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Suppression des tribunaux correctionnels pour mineurs : une mesure doublement dangereuse pour la société française actuelle
©Reuters

Coup fourré

La suppression des tribunaux que mène le Garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas va à la fois envoyer un message de laxisme aux jeunes délinquants et du même coup braquer une opinion qui n'en finit plus d'être excédée.

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Il a écrit notamment écrit en 2021 : "Manuel de résistance au fascisme d'extrême-gauche" (Les Nouvelles éditions de Passy). 

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L'Assemblée nationale a finalement voté en commission la suppression des tribunaux correctionnels pour mineurs. Quelles sont les motivations qui ont motivé ce choix du législateur ?

Gilles William Goldnadel : Il s'agit d'une motivation idéologique. Je partage pour cela en tout point les critiques émises par l'Institut pour la Justice. Le candidat François Hollande avait promis de revenir sur les tribunaux pour mineurs à bon marché. Dans le cadre d'une loi à peu près fourre-tout, il tente de de se faire pardonner ses manquements économiques. C'est un geste à la gauche de la gauche, aux frondeurs. De ce point de vue-là, Jean-Jacques Urvoas mène la même politique que Christiane Taubira. Il le fait, lui, en douce. 

Dans quelle mesure l'existence de tribunaux correctionnels spécifiquement destinés à traiter des affaires de délinquance juvénile était-elle selon vous justifiée ? Quels exemples précis démontrant leur utilité pouvez-vous citer ?

Elle était justifiée, car ces tribunaux, créés en 2011, répondaient à la nécessité de juger les mineurs âgés de 16 à 18 ans, catégorie extrêmement criminogène. Alors que la gauche est arcbouté sur l'ordonnance de 1945, sur la croyance dans les "chiens perdus sans colliers" à la Gilbert Cesbron, les mineurs concernés n'ont qu'un rapport extrêmement lointain avec le mineur de 1945. Il mesure 30 cm de plus, il pèse 30kg de plus, ces délinquants sont souvent armés. En réalité, à les considérer encore comme des enfants, alors qu'on parle ici de récidivistes, c'est bien la preuve que le gouvernement n'a rien compris aux avertissements reçus pour l'instant sans frais. 

Pour cette catégorie très spécifique de mineurs, je pense que la philosophie que la philosophie de la loi de 2011 était une philosophie avancée.  Je dirai même "progressiste", au vrai sens du terme. Malheureusement, on n'a donné aucun sens à cette loi, du fait tout d'abord de la sociologie de certains magistrats, qui y ont été dès le départ extrêmement réticent. Ensuite, à partir de l'arrivée de Madame Taubira aux affaires, il ne fallait plus y compter ! 

En conséquence, le fait de dire comme Jean-Jacques Urvoas et ses amis que ces tribunaux n'étaient pas plus sévères que les autres (ce qui n'est pas faux) c'est la grande hypocrisie ! Car de fait, chacun s'est employé à ne donne aucune chance à cette loi de 2011. Et le meilleur moyen de tuer ses chances était effectivement de l'assassiner en douce comme l'a fait Monsieur Urvoas !

Une pétition demandant de renoncer à cette suppression a récolté 275 000 signatures. Et plus largement, les sondages d'opinion démontrent que les Français aspirent à davantage de sévérité. Comment pensez-vous que cette décision sera reçue, et quelles conséquences aura-t-elle à l'échelle de la société française ?

Ce genre de mesure n'aura aucune incidence sur la politique, car le gouvernement n'a que mépris pour ce que les Français pensent, qu'ils taxeront bien évidemment de populistes, et deuxièmement parce qu'ils sont bien plus intéressés par ce qui reste leur cœur de clientèle et qui les soutient mordicus sur ce point : la gauche de la gauche. Evidemment, cette pétition est utile, mais elle est utile pour préparer le remplacement de ces gens dans un an. 

Les Français en tant que tels sont désabusés, et savent exactement aujourd'hui à quoi s'en tenir. Ils savent que la justice est orientée. Les magistrats, et notamment les juges d'application des peines.  Les Français savent que les tribunaux ne font pas toujours leur travail et qu'ils ne respectent même pas toujours les décisions de justice qu'ils prononcent. Les Français sont mûrs mais désabusés. Il ne leur reste plus qu'à attendre un an désormais. 

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