Volkswagen et le reste… ces gros mensonges que les Allemands savent parfaitement camoufler derrière leur attachement au respect de la règle<!-- --> | Atlantico.fr
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Avant le scandale Volkswagen, il y a eu celui de la santé financière des banques régionales allemandes pendant la crise de 2008.
Avant le scandale Volkswagen, il y a eu celui de la santé financière des banques régionales allemandes pendant la crise de 2008.
©Reuters

Richtig oder falsch ?

La réalité a été mise au grand jour récemment dans l'affaire Volkswagen. Avant, il y a eu également celle de la santé financière des banques régionales allemandes pendant la crise de 2008, celle des intérêts cachés en Europe de l'Est et en Russie, ou encore celle du scandale des employés de l'Est dans les abattoirs à 0,50 € de l'heure ...

Guillaume Duval

Guillaume Duval

Guillaume Duval est rédacteur en chef du mensuel Alternatives économiques, auteur de La France ne sera plus jamais une grande puissance ? Tant mieux ! aux éditions La Découverte (2015) et de Made in Germanyle modèle allemand au-delà des mythes aux éditions du Seuil et de Marre de cette Europe-là ? Moi aussi... Conversations avec Régis Meyrand, Éditions Textuel, 2015.

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Atlantico : Nos voisins germaniques ne sont-ils pas des adeptes du mensonge ?

Guillaume Duval : Cela fait très longtemps que ceux qui suivent l’actualité allemande (et les Allemands eux-mêmes) savent que l’image de l’Allemagne vertueuse et respectueuse des règles est largement surfaite. Entre le scandale des caisses noires de la CDU qui à la fin des années 1990 avaient coûté à Wolfgang Schaüble la présidence de la CDU (et permis de ce fait l’ascension d’Angela Merkel), l’attitude bassement mercantile de l’ancien chancelier Gerhard Schröder, fameux pour ses « courageuses » réformes, qui aussitôt après avoir quitté la chancellerie n’a pas hésité à se vendre à Vladimir Poutine, quant à Peter Hartz, l’auteur des fameuses lois si enviés en France, il a été condamné en 2007 à deux ans de prisons avec sursis pour avoir essayé de corrompre les élus du comité d’entreprise de Volkswagen lorsqu’il en était le DRH. En 2007- 2008, toute la direction du groupe Siemens avait été décapitée suite à un énorme scandale de corruption qui concernait 1,3 milliards d’euros de pots de vin et notamment sur le marché grec. Quant au président de la République chrétien démocrate Christian Wulff, il avait l’habitude de se faire payer systématiquement voyages, logements, fêtes par des industriels amis lorsqu’il dirigeait le Land de Basse Saxe. Ce qui avait conduit à sa démission en 2012. Pendant la crise financière, les énormes turpitudes de la BayernLB, la banque publique du Land de Bavière, sont apparues au grand jour. Le scandale a coûté 8,6 milliards d’euros aux contribuables allemands. En 2014 c’est Thomas Middelhof, le Jean-Marie Messier allemand, ex patron du géant de l’édition Bertelsmann puis du groupe de distribution Arcandor (Karstadt, Quelle) qui est condamnée à trois ans de prison ferme pour prise illégale d’intérêt. Sans oublier l’énorme fraude fiscale réalisée par Uli Hoeness, l’ex patron du Bayern de Münich, condamné lui aussi à 3,5 années de prison. Enfin la Deutsche Bank, emblématique de la finance allemande, a été, à n’en pas douter la banque au monde la plus condamnée dans la cascade de scandales révélés par la crise financière, notamment au Royaume Uni et aux Etats Unis.

Bref, que l’Allemagne, ses dirigeants politiques, ses patrons, ses banquiers… ne soient pas vraiment des parangons de vertu et que nos voisins soient capables d’imaginer une tromperie du type de celle pratiquée à grande échelle par Volkswagen aux Etats Unis ne surprendra que ceux qui prennent pour argent comptant les grandes envolées de Wolfgang Schaüble sur l’importance de la morale et du respect des règles dans les relations politiques et économiques. Il n’est pas sûr d’ailleurs que l’Allemagne mérite vraiment la 12ème place qui lui est attribuée dans le classement de Transparency International sur la corruption quand la France est 26ème : son image est sans doute meilleure à l’extérieur du pays que sa réalité sur le terrain sur ces questions.

Qu'est-ce que ces affaires révèlent, selon vous, du fonctionnement allemand ?

A quoi cela tient-il ? Sans doute assez fortement au fonctionnement très corporatiste de la société allemande : on préfère s’arranger entre syndicats et patronat, entre fournisseurs et clients plutôt que de se soumettre à une concurrence pure et dure comme en rêvent les anglo-saxons. C’est la raison d’ailleurs pour laquelle le marché allemand reste toujours aussi difficile à pénétrer pour les industriels étrangers malgré l’absence totale de toute mesure protectionniste formelle. Et évidemment cette mentalité, si elle présente par ailleurs de nombreux avantages, facilite également les dérives comme celles observées chez Volkswagen. Il semble d’ailleurs que le gouvernement fédéral était au courant des arrangements avec les normes d’émission que prenaient les constructeurs allemands et ait choisi de fermer les yeux pour ne pas nuire à la Deutschland AG.

Pensez-vous que l'Allemagne ait conscience de ce travers et qu'elle ait les moyens de changer de comportement dans les années à venir pour se refaire une conduite ?

Les Allemands ont conscience, je crois, de ce travers mais il est justement d’autant plus difficile à corriger qu’il est étroitement lié au mode de fonctionnement central au compromis et au consensus de la société allemande. Il n’est guère surprenant sur ce plan que ce soient des étrangers, et notamment des Américains qui mettent en cause ce mode de fonctionnement, obligeant, de l’extérieur, l’Allemagne à remettre en cause ses mauvaises habitudes.

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