Vladimir Poutine continue d’accuser l’Occident et fait nouveau, met en garde des oligarques qui ont expatrié leur fortune … <!-- --> | Atlantico.fr
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Dans son discours à la nation du 21 février, Poutine a accusé l'Occident de vouloir «en finir» avec la Russie.
Dans son discours à la nation du 21 février, Poutine a accusé l'Occident de vouloir «en finir» avec la Russie.
©Ramil SITDIKOV / SPUTNIK / AFP

Atlantico Business

Pour Poutine, l’Occident est responsable de la guerre, mais fait nouveau, il considère que les oligarques et les entrepreneurs ont expatrié l’argent gagné en Occident. C’est un peu vrai sauf qu’il a protégé et utilisé ce système oligarchique.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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Ce qui est extraordinaire chez Vladimir Poutine, c’est qu’il est capable de dire tout et n’importe quoi, à commencer par condamner un système d’oligarchie qu’il a lui-même installé et protégé.

Pour le monde des affaires international, le discours de Vladimir Poutine ne sera pas difficile à décrypter… Il sait maintenant que la Russie va s’isoler dans une sorte d’autarcie économique. En revenant sur le modèle ouvert à l’international qui avait été mis en place après l’effondrement de l’union soviétique, il a dessiné une Russie repliée sur elle-même. N’ayant rien à offrir au peuple russe en terme de victoire militaire, ni en prospérité économique, il leur vend une promesse de fierté retrouvée, mais aussi la promesse d’un modèle d’organisation économique très éloignée du modèle occidental et qui n’est pas sans rappeler le centralisme soviétique.

Vladimir Poutine demande même à tous les exilés en Occident de rentrer, il montre du doigt tous les oligarques qui se sont installés dans des « palais » situés dans les grandes capitales occidentales ou qui naviguent sur des yachts en Méditerranée. En leur disant que de toute façon, l’argent qu’ils ont mis de côté leur sera volé par les Occidentaux et qu’en plus, eux seront toujours considérés comme des parias. On connaissait les ennemis de l’extérieur, il désigne maintenant les ennemis de l’intérieur.

Le discours était une caricature du discours habituel. Beaucoup plus long que le Kremlin ne l’avait laissé entendre. Il s’organise en trois axes comme à Sciences Po.

1er axe, la guerre en Ukraine. No comment, sauf pour accuser l’Occident. Pour Poutine, il s’agit toujours d’une opération spéciale pour venir en aide à des populations russophones de l’est mais une opération qui a dégénéré. Il accuse donc les Occidentaux d’une agression provoquée par l’Occident et visant à détruire la Russie. La guerre est donc menée par l’Otan réunifiée, et par tous les pays européens et une grande partie du monde. La Russie doit donc se défendre et pour se défendre, elle a besoin de son peuple. Elle a aussi besoin d’être forte sur le plan économique et là, il reconnait à demi-mots que ça ne marche pas comme ça devrait. D’où l’idée de réorganiser le système économique et ça c’est nouveau.

2e axe, l’état economique de la Russie et son développement, c’est un échec. Vladimir Poutine ne dit pas explicitement que les sanctions occidentales ont fait du mal à l’économie russe. Au contraire, il explique que les agents économiques se sont adaptés, que la Russie a trouvé des clients alternatifs à ceux qu’il avait avant la guerre sur le gaz et le pétrole. Bref, en termes de financement, il a de quoi faire face. En termes de croissance, il s’offre le plaisir de rappeler que le FMI a constaté que le PIB ne s’était contracté que de 2,1% alors que le monde entier pariait sur un effondrement. Voilà pour les compliments qu’il se fait. La suite est évidemment plus rock’n’roll puisqu’il dresse quand même un tableau désolé et désolant du modèle économique de la Russie depuis plus de 20 ans. En clair, Vladimir Poutine explique qu’au lendemain de la fin du communisme, l’économie russe s’est tournée vers l’économie de marché, vers un capitalisme pur et dur, une mondialisation, en essayant d’imiter le modèle occidental. Mais en réalité, la Russie s’est comportée comme une économie de rente.

Seulement voilà, Vladimir Poutine constate que ce modèle n’a pas marché. Parce que tout le monde sait que la population à laquelle il s’adresse pour faire la guerre vit misérablement dans le fond de la Russie. Elle n'habite ni à Moscou, ni à St Pétersbourg.

Et qui la faute. Très simple. Pour Poutine, ce sont tous les entrepreneurs et les oligarques qui n’investissent pas dans les territoires mais préfèrent mettre leur argent dans les banques occidentales ou se font construire des palais en Europe ou à Dubaï. Et d’ajouter qu’il n’ira pas pleurer si ses comptes et ses richesses sont bloquées dans les banques et même saisies. Pour lui, cette population aura perdu leur fortune et leur honneur.

Il est évident qu’il vient maintenant offrir à son peuple qui commence à pleurer la tête de tous ceux qui ont profité du système. Il n’oublie qu’une chose, c’est un système qu’il a lui-même installé et protégé.

Le 3e axe, retour vers le passé. Vladimir Poutine dresse très rapidement le nouveau modèle économique qu’il promet de développer grâce à des investissements massifs. Et qui ressemble étrangement à l’ancien système soviétique : étatisme, centralisme et autarcie.

D’abord, des industries de manufacture pour disposer les produits et les composants qu’il n’importera plus de l’étranger, et ensuite des grandes infrastructures de communication ; des ports, des aéroports, des écoles et l’équipement le plus emblématique : une autoroute qui relierait Moscou à Pékin. Tout un programme qui ouvre évidemment des perspectives vers l’Asie et c’était évidemment un message destiné au monde entier et peut être un appel au secours à Xi Jinping.

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