Selon Nouriel Roubini qui avait prévu la crise de 2008, retarder l’éclatement inéluctable de l’euro ne fait qu’aggraver la crise<!-- --> | Atlantico.fr
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L'économiste Nouriel Roubini estime que retarder l’éclatement inéluctable de l’euro ne fait qu’aggraver la crise.
L'économiste Nouriel Roubini estime que retarder l’éclatement inéluctable de l’euro ne fait qu’aggraver la crise.
©Reuters

Crise persistante

Dans une tribune publiée par Project Syndicate, l'économiste explique qu'attendre l'inévitable aboutira à la fin de la zone euro, tandis que se séparer de la Grèce maintenant permettrait de sauver le marché unique.

Les solutions pour sauver la zone euro de la crise ne cessent de faire l'objet de divers rapports, de tribunes d'économistes en tous genres.

Il y a encore trois semaines, l'Institute for New Economic Thinking Council on the Euro Zone Crisis (ICEC), financé par le milliardaire américain George Soros, publiait un rapport dans lequel il proposait plusieurs solutions pour répondre à la crise de une zone euro menacée d'un "désastre aux proportions inimaginables".

Aujourd'hui, c'est le célèbre économiste Nouriel Roubini, qui avait notamment prédit la crise financière dès 2005-2006, qui donne son avis sur la question. Un avis plutôt sombre et pessimiste. Cassandre, es-tu là ?

Dans une tribune publiée sur le journal site Project Syndicate, le "sage" rappelle dans un premier temps ce que devrait faire la zone euro pour éviter, ou plutôt retarder, la catastrophe, et une sortie de la Grèce. Jusque-là rien de nouveau. L'économiste revient en effet sur les dernières décisions, et les développements récents qui ont agité l'Union européenne ces derniers temps. Du Mécanisme européen de stabilité, mis en place en réponse à la crise de la dette publique dans la zone euro et qui créé un fonds commun de créances entre les Etats signataires pour lever des fonds afin d'aider en urgence les Etats en difficulté économique, à la Banque centrale européenne, qui a annoncé début août qu'elle était "prête à intervenir sur le marché obligataire". Le président de la BCE Mario Draghi avait alors annoncé que l'institution pourrait racheter des obligations souveraines de certains pays, comme la Grèce et l'Espagne, sur le marché secondaire de la dette publique.

"Ainsi, l'Allemagne et le centre de la zone euro n'ont cessé d'externaliser le financement de ses membres en difficulté, donnant notamment plus d'importance à la BCE", comme le rappelle Nouriel Roubini dans sa tribune qui assure que cette stratégie pourrait marcher si elle laisse le temps aux réformes économiques et à une politique d'austérité de restaurer les finances, la compétitivité, et par la suite la croissance.

Mais comme l'ont prédit nombre de spécialistes, cela ne se fera pas sans heurts. Les gouvernements comme les citoyens devront être particulièrement patients, aussi bien dans les pays périphériques, que dans les pays formant le noyau de la zone euro. Les manifestations d'Européens mécontents des mesures d'austérité ne devraient pas s'arrêter de sitôt en Espagne et en Grèce, et les Allemands devraient continuer de se plaindre de payer pour les autres.

Mais Roubini s'interroge donc : "Ce scénario [pour sauver la zone euro] est-il vraiment possible ? Considérons rapidement ce qu'il adviendrait : des divergences économiques, et une aggravation de la récession; une balkanisation irréversible des marchés financiers et du système bancaire; une dette insupportable pour le public et le privé […] une lassitude face à l'austérité en périphérie et au sauvetage dans les pays dans le noyau […], et de sérieuses difficultés pour arriver à une union fiscale, bancaire, économique et politique".

Ainsi, si la zone euro décide en effet de poursuivre ce chemin, la situation sera particulièrement compliquée pour tout le monde. Et pour Roubini, il se peut même qu'une rupture de la zone euro ne puisse pas être évitée, même en appliquant les stratégies citées précédemment. Les économistes de la banque américaine Citi déclaraient d'ailleurs fin juillet qu'une rupture de la zone euro, avec notamment une sortie de la Grèce, avait désormais 90% de chances d'arriver. Et un article du journal britannique The Guardian affirmait en juillet dans un article que "la Grèce n'arriverait pas à tenir ses politiques d'austérité et qu'elle devrait quitter la zone euro tandis que la récession continue".

Nouriel Roubini explique donc que s'il y a en effet rupture de la zone euro, ce qu'il pense lui aussi être inévitable, la stratégie choisie par l'Allemagne et la BCE de financer très largement les Etats périphériques entraînera "une destruction des bilans des banques centrales. Pire encore, des pertes massives dues à la matérialisation d'un risque de crédits mettrait en danger la viabilité des dettes des économies des pays du noyau, ce qui pourrait remettre en question la survie même de l'Union européenne". C'est pourquoi Nouriel Roubini estime qu'un "divorce forcée dès aujourd'hui est préférable à une rupture difficile de dernière minute".

Ce divorce, qui coûterait bien évidemment très cher à tout le monde, et pas seulement sur le plan financier, permettrait donc de sauver le marché unique et l'Union européenne, tandis qu'attendre, qui coûterait encore plus cher que décider d'une rupture dès aujourd'hui, pourrait aboutir à la destruction du marché unique, et à un retour de mesures protectionnistes.

Le problème : personne au sein de la zone euro ne semble vouloir accepter une sortie de la Grèce. Le futur nous dira si Nouriel Roubini avait en effet raison.

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