Une seule ambition, l’Elysée : quel chemin Arnaud Montebourg peut-il emprunter pour parvenir à ses fins ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Dans une interview au magazine M du journal Le Monde, Arnaud Montebourg a fait preuve d'ambition présidentielle
Dans une interview au magazine M du journal Le Monde, Arnaud Montebourg a fait preuve d'ambition présidentielle
©Reuters

En se rasant

Dans une interview au magazine M du journal Le Monde, Arnaud Montebourg a déclaré en "avoir marre des élections", il ajoute que la présidentielle est la seule élection à laquelle il envisage de se présenter un jour. Mais avant de penser à 2017, il devra envisager la primaire socialiste.

Thomas Guénolé

Thomas Guénolé

Thomas Guénolé est politologue et maître de conférence à Sciences Po. Son dernier livre, Islamopsychose, est paru aux éditions Fayard. 

Pour en savoir plus, visitez son site Internet : thomas-guenole.fr

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Atlantico : Dans une interview accordée au magazine M, Arnaud Montebourg a déclaré  «La présidentielle est la seule élection à laquelle j'envisage de me représenter un jour», il précise qu'il en a "marre des élections". Quel chemin peut-il emprunter pour arriver à 2017 ? Quels sont les - nombreux - obstacles qui vont se présenter à lui ?

Thomas Guénolé : Si c’est 2017, cela signifie imposer qu’il y ait une primaire socialiste comme en 2002 ou en 2011 alors qu’il y a un président sortant socialiste. Cela existe aux USA, même s’il s’agit plus d’une simple formalité. Ou bien, ça suppose que François Hollande ait atteint des niveaux d’intentions de vote tellement bas qu’il faille changer de candidat. Le seuil pour un président sortant en dessous duquel la candidature à la réélection devient très difficile est de 20%. En dessous de cette barrière, les challengers se manifestent. Nicolas Sarkozy l’avait vécu à la fin de son quinquennat.

De plus, Arnaud Montebourg s’exprime maintenant en réponse à la "saga" Manuel Valls que nous avons vécu cet été.

Il ajoute « Après le ministère, j'arrête la politique, en tout cas comme une carrière". Il indique avoir "pleins de projets" pour la suite. Quelles sont ses opportunités en dehors de la politique ? Peut-il réellement la quitter ?

Quel que soit le métier qu’on exerce, nous sommes des millions à se dire qu’on peut faire autre chose. Pour combien est-ce vrai ? En particulier pour les hommes politiques, combien sont vraiment passés à autre chose après avoir eu une carrière d’envergure nationale ? Ils sont peu nombreux. La plupart de ceux qui font autre chose reste dans le "parapolitique". Philippe Douste-Blazy fait de l’humanitaire à un poste semi-politique par exemple.

Cependant, Arnaud Montebourg est un des rares à avoir eu une véritable activité professionnelle avant d’entrer en politique, à savoir avocat. Il pourrait donc très bien revenir à un poste d’avocat, il serait probablement très bien accueilli, surtout dans la sphère parisienne.

Quelle est la stratégie d'Arnaud Montebourg en faisant ces déclarations ? A-t-il un but caché ?

Quand on fait partie des membres d’un gouvernement, et qu’on est parmi les présidentiables, il est rare de revenir à de la politique locale sauf quand on perdu toute perspective présidentielle. Il s’agit essentiellement de réaffirmer son ambition présidentielle face à Manuel Valls qui de façon plus ou moins subtile a fait ça tout l’été. La lutte pour la pôle position commence très tôt et la préparation de "l’après-Hollande" a déjà commencé  : soit Valls soit Montebourg.

Le primaire socialiste a tout changé, car maintenant le patron de la gauche c’est le vainqueur de la primaire, et ce dernier est choisi par les électeurs et non par les adhérents. Les électeurs sont beaucoup moins à gauche que les adhérents. Les adhérents entre les socialistes et les socio-démocrates sont divisés à 50/50, et cela s’est vu pendant le référendum sur le Constitution européenne. Les électeurs, c’est deux tiers pour les socio-démocrates et un tiers pour les socialistes. D’ailleurs, Montebourg a fait 20% à la primaire.

Quels sont ses soutiens au sein du parti ? Peut-il se présenter à la présidentielle sans passer par les primaires ? Une scission est-elle possible au sein du PS ?

Il n’y aura pas scission du PS ni de l’UMP. L’UMP est une marque, tout comme le PS. On ne tue pas la poule aux œufs d’or. L’accumulation des intérêts individuels est la plus puissante force centripète de l’univers.

Montebourg a tout intérêt à rester au PS. Le problème qu’il a c’est qu’il n’est pas parvenu à avoir un courant établi au sein du parti, Valls non plus d’ailleurs. Il faut un courant organisé dans le parti, dans la majorité parlementaire et les élus locaux, en particulier les maires des grandes villes et les présidents de régions pour être crédible. A un moment donné, faire le tour des caméras ne suffit plus. Il y a quelque chose qui est en train de se préparer en Montebourg, Hamon et Taubira et s’ils s’organisent cela peut poser problème à Valls, car les trois représentent une gauche socialiste et non pas social-démocrate.

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