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Terrorisme : Emmanuel Macron met une bonne droite à sa gauche
©Reuters

Et pan sur sa gauche

Alors que François Hollande fait la guerre et que Manuel Valls l’explique au Parlement, le ministre de l’Économie a repris son bâton de pèlerin du libéralisme social. Ça va encore grogner du côté de Matignon.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Emmanuel Macron est sorti de son silence en dénonçant la politique du gouvernement dans  le développement du terrorisme. C’est évidemment  une position dissonante par rapport à celles défendues par le président de la République. Le ministre de l’Economie se distingue à nouveau dans le brouhaha des analyses et des commentaires en reprenant  la petite musique libérale qui lui a valu d’être le ministre le plus populaire du gouvernement.

C’était samedi, devant l’université des Gracques, un groupe de réflexion et d’influence qui regroupe des hauts fonctionnaires et des chefs d’entreprise. Politiquement, ce groupe est plutôt de gauche, mais de la gauche libérale.

"Nous sommes une société dont au cœur du pacte républicain  il y a l’égalité", a-t-il  rappelé. "Mais  nous avons progressivement abîmé cet élitisme ouvert républicain, qui permettait à chacune et à chacun de progresser. Nous avons arrêté la mobilité". Il ajoute pour illustrer son propos que "quelqu’un sous prétexte qu’il a une barbe ou un nom à consonance qu’on pourrait croire musulmane, à quatre fois moins de chances d’avoir un entretien d’embauche qu’un autre…"

"Nous avons donc une part de responsabilité, parce que ce totalitarisme se nourrit de la défiance que nous avons laissée s’installer dans la société. Il se nourrit de cette lèpre insidieuse qui divise les esprits, et, si demain nous n’y prenons pas garde, il les divisera plus encore".

Conscient du poids de la responsabilité qu’il rejette sur la politique économique du gouvernement, il a ensuite essayé de temporiser :  "je ne suis pas en train de dire que tous ces éléments sont la cause première du djihadiste. C’est la folie des hommes, et l’esprit totalitaire et manipulateur de quelques-uns. Mais il y a un terreau, ce terreau est notre responsabilité". Emmanuel Macron a beau nuancer son propos, il met quand même les pieds dans le plat de la soupe gouvernementale.

Personne ne doute que les attentats terroristes sont désormais l’œuvre des tueurs complètement manipulés par des assassins sanguinaires avec des méthodes de nazis. Des assassins qui utilisent la religion musulmane qu’ils ne respectent pas pour enrôler et envoyer des pauvres garçons simples d’esprit semer la mort dans les rangs des occidentaux. C’est un fait. Ces terroristes n’ont qu'une seule idéologie, celle de semer la terreur en occident.

La position française coûte un peu à la gauche et au Président parce que François Hollande abandonne ses illusions tiers-mondistes pour enfourcher des mesures très sécuritaires qui étaient réclamées par la droite depuis longtemps. Le Président doit en plus infléchir sa politique étrangère et rejoindre une alliance internationale qui va commencer par épargner Bachar parce que l'on aura besoin de l’armée syrienne.

Cette position correspond à la demande légitime de l’opinion publique et du même coup, le couple de l’exécutif Hollande et Valls assume, et remontent dans le sondages.

Ceci dit, ces sondages ne signifient rien .Quand  l’émotion sera retombée on demandera à Manuel Valls pourquoi son gouvernement n’a rien fait depuis un an. Pourquoi avoir été aussi léger et dilettante sur les renseignements.

Emmanuel Macron vient donc de jeter un nouveau pavé dans la marre en expliquant que la ruine de l’économie française avait favorisé l’émergence de ce terrorisme chez certains Français. La misère et la paralysie du système ont rejeté une partie de la société musulmane vers la délinquance et vers la violence. D’où la tentation de partir en Syrie se former à la guerre et gagner les clés du paradis puisque c’est ce qu’on leur a expliqué.

Pour Emmanuel Macron et beaucoup d’autres observateurs, le blocage de la société française a favorisé la marginalisation de certains. Et pour corriger cette marginalisation, la France avait besoin d’une autre politique économique. Il ne fallait sans doute pas accroitre les protections sociales comme on a fait, il fallait libérer les initiatives. Permettre à tous de créer des entreprises et des activités.

Après tout, l’Amérique a réglé en partie son problème de cohabitation avec les population noires en supprimant l’apartheid oui, mais aussi en permettant à la communauté noire de générer une bourgeoisie économique et une classe moyenne.

Les libertés d’installations dans les banlieues difficiles ne s'appliquent pas sauf dans les activités complètements illégales, le commerce de la drogue et la prostitution. Sans vouloir polémiquer, la vigueur de cette économie parallèle prouve bien que l’esprit d’entreprise existe. Dommage qu’il ne puisse pas s’exercer dans les secteurs marchands légaux, peut-être parce que "le terreau" ne le permet pas. 

Emmanuel Macron ne dit pas des choses profondément originales. Quand Manuel Valls portait encore seul le discours libéral, il avait failli se faire lyncher par une grande partie de majorité en parlant d'apartheid dans les quartiers. Manuel Valls a cessé de jouer les libéraux de service, il est coincé dans le logiciel autoritaire. Manuel Valls le reprendra, mais quand toute l’émotion sera retombée, et que l’on fera le compte des responsabilités de chacun. Il y aura des explications de gravures politique.

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