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Le retour sur la réforme des retraites sera-t-il le premier écueil
de François Hollande ?
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Pénélope

Le retour partiel à la retraite à 60 ans doit être l'une des mesures phares du début de quinquennat. Les syndicats en profiteront-ils pour aller au bras de fer et forcer le gouvernement à aller plus loin que ce qu'il a annoncé ?

Stéphane Sirot

Stéphane Sirot

Stéphane Sirot est historien, spécialiste des relations sociales, du syndicalisme et des conflits du travail.

Il enseigne l’histoire politique et sociale du XXe siècle à l’Université de Cergy Pontoise.

Derniers ouvrages parus : « Les syndicats sont-ils conservateurs ? », Paris, Larousse, 2008 ; « Le syndicalisme, la politique et la grève. France et Europe (XIXe-XXIe siècles) », Nancy, Arbre bleu éditions, 2011.
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Comme prévu, la question des retraites est d’ores et déjà au cœur de l’agenda du premier gouvernement du Président Hollande. Rien de surprenant à cela, pour des raisons tant structurelles que conjoncturelles.

D’abord, la durée du travail est depuis le XIXè siècle un marqueur central de la gauche et du syndicalisme. Plus près de nous, la retraite à 60 ans fait partie de l’héritage mitterrandien dont se revendique François Hollande.

Ensuite, l’allongement de l’âge de la fin de vie professionnelle a donné lieu, à l’automne 2010, à une ample mobilisation dont l’échec a traumatisé une partie du salariat et de ses représentants. C’est pourquoi il leur est impératif d’obtenir des concessions dans ce domaine du nouveau pouvoir.

Enfin, une alternance est toujours suivie, en raison des attentes créées par la campagne électorale, d’une salve de demandes venues de toutes parts.

Pour autant, les retraites peuvent-elles constituer la première difficulté concrète du gouvernement Ayrault ? Les syndicats peuvent-ils le mettre sous pression sur ce sujet ?

Il est raisonnable de penser qu’il n’en sera probablement rien.

Complaisance syndicale envers François Hollande

Sur le plan strictement politique, François Hollande a éclairci son horizon dès les primaires socialistes, en s’écartant du programme de son parti, pour ne promettre un retour à la retraite à 60 ans qu’aux salariés ayant cotisé 41 annuités. Cette ligne a de surcroît globalement été tenue pendant la campagne des présidentielles.

Sur le plan social, il ne semble guère envisageable que les syndicats érigent l’enjeu des retraites en point d’achoppement sans retour avec la présidence Hollande. Cela pour au moins trois grandes raisons.

Tout d’abord, les grandes centrales ont appelé ou souhaité la défaite de Nicolas Sarkozy, donc la victoire de son adversaire socialiste. Il n’est donc certainement pas question pour elles de ruiner d’emblée leurs espoirs de relance du dialogue social avec l’Etat qu’elles appellent de leurs vœux.

Pas de mobilisation à l'horizon

D’autre part, même si la CGT ou FO, par la voix de leurs secrétaires généraux respectifs, incitent François Hollande à aller au-delà de ses promesses initiales, cela s’inscrit dans une logique habituelle du jeu de rôle social : les organisations syndicales demandent en effet traditionnellement davantage que ce qu’elles sont au final prêtes à accepter dans le cadre d’un compromis. De surcroît, la CFDT se satisfera encore plus aisément que les autres d’un dispositif spécifique aux carrières longues, pour lequel elle milite et s’est engagée depuis la réforme Fillon de 2003.

Pour finir, une relance de la mobilisation paraît improbable à court terme. L’opinion n’y est sans doute pas prête, la démarche syndicale unitaire n’y survivrait définitivement pas et chaque acteur social sait que le débat sur les retraites est de toute façon très certainement appelé à être relancé dans le courant de l’actuel quinquennat.

Au fond, dans l’immédiat, l’attente des directions confédérales vis-à-vis du nouveau pouvoir est double : recevoir de sa part quelques signes de bonne volonté, du grain à moudre social ; renouer le dialogue et, par là même, être rétablies dans leurs fonctions d’interlocutrices légitimes et écoutées.

En un mot, le Président Hollande n’a pour l’instant pas grand-chose à craindre du champ syndical. Engagé dans un processus historique de recentrage et d’accompagnement, ce dernier est surtout en attente d’une pleine réintégration dans le jeu institutionnel, après cinq années de sarkozysme qui l’ont profondément secoué.

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