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Primaire républicaine : le vainqueur de l’Iowa s’appelle… Barack Obama
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Trans-Amérique Express

Comme tous les mercredi, Gérald Olivier livre sa chronique sur l'actualité américaine. Cette semaine, coup de projecteur sur les résultats des votes dans l'Iowa ce mardi soir, première étape de la primaire républicaine.

Gérald Olivier

Gérald Olivier

Gérald Olivier est journaliste et  partage sa vie entre la France et les États-Unis. Titulaire d’un Master of Arts en Histoire américaine de l’Université de Californie, il a été le correspondant du groupe Valmonde sur la côte ouest dans les années 1990, avant de rentrer en France pour occuper le poste de rédacteur en chef au mensuel Le Spectacle du Monde. Il est aujourd'hui consultant en communications et médias et se consacre à son blog « France-Amérique »

Il est aussi chercheur associé à  l'IPSE, Institut Prospective et Sécurité en Europe.

Il est l'auteur de "Mitt Romney ou le renouveau du mythe américain", paru chez Picollec on Octobre 2012 et "Cover Up, l'Amérique, le Clan Biden et l'Etat profond" aux éditions Konfident.

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L’Iowa a parlé. L’oracle attendu depuis des mois est tombé. Mais cet oracle n’a pas désigné de clair vainqueur. Sauf peut-être … Barack Obama.

Les résultats de la primaire républicaine indiquent que Mitt Romney et Rick Santorum sont arrivés en tête, à égalité avec 24,5% des voix chacun. Suivent Ron Paul avec 21%, Newt Gingrich avec 13%, Rick Perry à 10% et Michele Bachmann à 5%. Jon Huntsman avait fait l’impasse sur cet état pour se concentrer sur les étapes suivantes, le New Hampshire, le 10 janvier, la Caroline du sud le 21 et la Floride le 28.

Le vainqueur apparent est donc Mitt Romney. Il n’a pas failli à son statut de principal prétendant. L’autre vainqueur, c’est Rick Santorum. C’est lui dont on va parler dans les jours à venir parce qu’on ne l’attendait pas si haut. Voici une semaine il trainait dans les profondeurs des sondages.

Santorum est un ancien sénateur, catholique et très conservateur. Il a rassemblé le vote religieux et l’aile droite du parti. Beaucoup doutent de sa capacité à rassembler au-delà de cette base du fait de positions très tranchées, sur l’enseignement du créationnisme, par exemple.

Les deux perdants s’appellent Gingrich et Perry. Le premier a vu sa popularité s’effondrer dans les derniers jours. Le second n’a jamais décollé dans les sondages. Perry et Michele Bachmann pourraient être les premiers à quitter la course….

Le face à face entre Romney et Santorum illustre le débat qui divise le parti républicain entre centristes et radicaux, modérés et conservateurs, entre un « establishment » entrepreneurial et une base populiste. Les électeurs de l’Iowa n’ont pas tranché ce débat. Il va donc se poursuivre. Au moins jusqu’au « supermardi » du 6 mars où une dizaine d’États voteront en même temps. D’ici là, cette division profitera au locataire actuel de la Maison Blanche, Barack Obama.

Car tant qu’ils se disputent entre eux, les Républicains n’attaquent pas leur véritable adversaire. Et si Romney fait campagne, comme s’il était déjà en novembre, ses adversaires font campagne contre lui. D’où une surenchère pour s’attribuer le vote conservateur d’une part et le vote « libertarien » de l’autre. Les propositions de Ron Paul pour réduire le rôle et la taille du gouvernement fédéral, plaisent aux radicaux républicains, mais pas à une majorité de l’électorat américain. Pas plus que les propositions sociales d’un Rick Santorum sur l’interdiction de l’avortement, où la réforme de l’enseignement, ne séduisent les électeurs indépendants, ceux susceptibles de faire pencher la balance. 

Depuis 1972, l’Iowa, petit État du Middle-West, a le statut de « first in the nation ». Premier des cinquante États à voter, il ouvre les scrutins des primaires. Un statut qui vaut de l‘or. 51 millions de dollars, précisément, dépensés lors de la campagne de 2008. Un statut qui lui vaut aussi une attention médiatique largement supérieure au poids comptable de son vote. Mardi soir, moins de 1% des délégués nécessaires à la nomination ont été attribués. Le scrutin de l’Iowa n’est pas suivi de près parce qu’il est important. Il est important parce qu’il est suivi de près.

L’Iowa mesure de 56 000 km² et compte 3 millions d’habitants. Il est dix fois plus petit que la France et vingt fois moins peuplé. Son nom dérive d’une tribu indienne, les Ioways. Sa capitale s’appelle Des Moines, du nom de son principal cours d’eau. Prononcé à l’américaine, Des Moines devient « di-mogne’z », mais le nom est bel et bien français et rappelle que ce territoire fut propriété de la couronne. L’Iowa fait partie de ce qui était la « Nouvelle France », immense territoire vendu par Napoléon en 1803. Son drapeau est d’ailleurs… bleu blanc rouge.

Longtemps l’Iowa a été « le cœur de l’Amérique » (« Americas’ Heartland »). Le pays votait à son image. D’où sa réputation d’oracle politique. Les candidats y consacrent plus de temps que n’importe où ailleurs. Dans la grande tradition des campagnes américaines. Par du porte à porte. Ils sont accessibles et peuvent roder leur message. S’ils rencontrent un écho favorable, tout est possible. Si ce n’est pas le cas, ils doivent se rattraper très vite. L’Iowa sert moins à désigner le vainqueur final, qu’à identifier les premiers perdants et éclaircir les rangs des candidats.

Hillary Clinton, troisième en 2008, alors qu’elle était la favorite de la course ne s’est jamais vraiment remise de cette prestation médiocre. Barack Obama, au contraire vainqueur inattendu en 2008 a bénéficié d’un tremplin qui l’a catapulté vers la nomination puis la Maison Blanche. Aucun candidat, ayant fait moins bien que troisième dans l’Iowa, n’est jamais devenu Président. 

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