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Sanofi, énième illustration de la bataille entre les logiques économiques et les logiques politiques
©Reuters

L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

La crise a multiplié les contradictions violentes entre les logiques économiques et les logiques politiques. Chez Sanofi, le salaire du nouveau PDG correspond aux conditions du marché international des cadres dirigeants, mais il est totalement insupportable par les salariés de l’entreprise ou l’opinion publique en général.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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4 millions d’euros. La prime d’entrée offerte à Olivier Brandicourt, le nouveau DG de Sanofi, est totalement légale et conforme à la charte définie par les organisations patronales, le MEDEF et l’AFEP. Cette prime, ajoutée à la rémunération, correspond aux conditions du marché mondial des dirigeants de multinationale. Olivier Brandicourt est une star mondiale de la spécialité. Il est médecin, ancien patron de Bayer en Allemagne. Il a fallu le payer à ce niveau pour le convaincre de venir travailler en France.

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Ceci étant, cette affaire est insupportable pour une grande partie de l’opinion ou de ses représentants. Les hommes politiques de droite ou de gauche et les syndicats se disent choqués par de tels avantages. Ils les comparent à la situation financière des salariés les moins bien payés. Ils comparent également aux choix économiques de l’entreprise, qui actuellement ne créé pas d’emplois.

Bref, les représentants de l’opinion publique alimentent une polémique dont la France raffole périodiquement et qui marque le fossé qui existe entre les logiques de l’économie et les logiques politiques. Il n’y a d’ailleurs qu’en France où il existe de telles polémiques. Sanofi a beau expliquer sa position, le patronat assez discret a eu beau laisser fuiter des statistiques montrant la réalité du marché international des dirigeants, rien n’y a fait.

Cette polémique traduit un certain nombre de phénomènes récurrents : un manque d’informations, un déficit de pédagogie et surtout un rapport à l’argent qui n’est jamais très clair.

La rémunération d’un footballeur ou le cachet d’une rockstar ne suscite pas ce genre de critiques hystériques. Le commun des mortels trouve quasiment normal que ceux qui amusent ou nous font rêver soient très bien payés. En revanche un grand médecin, un chirurgien  qui travaille à la fois en clinique privée et à l’hôpital publique, qui gagnera 200.000 euros par an, gagnera toujours trop.

Le médecin doit sauver des vies mais il doit en plus rester pauvre s’il veut jouir de la considération de son environnement. C’est stupide mais c’est ainsi. L’opinion n’accepte pas un haut salaire de cadre dirigeant chez Sanofi, mais ne s’offusque absolument pas de la fortune d’un héritier ou d’une héritière dont le seul mérite est d’être né au bon endroit.

Pour les Français, l’argent et la morale doivent cohabiter. L’anglo-saxon ne se demandera jamais si l’argent est moral ou pas. En revanche, il exigera que celui qui a de l’argent soit d’une éthique morale incontestable. L’argent apporte un pouvoir d’achat ou un moyen d’investissement, celui qui gère cet argent apporte la morale quel que soit l’origine de cet argent. Argent gagné par le travail, le capital ou l’héritage.

Il existe en permanence un conflit entre la logique économique et la logique politique. Entre l’argent et la morale. Ce conflit en arrive à paralyser l’évolution du marché. Quand les hommes politiques français attaquent les hauts salaires, par démagogie , ils dissuadent les hauts salaires de rester en France. Ce conflit entre les deux logiques ne touche pas seulement à la microéconomie.

Le fonctionnement de la démocratie politique pousse certains candidats à faire des promesses qui seront impossibles à réaliser. Du coup, ils créent de la déception, de la frustration et de la colère.

La Grèce aujourd'hui offre le spectacle de ce type de contradiction. La gauche radicale s’est fait élire sur un programme irréalisable, du coup elle doit plier devant les réalités du marché.

Le marché et toutes les contraintes économiques ont souvent raison contre la raison politique. Ce n'est pas pour autant que l’économie doit balayer un jugement politique. La vraie responsabilité de la démocratie politique, c’est de prendre la mesure de ce qui est possible et non pas de céder en permanence à ce qui est souhaitable.

Les politiques et les syndicats français ne font aucun effort pour expliquer la contrainte des hauts salaires sur le marché internationale des cadres dirigeants.

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