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Renault-Nissan : menaces de divorce si Emmanuel Macron ne lève pas les verrous posés pour de mauvaises raisons
©Reuters

L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

Nissan menace Renault d’une procédure de divorce si Emmanuel Macron ne revient pas sur la décision de permettre à l’État français d’exercer un pouvoir hégémonique sur leur alliance. Le dernier conseil d’administration de lundi 31 octobre a été surréaliste.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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C’est une histoire qui illustre, une fois de plus, l’arrogance de l’Etat quand il veut se mêler des affaires d’une entreprise pour montrer qu'il lui reste du pouvoir. Emmanuel Macron, en bon petit soldat, s’est un peu fait piéger par les fonctionnaires parce qu’il lui faut trouver une porte de sortie sans perdre la face. On est aujourd’hui très près de la rupture et l’alliance entre Renault et Nissan qui a remarquablement fonctionné pendant 13 ans au profit des deux marques est sur le point d’éclater.

Pour tous les observateurs, cette rupture sera beaucoup plus difficile à digérer pour Renault que pour Nissan. Nissan est aujourd’hui, deux à trois fois plus puissant, plus profitable et plus dynamique que Renault. Si au début de cette union entre les deux constructeurs, c’est Renault qui est arrivé au secours du japonais, aujourd'hui c’est Nissan qui supporte Renault.

L’affaire remonte déjà à quelques mois, quand en avril, l’Etat français a porté à 19,7% du capital sa part dans Renault. Une décision d’Emmanuel Macron qui a permis au gouvernement, avec le jeu des droits de vote doubles, de posséder une majorité de blocage.

Le gouvernement français n’avait nullement l’intention de se mettre à fabriquer des voitures, il voulait simplement par application de la loi Florange, pouvoir exercer un véto à toutes les décisions qui auraient remises en cause l’emploi. Cette loi Florange avait été votée dans le but de calmer les frondeurs. Pour le management de l’alliance, dirigée par Carlos Ghosn, un tel pouvoir juridiquement possible avec le jeu des votes doubles était inacceptable. Pour Nissan qui se retrouvait en minorité c’est à dire otage, c’était insupportable. 

La présidence de l’alliance et le gouvernement ont donc essayé de trouver une solution. La seule possible et raisonnable aurait été que l’Etat se désengage en vendant ses titres. Sauf qu'entre temps, la valeur des titres a baissé. Les revendre, revenait donc à enregistrer une perte de plusieurs centaines de millions. Ca faisait désordre pour le ministre des Finances. Emmanuel Macron se sentait capable de justifier un retrait stratégique de l’Etat, mais il se voyait mal expliquer que son aller-et- retour sur la loi Florange allait coûter une fortune au trésor, c’est-à-dire aux contribuables, puisque c’est de l’argent public. Emmanuel Macron se drape donc dans la posture de l’homme du gouvernement qui défend les intérêts de l’Etat français. L’affaire est donc bloquée. Les Japonais se sentent de plus en plus en position d’otage d’un gouvernement français très imprévisible. Et le gouvernement français est aussi quoiqu’il dise, totalement coincé.

Carlos Ghosn lui,  fait monter la pression. Le conseil d’administration de ce lundi a une fois de plus permis aux représentants de Nissan de confirmer son intention d’introduire une demande en divorce si aucune solution n’est trouvée.

Prochain rendez-vous le 11 décembre lors d’un nouveau conseil, où les administrateurs espèrent que l’Etat annoncera qu’il va respecter sa promesse de revendre les 5% du capital qui avait permis a Macron d’annoncer qu'il pourrait faire appliquer la loi Florange. Ceci dit, le ministre qui veut conserver une minorité de blocage a aussi ajouté qu’il ne s’en servirait pas. Lui peut être, mais ses successeurs... La réalité de cette affaire est beaucoup plus simple. L’Etat n’est plus obsédée par la loi Florange. L'Etat est obsédée par la puissance de Nissan. L'Etat ne voudrait pas qu’un jour, le pouvoir chez Renault ne bascule dans les mains des Japonais, même si les Japonais sont dirigés par Carlos Ghosn.

L’industrie française est dans un tel état qu’elle est en permanence vulnérable. Renault ne serait pas la première entreprise importante à se retrouver sous une bannière étrangère.  

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