Forrest Jump
Le nombre d'arbre sur la planète augmente, leur variété diminue. Comment l'espèce humaine façonne sa propre biodiversité
Malgré les déforestations massives, les incendies et les sécheresses, la Terre compte plus d'arbres qu'en 1982, grâce aux politiques de reforestation. Allons-nous vers un système écologique façonné par l'Homme ?
Atlantico: Une étude publiée dans la revue britannique Nature révèle que, malgré les déforestations massives dans les régions tropicales, les incendies, les sécheresses et les épidémies, la Terre compte plus d'arbres qu'en 1982, notamment grâce aux politiques de reforestation. Revers de la médaille, la biodiversité en souffre fortement. Allons-nous vers un système écologique façonné par l'Homme ? L'article paru dans la revue Nature tire un constat généralement optimiste de l'évolution de la reforestation. Malgré un fort courant climato-sceptique, avons-nous une prise de conscience du problème au niveau global ?
Thierry Gauquelin : L'idée d’une forêt globalement en extension au niveau mondial n’est pas celle que se fait le grand public, dans la mesure où il est généralement fait référence aux forêts tropicales qui subissent elles une déforestation massive. Mais dans cette extension des forêts et du nombre d'arbres au niveau mondial, il est important de distinguer deux phénomènes très différents et aux conséquences presque opposées. il y a d’abord - et c’est l’essentiel en Europe, en Amérique du Nord et dans certains secteurs d'Asie, une reforestation naturelle liée à l’abandon des terres et de l’élevage qualifiée globalement de déprise agricole et pastorale. La forêt reprend naturellement ses droits après des siècles d’exploitation plus ou moins intensive des terres pour l’agriculture et l’élevage. Cette reforestation se fait selon des dynamiques naturelles qualifiées de successions végétales faisant intervenir tour à tour différentes essences.. C’est par exemple le cas en France métropolitaine où la forêt dont la superficie à doublé depuis les années 1820 augmente aujourd’hui de près de 60000 ha par an, ce qui constitue un phénomène majeur… pourtant mal connu de la population. Il y a deuxièmement les plantations massives notamment en Chin , plantations réalisées pour des raisons économiques : production de bois, de pâte à papier, huiles de palme, plantations comme nous en avons pou en connaître au 19 et 20° siècle, dans les landes par exemple. Plus près de nous on peut prendre l’exemple des immenses plantations d’Eucalyptus réalisées au Portugal au dépend de forêts naturelles de Chênes lièges.Peut-on d’ailleurs qualifier ces plantations de forêts? oui si on prend uniquement en compte le fait qu’il s’agit d’arbres d’une hauteur et densité suffisante. Non, d’un point de vue écologique, dans la mesure où ce sont des écosystèmes très simplifiés qui ne sont pas le siège de toutes les interactions entrte organismes vivants qui caractérisent une forêt et que, de plus, le cycle sylvo-génétique est généralement tronqué par une exploitation rapide de ces arbres.
Les chercheurs pointent du doigt la faible diversité des arbres replantés par l'Homme. Quel impact cela peut-il avoir sur l'écosystème à terme ?
Se dirige-t-on vers une biodiversité façonnée par l'Homme et pour l'Homme ?
L’homme a depuis des millénaires façonnée la biodiversité tant au niveau des espèces animales et végétales qu'à celui des des écosystèmes et des paysages. La reconquête forestière liée à la déprise - correspondant donc à une diminution de l'emprise de l’homme sur les territoires et à une « domestication « moindre - même si au niveau global l’anthropocène est en marche - s’inscrit dans une dynamique inverse qualifiée parfois d’ensauvagement. Même si cette dynamique peut cependant être largement modifiée par les espèces invasives, le changement climatique, et autres perturbations une certaine naturalité se réinstalle. Les plantations monospécifiques à but économique relèvent plus d’une démarche agricole où, par exemple, le maïs exploité tous les ans serait simplement remplacé par des arbres exploitées tous les huit ou dix ans avec la même implication sur les pertes de biodiversité que celles constatées dans les milieux cultivés avec apports d’intrants et de pesticides.
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