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L'Europe selon Emmanuel Macron
©ludovic MARIN / POOL / AFP

Le sage a parlé

Sécurité, contrôle des migrations, développement, transition écologique, transformation numérique...les propositions d'Emmanuel Macron sur l'Europe.

Ce mardi 26 septembre, Emmanuel Macron a présenté ses propositions de refondation de l’Europe dans l'emblématique amphithéâtre de l'université de la Sorbonne, à Paris. Au début de son discours qui a duré plus d'une heure, le chef de l'Etat est revenu sur l’histoire de la construction européenne. "Nous sommes les héritiers de deux déflagrations, les deux guerres mondiales qui auraient pu nous engloutir. Mais ensemble, nous avons su surmonter l’épreuve, sans jamais en oublier les leçons. L’idée a triomphé des ruines". "Les passions tristes de l’Europe sont bien là et se font rappeler à nous, et peuvent demain l’emporter. Nous avons laissé s’installer le doute. Nous avons laissé s’installer l’idée que l’Europe est une bureaucratie impuissante. Nous n’avons plus proposé. Je ne laisserai rien à celles et ceux promettant la division et le repli national", a-t-il ensuite mis en garde, avant d'appeler à la refondation d’une Europe "souveraine, unie et démocratique" face à une Europe aujourd’hui "trop faible, lente et inefficace". 

La sécurité et la défense 

En évoquant les "six clés" pour refonder l'Europe, Emmanuel Macron a commencé par la première: "la sécurité". "Nous devons amplifier les travaux engagés pour lutter contre la propagande terroriste", a-t-il affirmé. 
Deuxième clé : la défense, avec une capacité autonome vis-à-vis de l'Otan. "Ce qui manque le plus à cette Europe de la Défense, c'est une structure stratégique commune", a précisé le président de la République. “Je propose d’accueillir dans nos armées nationales de militaires venant de tous les pays européens volontaires, sur travail de renseignement, soutien aux opérations", a-t-il ajouté. Emmanuel Macron a également proposé une "initiative européenne d'intervention" pour 2020. Autre proposition : créer un "parquet européen" contre la criminalité et le terrorisme.
En outre, le chef de l'Etat a appelé à la création d'une "force européenne de protection civile mettant en commun les moyens de secours et d’intervention pour répondre aux catastrophes de moins en moins naturelles comme les séismes et les inondations".

La crise migratoire et l’aide publique au développement

Pour Emmanuel Macron, la crise migratoire est un "défi majeur de l'Europe qui durera longtemps". "Notre destin est lié à celui du Proche et Moyen Orient et à l'Afrique", a-t-il assuré, en proposant de créer dans l'année qui vient "un office européen de l’asile pour harmoniser les procédures (…) que l'on mette progressivement en place une police européenne des frontières et que l'on finance un vaste programme d'intégration des réfugiés". "Faire une place aux réfugiés est notre devoir commun d’européens, mais nous devons le faire sans laisser le fardeau à quelques-uns, qu’ils soient le pays d’arrivée ou d’accueil. C’est à travers ce socle commun que nous y parviendrons", a déclaré Emmanuel Macron.  "J’ai engagé un travail de réforme en France pour mieux accueillir les réfugiés. Ce que je souhaite pour l’Europe, la France commence dès à présent à le faire pour elle-même", a-t-il conclu. 

