot, samedi dans Libération.

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