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L'Allemagne a livré des produits chimiques à la Syrie
©Reuters

Qui sont les coupables ?

En plus de Berlin, la presse britannique avait aussi révélé au début du mois que Londres avait autorisé en 2012 ses entreprises à exporter vers la Syrie des produits qui peuvent servir à la fabrication d'armes chimiques.

Le gouvernement allemand a reconnu mercredi avoir exporté vers la Syrie quelque 111 tonnes de produits chimiques susceptibles de servir à fabriquer du gaz sarin. Des composés - du fluorure de sodium, de l'acide fluorhydrique et de l'hydrogénoflurorure d'ammonium - à «double usage», civil et militaire, selon la classification européenne, qui sont soumis à des autorisations spéciales d'exportation.

La question fait débat alors qu'une attaque chimique a fait 1400 victimes le 21 août dernier dans la banlieue de Damas et que l'on cherche qui sont les véritables coupables.

Le ministère allemand de l'Economie a précisé que ces exportations d'un montant total de 174.000 euros, qui ont eu lieu en 2002-2003, sous le gouvernement de Gerhard Schröder, puis en 2005-2006, sous celui d'Angela Merkel, étaient exclusivement à usage civil. Les produits en question peuvent notamment servir au traitement des métaux ou à la fabrication de dentifrice. «Des autorisations ont été accordées après examen détaillé de tous les risques possibles, y compris le détournement de ces produits ou leur transfert vers un usage militaire. Dans tous les cas, leur usage civil prévu a été considéré comme étant plausible», souligne le ministère. «Le gouvernement allemand ne dispose d'aucune information suggérant que les produits livrés ont été par la suite utilisés pour des usages autres que les usages civils initialement déclarés», ajoute-t-on au sommet de l'Etat.

Dans une interview à l'ARD mercredi, la chancelière Angela Merkel a elle-même déclaré que ces produits chimiques n'avaient sans doute pas servi à fabriquer des armes. «Selon toutes les conclusions qui sont à ma disposition, ils ont été utilisés à des fins civiles», a assuré la chancelière, dont les propos sont rapportés par la presse allemande. Merkel a ajouté que les exportations de ce genre ont de toute façon été suspendues en mai 2011, peu après le début du conflit en Syrie.

Jan van Aken, chargé des questions internationales au parti de gauche allemand Die Linke, est loin d'afficher la même tranquillité d'esprit. Il a condamné le principe de ces livraisons à la Syrie, un pays, selon lui, dont «le monde entier savait qu'il avait un très important programme militaire chimique» bien avant l'attaque du 21 août dernier. «Nous ne pouvons pas être certains que l'Allemagne n'est pas non plus coupable de l'attaque meurtrière au gaz sarin commis à Damas le 21 août», a-t-il même accusé.

L'Allemagne n'est pas le seul pays à être confronté aux problèmes que posent ses anciens contrats avec la Syrie. Au début du mois, la presse britannique a notamment révélé que Londres avait autorisé en 2012 ses entreprises à exporter vers la Syrie du fluorure de sodium et de potassium, produits, soi-disant destinés à fabriquer des fenêtres métalliques mais qui peuvent aussi servir à la fabrication d'armes chimiques. Le gouvernement était toutefois revenus sur sa décision en juillet de la même année, alors que les substances n'avaient pas encore été livrées, selon le journal The Independent. Le quotidien The Telegraph ajoutait cependant la semaine dernière que d'autres licenses avaient été attribuées pour l'exportation de produits chimiques en Syrie, avant le début du conflit. Le gouvernement britannique assure que ces produits n'ont été utilisés qu'à des fins militaires.

Les experts de l'ONU ont identifié dans leur rapport publié lundi le gaz sarin comme étant l'agent utilisé dans les attaques chimiques du 21 août. Le rapport s'abstient toutefois de désigner les coupables - que ce soit l'armée de Bachar el-Assad ou les rebelles. Du côté occidental, la responsabilité du président syrien ne fait plus de doutes.

Lu sur Le Figaro

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