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Sos civilité : le Coronavirus a malmené les bonnes manières. Voilà pourquoi nous avons besoin de les sauver
©PHILIPPE LOPEZ / AFP

Vie en société

Le coronavirus a imposé des gestes barrières et malmené les bonnes manières en allant parfois à l'encontre des règles de politesse habituelles. A terme, certaines pratiques risquent de disparaître.

Geneviève d'Angenstein

Geneviève d'Angenstein

Geneviève d'Angenstein est la fondatrice de Businessetiquette.Paris et notamment de l'école de la Courtoisie et du Protocole, destinée à la maîtrise des codes sociaux et professionnels. Elle a suivi cursus en littérature, philosophie et surtout anthropologie et a parcouru de nombreux pays avec son mari diplomate.

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Atlantico.fr : Plus de poignées de mains, plus de "après vous" en se tenant la porte, est-ce que les gestes barrières pour lutter contre le coronavirus vont avoir raison des bonnes manières ?

Geneviève d'Angenstein : La société est un ensemble vivant et la politesse est absolument nécessaire pour que la société perdure donc elle va toujours retrouver d'autres façons de s'exprimer. Cette façon de se toucher, etc, c'est revenir à des choses très anciennes, très primitives : lorsque les gens se rencontraient, ils se reniflaient. On pense que se serrer la main c'est un geste pacifique mais en fait, c'est un geste de défiance à l'égard de l'autre. Après, on a trouvé d'autres façons de se dire bonjour. Les orientaux ne conçoivent pas qu'on puisse se toucher pour se dire bonjour. Après trois ans en Inde, j'avais beaucoup de mal à serrer la main des gens. Ce sont des réflexes qu'il ne faut pas voir seulement à travers le prisme de notre culture.

Comment peut-on appliquer les règles du savoir-vivre tout en respectant les règles sanitaires ?

Le savoir-vivre, c'est le fait de respecter l'espace de l'autre. À partir du moment où on met de la distance par rapport à l'autre, on va tout à fait dans le sens des règles de la politesse. Les deux fondamentaux de l'anthropologie de la politesse et du savoir-vivre, c'est de ne pas faire perdre la face à l'autre et de respecter son territoire. A partir du moment où vous avez des règles qui s'imposent par l'actualité, le fait de respecter au maximum le territoire de l'autre va dans le sens même de la politesse. Au grand temps de la politesse, de Louis XIV, on ne se touchait pas et les sentiments étaient tout aussi aiguisés mais on n'allait pas dans le territoire de l'autre. C'est quelque chose qui est fondamental. Cette situation ne fait qu'accentuer quelque chose qui est très important dans la société.

Par exemple, lorsqu'on attend quelque part, dans une queue, il y a une façon de se comporter qui est civile, par rapport au fait que dans certains cas on n'avait pas du tout ces réflexes. On réinitialise quelque chose qui doit se faire pour obéir aux lois de la société. Lorsqu'on est obligé de faire la queue, il y a plus de civilité, qu'autrefois parce que c'est rentré dans les mœurs. Il y a de nouveaux paramètres et on y répond avec une nouvelle façon de se comporter.

Peut-on imaginer voir des nouvelles règles d'étiquette et de savoir-vivre liées au coronavirus se pérenniser et devenir la nouvelle norme ?

Il  va  y avoir une gestuelle qui va être plus accentuée, on va mettre le focus sur le langage, ça sera tout aussi discriminant que les bonnes manières qui font que, certains gestes, à l'heure actuelle, sont bienvenus. On va certainement trouver d'autres façons de se distinguer : le langage, le regard. Il va y avoir toute une panoplie de nouveaux gestes qui vont perdurer, même si ils sont différents.

Il faut imaginer d'autres façons de communiquer, par les yeux, le regard bienveillant, le langage. Ce sont des choses qui vont nous prendre un petit peu de court. On pensait être très poli en se faisant la bise, en se tapant dessus mais en fait c'est quelque chose qui est très primitif. Je ne pense pas que le fait d'avoir trouvé des distances par rapport aux autres discrédite la bienséance. On va être obligé de manifester ses sentiments d'une autre façon, c'est quelque chose qui peut être très enrichissant.

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