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Voilà pourquoi le duel Copé-Fillon est beaucoup plus intéressant qu'on le dit
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Deux stratégies

Alors que les Français semblent porter un intérêt en demi-teinte pour la prochaine élection à la présidence de l'UMP, certains points méritent néanmoins d'être soulignés.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Si l’on en croit de récentes études, il semblerait que la prochaine élection à la présidence de l’UMP n’intéresse pas la majorité des français. On peut le comprendre au vu de la situation économique et sociale du pays, de la crise de la zone euro et, entre autres sujets chauds, des inquiétudes de nos concitoyens pour leur sécurité.

En revanche, je pense que cette consultation interne sera décortiquée, analysée, débattue par les élèves de Sciences po et autres universitaires pendant longtemps tellement elle me semble exemplaire à maints égards.

En effet, nous sommes là face à deux hommes qui ont choisi deux stratégies rigoureusement opposées en tous points, bien qu’ils appartiennent, comme ils le clament en chœur, « à la même famille politique ». François Fillon, ancien Premier ministre estampillé homme d’Etat, situe clairement cette première manche dans la perspective de 2017. Son raisonnement est le suivant : si le peuple de droite estime qu’il représente sa meilleure chance de battre Hollande dans cinq ans, il vaudrait mieux qu’il ne subisse pas l’humiliation de la défaite dans trois semaines. Au contraire, Jean-François Copé veut inscrire cette élection dans la nécessité immédiate de s’opposer de manière plus constructive et organisée à la politique du gouvernement, pas au delà. Il est vrai qu’un consensus semble se dégager à l’UMP autour de la tenue de primaires ouvertes en 2016 qui serviront, in fine, à sélectionner le champion de la droite à la présidentielle.

Concernant la campagne elle-même, même s’il multiplie les déplacements, François Fillon avance l’œil rivé sur les sondages qui le placent en grandissime favori chez les sympathisants UMP, persuadé que ces chiffres influenceront les votes des militants et lui octroieront une victoire confortable. Tout au contraire, le challenger Copé s’attelle à gagner voix après voix, s’appuyant sur un maillage de cadres placés opportunément dans chaque fédération depuis qu’il dirige le parti.

Les deux rivaux se différencient jusque dans le positionnement idéologique, alors qu’ils font face à deux phénomènes concomitants : la poussée du Front National qui préparent déjà les prochaines municipales et la création d’un parti de centre-droit ambitieux, dirigé par Jean-Louis Borloo qui veut faire de l’UDI la formation dominante à droite comme a pu l’être un temps l’UDF sous Giscard. D’un côté, Copé, chantre d’une « droite décomplexée », se pose dans une geste sarkozyenne comme le seul capable de freiner la progression des « marinistes ». De l’autre, Fillon, en fidèle héritier du gaullisme social version Séguin, espère empêcher la fuite des « modérés » de l’UMP vers l’UDI et, ipso facto, préserver la position majoritaire de son parti au sein de la droite républicaine.

Difficile, à ce stade, de savoir lequel des deux a le plus de chances de l’emporter. Mais ce dont on est sûr, c’est que le résultat de ce combat plus équilibré qu’il n’y paraît pèsera sur les prochains scrutins « fermés » et les tactiques des candidats dans ce type de consultation.

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