Régularisations : la vérité sur les chiffres de ce que fait (déjà) la France <!-- --> | Atlantico.fr
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La politique française est aujourd’hui beaucoup plus définie par l’émotionnel que par l’économique.
La politique française est aujourd’hui beaucoup plus définie par l’émotionnel que par l’économique.
©LUCAS BARIOULET / AFP

Immigration

Les débats sur la future loi immigration continuent d’exacerber les tensions. La création d’un nouveau titre de séjour « travail des métiers en tension » devrait faire son apparition.

Jean-Paul Gourévitch

Jean-Paul Gourévitch

Jean-Paul Gourévitch est écrivain, essayiste et universitaire français. Il a enseigné l'image politique à l'Université de Paris XII, a contribué à l'élaboration de l'histoire de la littérature de la jeunesse et de ses illustrateurs par ses ouvrages et ses expositions, et a publié plusieurs ouvrages consacrés à l'Afrique et aux aspects sociaux et économiques de l'immigration en France. Il a notamment publié La France en Afrique 1520-2020 (L'Harmattan), La tentation Zemmour et le Grand Remplacement (Ovadia 2021), Le coût annuel de l'immigration (Contribuables Associés 2022).

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Atlantico : Les débats sur la future loi immigration continuent d’exacerber les tensions. La création d’un nouveau titre de séjour « travail des métiers en tension » devrait faire son apparition. La gauche appelle à régulariser tous les travailleurs sans papiers. Or les régularisations ont déjà lieu depuis plusieurs dizaines d’années. Qu’en est-il du nombre de régularisations ? Quelles lois existantes les régissent ?


Jean-Paul Gourévitch : Les régularisations n’ont jamais cessé depuis François Mitterrand. En 2008, Nicolas Sarkozy avait par circulaire établi une liste de 30 métiers "en tension" qui permettaient l’embauche de travailleurs étrangers avec un certificat de travail. La circulaire Valls de 2012 a prévu de régulariser les étrangers en situation irrégulière qui vivent en France depuis au moins 5 ans, ont travaillé au moins 8 mois les deux dernières années et possèdent un contrat de travail ou une promesse d’embauche. L’étude des régularisations des 5 dernières années montrent qu’elles ont touché annuellement environ 30 000 personnes.

Années

2018

2019

2020

2021

2022

Régularisations

30 742

29 604

27 080

31 075

34 029

Elles concernent principalement les travailleurs actifs en situation irrégulière dans les métiers en tension. Mais on trouve aussi des étrangers malades qui doivent poursuivre leur traitement, des parents d’élèves scolarisés, des mineurs devenus étudiants et des conjoints étrangers.

À partir de ce constat, la loi sur l’immigration ne risque-t-elle pas d’être seulement une de plus et de contribuer au flou sur la politique migratoire de la France ?

Nous avons connu près de 30 lois sur l’immigration depuis 40 ans. Cette frénésie législative n’a que peu modifié en profondeur l’ampleur des vagues migratoires et la déficience de leur reflux. L’aide au développement des pays émergents n’a pas freiné le désir de migration de leurs ressortissants. Elle l’a au contraire accru comme nous l’avons démontré. Le chômage des immigrés provenant du continent africain est toujours près de deux fois supérieur à celui des nationaux, la politique de reconduites des déboutés reste un échec et l’absence d’une stratégie migratoire concertée de l’Union Européenne fait que l’immigration choisie est…choisie par les migrants eux-mêmes. On peut donc légitimement s’interroger sur l’utilité et l’efficacité de cette loi, quel que soit le texte final adopté.

Dans le BTP, 150 000 emplois devraient être supprimés d'ici 2025 d’après les derniers chiffres. Quelles réponses pourrait apporter le gouvernement en cas de crise économique ou de troubles dans un secteur en particulier ?

Nos gouvernements successifs ont jusqu’ici montré peu de capacité d’anticipation. Nous nous essoufflons à courir derrière les évènements et je ne vois aucune raison pour que cela change.

N’est-il pas sensible voire dangereux de ne définir une politique d’immigration qu’en fonction de l’aspect économique ?

La politique française est aujourd’hui beaucoup plus définie par l’émotionnel que par l’économique. Par exemple, on met l’accent sur l’accueil en invoquant le devoir de secourir des populations en détresse, en oubliant que l’accueil n’est que la première étape d’un parcours professionnel qui devrait aboutir à un emploi. Or les enquêtes publiées montrent qu’à peine un tiers des migrants, trois ans après leur arrivée, ont trouvé à s’insérer dans le secteur formel. Même si on ajoute ceux qui oeuvrent dans l’informel, on atteint difficilement les 50%. Il n’y a pas de véritable adéquation entre les qualifications et les compétences de ceux qui arrivent et les emplois disponibles. J’ajouterais volontiers que les contribuables qui financent le déficit de l’immigration, ont le droit d’être informés, quelles que soient leurs opinions, de l’état de la balance dépenses-recettes et des perspectives d’amélioration de la situation. C’est le sens du travail scientifique que je conduis depuis près de 15 ans avec les équipes de Contribuables Associés.

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