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Tout arrive : Moscovici ferme le paradis fiscal de Monaco…
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Atlantico Business

En visite "officielle" à Monaco, Pierre Moscovici, commissaire européen, a négocié la fin des secrets bancaires de Monaco. Le Rocher en tremble.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Cette affaire qui pourrait n'être qu'anecdotique prouve au moins que Pierre Moscovici, commissaire européen a plus de pouvoir que le Pierre Moscovici qui était ministre de l'Economie à Paris.

Affaire anecdotique parce que ça devait bien arriver un jour, tout le monde en parlait. La Suisse, le Liechtenstein et la principauté d’Andorre y sont passés et ont abandonné le sacrosaint secret bancaire. Celui qui autorisait toutes les turpitudes financières et fiscales.

Monaco qui avait encore dissimulé quelques belles fortunes américaines, anglaises, russes ou mêmes originaires du Moyen-Orient, faisait de la résistance. Avec la complicité française parce que la France avait tout intérêt à protéger le statut fiscal de Monaco, et ne pas chercher à savoir d’où venait l'argent.

D'abord parce que les Français eux-mêmes ne pouvaient pas en profiter. Donc la morale franco-française était sauve. Un Français ne pouvait pas cacher son argent à Monaco. Quant à l'argent des autres qui, pour plein de raisons venait se cacher à Monaco, il entrait dans la zone euro et de plus était consolidé dans la balance des paiements française. C’était tout bénéfice.

Les ministres français n'ont donc jamais fait beaucoup d'efforts pour normaliser la situation du Rocher.

Ce que Pierre Moscovici n'avait pas entrepris quand il était à Bercy, il vient de l'obtenir au nom des Européens de Bruxelles. En fait, Bruxelles, fidèle à ses pratiques, a réalisé ce que les pays membres n'osaient pas faire. Ce n’est pas la première fois. Mais passons !

Monaco va désormais se rapprocher dans ses pratiques financières, des grandes démocraties européennes en acceptant de signer l'accord d’échange automatique d'informations fiscales. En clair, les banques installées à Monaco ne pourront plus se prévaloir du secret pour refuser de donner des informations aux pays qui voudront en savoir plus sur la situation de certains de leurs ressortissants.

En fait, Monaco s’est résolu à suivre le chemin emprunté par les autres paradis fiscaux européens à commencer par la Suisse. Pour des raisons d'image et surtout sous l'amicale pression de Bruxelles.

Alors les choses ne vont pas devenir transparentes du jour au lendemain. Monaco a obtenu comme la Suisse un délai de deux ans avant de s’aligner sur la réglementation. Deux ans pour permettre aux exilés fiscaux pour choisir leur destin. Soit ils trouvent un accord avec l'administration fiscale française qui leur permettra de blanchir cet argent à un prix acceptable. Soit ils se mettent à chercher un nouvel exil fiscal dans le monde. Il en reste mais il faudra aller plus loin, en Asie ou dans les Caraïbes.

Du côté de Bercy on espère récupérer un bon milliard d’euros par an sur deux ans en provenance d’exilés repentis qui souhaiteraient rester sous le soleil du Midi. Le Rocher sera fiscalement moins clément, mais il restera avantageux. Les Russes et les émirs qui voudront mettre de l'argent à Monaco seront aussi visibles que s’ils avaient choisi une agence de la BNP à Paris, mais moins imposés. Les fraudeurs eux n'auront aucun intérêt à rester.

Les banques internationales installées à Monaco en ont déjà tiré les leçons. Alors qu’en 2010, il y avait encore 50 établissements financiers, il en reste aujourd'hui une trentaine. C’est encore beaucoup pour un village de 2 km carrés peuplé de 37 000 Monégasques.

Le problème est que l'industrie financière faisait vivre 4000 salariés et gérait plus de 100 milliards d'actifs internationaux. Alors, comparé à Londres c’est une miette, mais pour la Côte d'Azur c’était important.

Monaco cherche donc un autre modèle économique que celui qui était fondé sur le blanchiment de l'argent plus ou moins sale. La vocation sera toutefois de continuer à attirer les grosses fortunes qui auront droit à un régime fiscal plus light qu'ailleurs, mais en toute légalité.

Signe des temps, l'immobilier qui a toujours été extrêmement cher à Monaco n’a pas baissé. 

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