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La Responsabilité sociale 
des entreprises rend zen
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Cher Cyril Delattre

En réponse à la tribune de Cyril Delattre sur les bienfaits économiques de la Responsabilité sociale des entreprises (RSE), et dans le cadre de la Semaine du développement durable, le fondateur de Kinomé - entreprise à vocation sociale spécialisée dans la lutte contre la déforestation - Nicolas Métro a tenu à livrer sa vision de la RSE, teintée d'écologie et d'humanisme. Ou quand le profit se veut source de bien-être pour tous.

Nicolas Métro

Nicolas Métro

Nicolas Métro est le fondateur de Kinomé ("l'Oeil de l'Arbre" en japonais), entreprise à vocation sociale spécialisée dans la valorisation des forêts et la lutte contre la déforestation.

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Personnellement, je ne pourrais être en accord avec cetteaffirmation que si on redéfinit au préalable le profit.

Dans le langage commun, au moins dans le milieu des affaires, ce mot veut dire "le chiffre du bas dans le compte de résultat annuel", ou encore "ce qui reste sur le compte en banque de l'entreprise et des actionnaires ". Si nous sommes d'accord sur ce constat, alors, nous ne le sommes pas sur la phrase ! Car la recherche sans limite du profit, comme finalité de l’entreprise, est précisément à l'origine des catastrophes humaines et environnementales auxquelles nous devons faire face de plus en plus.

L'entreprise au service de tous

A l'inverse, si profit veut dire “épanouissement/amélioration des conditions de vie du plus grand nombre” (comme un bébé “profite”) au sens  de "aprovechar", ou tirer le meilleur parti des ressources humaines et naturelles pour le bénéfice, y compris financier, de l'entreprise et de la société humaine en général, alors oui nous sommes d'accord !

Bon nombre d'entreprises ont historiquement été créées pour toute autre chose que “faire du profit”: pour gérer un risque (je pense aux banques mutualistes par exemple, mais aussi aux grossistes dans un pays comme le Japon), ou à l'inverse une opportunité comme une invention, un rassemblement, une "entreprise" au sens originel (celui des grandes explorations)... Une entreprise est donc avant tout un outil destiné à trouver les moyens nécessaires à un objectif partagé par ses fondateurs/fondatrices.

L'entreprise au service de quelques-uns

Le profit, qui donne accès à l'argent, est un des moyens, mais il est loin d'être le seul : il ne donne pas ou peu accès à la créativité (on voit bien par exemple que les laboratoires pharmaceutiques les plus riches de la planète innovent de moins en moins, à force de devoir vendre des médicaments chers et brevetables destinés à une petite minorité plutôt que de chercher à apporter la santé à tous), à l'harmonie sociale (quand il faut faire 10 % de profit en plus chaque année et quand l'inflation est de 2 %, il est mécaniquement quasi impossible de redistribuer de la richesse à ses employés), à la protection des ressources naturelles (les forêts sont indispensables à  la vie humaine sur terre et irremplaçables mais disparaissent à grande vitesse car les services qu’elles rendent ne sont pas - encore ! - valorisés par l’économie de marché), ou encore à l’espoir (pourquoi la France compte-t-elle parmi les pays les plus pessimistes sur son avenir tout en étant championne de la productivité du travail ?).

Le profit à réinventer

Plutôt que le profit, il me semble donc que la finalité de toute entreprise était à l'origine, et doit redevenir : permettre au plus grand nombre de répondre à ses besoins fondamentaux : santé, sécurité, équilibre et bien-être de vie, respect de la personne, inclusion et non exclusion dans le groupe, accès à la connaissance et réalisation de soi. C’est avant tout cela, la  Responsabilité Sociale des Entreprises.

Si on peut utiliser le moteur du profit (redéfini) pour y parvenir, tant mieux ; je pense sincèrement que c’est possible, car le marché est énorme ; mais si on n'y arrive pas, il faudra bien inventer quelque chose d'autre. Contrairement à ce que pensait à un moment Francis Fukuyama, on est bien loin de la fin de l'histoire...

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