Politique étrangère et la transition écologique 

"La troisième clé de notre souveraineté, c'est notre politique étrangère, c'est le partenariat avec l'Afrique. (...) Si l'Europe ne le fait pas, d'autres le feront." Pour développer un nouveau partenariat avec l'Afrique, Emmanuel Macron mise sur l'aide au développement. Celle-ci "doit aussi être européenne", selon lui. "Je souhaite relancer le projet de taxe sur les transactions financières. Aujourd’hui, seuls deux pays la pratiquent : la France et la Grande-Bretagne". Emmanuel Macron veut "l’étendre à toute l’Europe". En outre, le chef de l'Etat a suggéré une nouvelle taxe sur les transactions financières et s'est dit prêt à reverser "l'intégralité" de ces revenus à l'aide au développement.
"La quatrième clé, c'est la transition écologique. L'Europe est dans un entre-deux. Le choix est clair : voulons-nous continuer à produire comme avant (...) ou voulons-nous accélérer et devenir un modèle de société. (...) J'ai fait mon choix. Je crois que l'Europe doit être à l'avant-garde d'une transition écologique efficace et équitable." "L’Europe doit être à l’avant-garde de cette transition, en transformant transports, logements, industries. Pour cela, il faut donner un juste prix au carbone" , a annoncé Emanuel Macron, suggérant en outre une "interconnexion entre les pays" et un "vrai marché européen de l'énergie". Le chef de l'Etat a également prôné un marché européen de l'énergie et une taxe carbone aux frontières de l'Europe. Il a également appelé à la création d'un programme européen pour stimuler les voitures propres.
Concernant la politique agricole, Emmanuel Macron a déclaré : "Il faut aussi une Europe de la sécurité et de la souveraineté alimentaire. (...) Est-ce que notre politique agricole commune (PAC) protège bien nos agriculteurs et nos consommateurs ? Je regarde les dernières années et je n'en ai pas totalement le sentiment".  "Je souhaite que nous puissions créer une nouvelle PAC qui se pense avec deux objectifs : nous protéger des aléas des marchés alimentaires mondiaux et laisser plus de flexibilité aux territoires pour accompagner les évolutions des filière". Se souvenant de la crise des œufs de cet été, Emmanuel Macron a proposé de "créer une force européenne de contrôle des standards alimentaires". "Je suggère de mettre fin partout en Europe aux doubles standards", a-t-il ajouté. 

Le numérique 

"La 5e clé de notre souveraineté passe par le numérique. (...) L'Europe doit prendre la tête de la [révolution du numérique] en entamant une innovation radicale et en attirant les champions du numérique", a estimé le chef de l'Etat. "Créons dans les deux ans une agence européenne pour l’innovation, pour être en position d’innovateur et non de suiveur. Lançons des recherches dans des domaines comme l'intelligence artificielle, acceptons la prise de risque", a-t-il ajouté. 
"Aujourd'hui, ce continent du numérique n'a pas de loi, si ce n'est celle du plus fort. L'Europe doit définir le cadre qui s'applique au numérique pour permettre de (...) garantir les libertés individuelles et la protection des données privées", a également déclaré Emmanuel Macron. "La France a commencé avec ses partenaires à pousser une initiative : celle de la taxation de la valeur créée là où elle est produite, qui nous permettra de repenser profondément notre système fiscal", a-t-il ajouté, défendant en même temps le droit de l'auteur, "qui n'a rien de ringard" et permet la "juste rémunération de toutes les formes de création".

"L'Europe doit être une puissance industrielle et monétaire"

C'est la sixième clé de la souveraineté. "Une puissance économique durable ne peut se construire qu'autour d'une monnaie unique forte. (...) Je n'ai pas la zone euro honteuse. (…) Il faut une coordination de nos politiques économiques et un budget commun. (...) Nous avons besoin de davantage d'investissement. (...) Nous avons besoin d'un budget plus fort et les taxes devront refléter ce budget". En outre, Emmanuel Macron a souligné la nécessité d'un ministre des finances de la zone euro et d'un contrôle démocratique. "Nous devrons réfléchir à affecter, en partie au moins, un impôt à ce budget. (...) Pourquoi pas financé par l'impôt sur les sociétés après son harmonisation. (...) Un budget ne peut aller qu'avec un contrôle économique fort, par un ministre commun."
Le président a aussi  appelé l'Europe à se doter "d'instruments de solidarité concrète par la convergence sociale et fiscale, notamment sur l'impôt sur les sociétés". Emmanuel Macron a prôné que les Etats membres soient obligés, "d'ici 2020, de respecter une fourchette de taux pour l'impôt sur les sociétés. Son respect ouvrirait le droit aux fonds structurels". 
"Nous ne devons plus faire notre Europe à l'abri des peuples, mais nous ne devons pas tomber dans le piège des populistes en posant des questions simplistes 'oui ou non ?'. (...) Je souhaite que nous puissions pendant six mois, l'année prochaine, dans tous les pays qui le souhaiteront, organiser un vaste débat pour déterminer les idées qui nourriront notre projet", a lancé Emmanuel Macron, en proposant d'organiser "un débat ouvert, européen, transparent (...) qui donnera enfin un contenu et un enjeu aux élections européennes de 2019."
"Le groupe pour la refondation européenne définira d'ici l'été 2018 des propositions qui mettront en œuvre cette ambition, en se nourrissant des débats des conventions démocratiques. (...) S'il faut passer par un nouveau traité européen, je suis prêt à l'assumer", a conclu Emmanuel Macron. 

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