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Sommet européen sur les migrants sans la France : François Hollande inaugure une nouvelle version de la politique de la chaise vide
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Vous avez dit déclin ?

Silencieuse sur la question de la politique migratoire européenne, la France n'a plus la moindre crédibilité et s'écrase derrière la politique allemande. Un rapport de force d'autant plus clair que François Hollande ne se déplace même plus jusqu'aux sommets européens sur la crise des migrants.

Atlantico : Ce samedi 24 septembre, Vienne est le théâtre d'un sommet européen sur les questions migratoires. Si Angela Merkel est attendue, François Hollande a annoncé qu'il devait visiter le centre d'accueil des réfugiés de Tours. Quelles sont les différentes positions, en matière d'immigration, des principaux acteurs européens ?

Laurent Chalard : Tout d’abord, il convient de noter qu’il existe un désaccord généralisé entre les différents pays membres de l’Union Européenne concernant les questions migratoires, du fait d’intérêts divergents en fonction des situations démographique, philosophique et économique de chacun. 

D’un côté, nous avons des pays favorables à une ouverture partielle des frontières, dont, à sa tête, l’Allemagne, qui a un besoin énorme de main d‘œuvre du fait d’une situation démographique très dégradée dans un contexte d’économie qui fonctionne relativement bien. Même si ses dirigeants souhaitent aujourd’hui freiner les flux migratoires, ils ne parlent pas d’y mettre fin totalement. Les pays scandinaves, dont la Suède, s’inscrivent dans la même logique d’ouverture partielle, principalement par positionnement idéologique, un jusqu’au-boutisme pro-immigration au nom des droits de l’homme. 

D’un autre côté, les autres pays de l’Union Européenne, c’est-à-dire la majorité, sont favorables à la fermeture des frontières pour des raisons variées, même s’ils ne le clament pas tous aussi fortement que la Hongrie. Certains pays ne souhaitent pas recevoir massivement des immigrés, principalement car ils sont dans une situation économique catastrophique ne permettant pas d’accueillir de nouvelles personnes, c’est le cas des Etats d’Europe méridionale. D’autres pays ont fait un choix sociétal rejetant le principe même de la société multiculturelle, ayant souffert de l’idéologie communiste qui brimait le nationalisme, c’est le cas de l’Europe de l’Est. Enfin, d’autres Etats sont dans une logique de fermeture car leur meilleure situation démographique fait qu’ils n’ont pas de besoins importants en main d’œuvre, c’est le cas du Royaume-Uni et de la France.  

Qu'est-ce que l'absence de François Hollande traduit, concrètement, du rapport de force entre les pays d'Europe ? Qui tire aujourd'hui les ficelles et décide de la politique européenne d'immigration ? Quelle portée pour la voix de la France ?

Il est difficile d’interpréter l’absence de François Hollande, ne connaissant pas les raisons profondes de son choix, même si elle apparaît grandement regrettable, étant donné l’enjeu majeur de la question migratoire pour le devenir du continent. Malheureusement, concernant la politique migratoire européenne, qui n’existe pas (c’est là le problème !), il est clair que la France est en retrait, ne s’étant jamais clairement exprimée sur cette question. Notre pays apparaît complètement à la remorque des prises de décision de son voisin allemand. Comme bien souvent, François Hollande fuit ses responsabilités face à une question fortement clivée. En effet, il paraît surprenant que le choix de l’Allemagne d’ouvrir grande ses portes aux migrants syriens l’année dernière n’ait pas fait l’objet d’une concertation en amont avec la France, alors que cette décision, d’importance majeure, était susceptible de modifier le peuplement du continent, en faisant un choix existentiel. 

Comment la France pourrait-elle retrouver une certaine crédibilité ou un certain poids sur ces questions ? Quel impact ce déséquilibre a-t-il et comment y remédier ?

La France ne peut retrouver une certaine crédibilité qu’en défendant une position claire auprès de ses partenaires européens, en l’occurrence assumer sa politique de fermeture dans un contexte de terrorisme et de risque d’anarchie généralisée sur le continent. Cependant, à l’heure actuelle, il est peu probable qu’un président de gauche, à l’exception peut-être de Manuel Valls s’il devenait président, ait l’audace de défendre publiquement une politique de fermeture, qui, rappelons-le, n’est pas spécifiquement partisane (les plus forts partisans de l’ouverture aux migrants se retrouvent chez les ultra-libéraux classés à droite). 

Le principal impact de ce déséquilibre est que la politique migratoire de l’Union Européenne s’apparente à une politique migratoire allemande, conduisant à une ouverture, qui n’aurait probablement pas été aussi importante si la France avait manifesté un refus à la politique d’Angela Merkel l’année dernière. Cependant, cette situation témoigne surtout du fait que l’Union Européenne prend l’eau de toute part, chaque pays jouant sa propre carte. Les choix migratoires allemands sont à l’origine du Brexit et constituent probablement le début de la fin pour une Union Européenne sans pilote dans l’avion.

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