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Voter Macron et quitter sa famille politique : facile de se laisser tenter, difficile de l'assumer
©Reuters

Habitudes

Dans un pays où l'appartenance politique est quasi-génétique, difficile d'assumer voter pour un homme qui assume vouloir se placer au-dessus des clivages.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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La famille en politique c'est un peu comme dans la mafia : pas question d'aller voir ailleurs ! Et en y réfléchissant, c'est un vrai problème pour beaucoup que cette possible transgression électorale. 

Les Français ont clairement une appartenance quasi génétique à un camp politique. Ils sont à gauche ou à droite. Non pas qu'ils ne réfléchissent pas et que certains ne s’émancipent pas de ce clivage politique la plupart du temps familial, mais ce n'est pas facile de rompre une habitude, un mode de rapport à la société, au travail, à l'argent. 

Il est très curieux que ce choix, qui devrait relever d'une analyse rationnelle ou de la qualité perçue d'un programme, s'apparente souvent à une véritable trahison engendrant des conflits intérieurs et évidement familiaux et amicaux.

Nous vivons cela grandeur nature aujourd'hui puisque nous avons un hermaphrodite de la politique qui nous offre ses services à la tête de l’Etat. Emmanuel Macron, puisque c'est de lui dont il s'agit, s'applique à casser les clivages et à ne pas vouloir rejoindre un camp même s'il s'annonce plutôt de gauche tout en étant libéral. 

De quoi en envoyer plus d'un chez le psy, le mot libéral faisant depuis des années office de repoussoir et toujours associé au qualificatif d’ultra, un positionnement haïssable en particulier à Gauche.

Il faut donc, pour voter Macron, surmonter le fait de s'assumer libéral et en plus se révéler à droite pour les gens de gauche, et à gauche pour les gens de droite... car évidemment les anti-Macron l'accusent d'appartenir au camp opposé !

Pas si facile, pour la première fois de sa vie, d'assumer ce vote transgressif, même s'il est raisonné et correspond exactement au désir de changement revendiqué ; pas facile de passer pour un traître auprès de sa "famille". Ce n'est ni plus ni moins vécu comme une trahison affective et même morale. Une désertion au sein de son propre camp, même quand on ne le supporte plus, ne semble pas glorieuse ! Comme en famille, lorsqu'on se doit d'assumer les turpitudes de l'un parce qu'il est "de la famille". 

Le vote Macron qui consiste à franchir le Rubicon provoque bien des états d'âme ; on se voit accuser de voter "contre son camp" et peu importent les arguments relatifs aux "intérêts de la France", peu importent les bonnes raisons de s'indigner contre son candidat traditionnel. Pour une majorité de français, ne pas voir sa famille politique au deuxième tour de la présidentielle est intolérable. Rien à voir avec le fameux vote de protestation, type Le Pen, que l'on brandit en menace et qui n'est pas vécu par les protagonistes comme une trahison de leur parti d'origine mais plutôt comme une punition méritée et peut-être transitoire.

C'est ainsi qu'il y a une "base" électorale prête à tout supporter, à passer sur ses valeurs pour ne pas céder à l'ennemi... Nous sommes alors bien loin de la qualité du programme annoncé ou du renouveau tant souhaité !

Il existe évidemment un électorat flottant - évalué à 5% - qui peut faire la différence dans la bascule d’un camp à l’autre, mais ce n’est pas à confondre avec l’indécision qui semble être très partagée dans cette élection décidemment particulière. Les indécis sont vraiment indécis et ruminent en se demandant s'ils vont vraiment voter pour la première fois pour les adversaires ou s’abstenir ou encore rentrer au bercail ? Tout dépendra des jeux du cirque, c'est-à-dire des deux débats télévisés.

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