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Un nouveau type de démence sénile différent d’Alzheimer identifié (et voilà pourquoi c’est important)
©JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

Progrès

Selon un rapport publié récemment dans la revue Brain par des chercheurs du Rush University Medical Center, des millions de personnes âgées sont atteintes d'une forme de démence qui a été diagnostiquée à tort comme la maladie d'Alzheimer.

Thierry Bautrant

Thierry Bautrant

Thierry Bautrant est médecin Psychiatre spécialisé en gérontopsychiatrie. Spécialiste des troubles du comportement dans la maladie d’Alzheimer.

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Atlantico : Comment se comprend la démence en termes médicaux et comment se distingue-t-elle de la maladie d'Alzheimer ?

Thierry Bautrant : La démence est un trouble de mémoire avec entre autres une difficulté instrumentale (difficulté à parler ou à mettre en motricité une idée) ainsi que des troubles dysexécutifs (difficulté à planifier ou à contrôler). Il s'agit donc d'un syndrome qui peut avoir plusieurs causes : la maladie d'Alzheimer en est une, mais il y en a d'autres comme la démence frontale, la démence à corps de Lewy. L'alcool et les produits toxiques peuvent aussi générer une démence.

Il ne faut pas confondre toutes les formes de détériorations cognitives liées à l'âge et la maladie d'Alzheimer. Quand vous vieillissez mal, parce que vous avez une dépression, parce que vous prenez des médicaments, vous pouvez avoir des troubles de mémoire, vous pouvez avoir des troubles de comportement légers mais ce n'est pas une démence d'Alzheimer. Avant, on appelait ça la pseudo-démence ; maintenant on appelle ça détérioration intellectuelle liée à l'âge. Ces personnes qui ne vieillissent pas bien n'ont pas pour autant la maladie d'Alzheimer. La maladie d'Alzheimer est une démence qui provoque des troubles de mémoire aberrants, c'est-à-dire que les malades ne reconnaissent même pas leurs propres enfants ; auxquels s'ajoutent de troubles du comportement parfois très violents, qui peuvent être de l'opposition, de l'agressivité, voire des troubles hallucinatoires ou une dépression grave. Donc la démence d'Alzheimer est particulière parce que ce sont des plaques de protéine dans le cerveau qui détruisent des neurones et qui provoquent une démence irréversible et il n'y a malheureusement pas de médicaments pour le moment qui peuvent arrêter la maladie. Il y a eu une polémique, il y a longtemps, autour d'un livre qui disait qu'on avait pris pour Alzheimer des maladies qui n'en étaient pas. En fait, il y a eu des gens, peut-être même des médecins, qui mettaient des médicaments à des détériorations liées à l'âge qui n'étaient pas des démences d'Alzheimer. D'où maintenant l'idée qu'il faut faire attention avec ces produits anti-Alzheimer qui depuis très peu de temps ont été dé-remboursés par le gouvernement parce que l'HAS a prouvé qu'ils ne faisaient pas preuve d'efficacité et qu'ils étaient en plus de ça pourvoyeurs d'effets secondaires très néfastes pour les personnes âgées vulnérables.

Les caractéristiques cliniques et neurocognitives de LATE affectent de multiples domaines de la cognition, ce qui finit par nuire aux activités de la vie quotidienne. En se basant sur les recherches existantes, les auteurs ont suggéré que la démence progresse plus graduellement que la démence dans la maladie d'Alzheimer. Faut-il considérer la première comme un stade avant la seconde ? Cette découverte remet-elle en cause la conception que l'on se fait habituellement de la maladie d'Alzheimer ?

L'encéphalopathie est une souffrance de l'encéphale (i.e du cerveau) que l'on a longtemps pris – et c'est encore le cas aujourd'hui - pour une maladie d'Alzheimer, c'est-à-dire pour une détérioration liée à l'âge. Or la démence d'Alzheimer est une maladie à part, avec une protéine tau, que l'on peut retrouver dans le liquide céphalo-rachidien quand on fait une ponction lombaire. C'est donc une maladie bien connue et très bien définie. C'est vrai qu'on a pris beaucoup de maladies pour de l'Alzheimer parce que le diagnostic est difficile et qu'on les a traitées comme telles alors que ça n'aurait pas dû être le cas. Le rapport en question va dans ce sens.

Puisque l'encéphalopathie diffère de la maladie d'Alzheimer, comment traiter cette nouvelle forme de démence ? A quels traitements ou thérapies autres que ceux réservés à l'Alzheimer faudra-t-il faire appel ?

De toute manière, il n'y a pas de thérapies pour la démence d'Alzheimer pour le moment. Il y a de la recherche en termes de médicaments, des anticorps pour essayer de lutter contre ces fameuses plaques amyloïdes. Il y a un traitement qui aurait réduit la vitesse du déclin, mais avec beaucoup d'effets secondaires, ce qui a d'ailleurs donné lieu à une énorme polémique. Mais il n'y a pas de solutions. Par contre, quant à la démence d'Alzheimer, on sait qu'il faut traiter les troubles du comportement qui sont autour de la maladie. Ici, il y a des thérapies, notamment non-médicamenteuses qui sont très efficaces et en plus très bienveillantes. Pour l'encéphalopathie, il n'y a pas de médicaments non plus. Il faut accompagner les personnes âgées qui sont frappées par cette maladie. Il ne sert à rien de mettre en place des traitements qu'on appelle "anti-Alzheimer" qui devaient diminuer le déclin.

Ce qui est certain, c'est qu'il faut lutter contre les troubles du comportement qui entourent les maladies. Grâce à différentes thérapies : une étude est sortie dans le journal américain JAMDA et prouve que quand on change l'environnement dans les maisons de retraite la nuit, on diminue de 70% les troubles du comportement de nuit liés à la maladie d'Alzheimer. Toutes ces méthodes vont dans ce sens.

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