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Présidentielle 2017  : Le jugement sans appel de Macron sur Fillon et Juppé
©EMMANUEL DUNAND / AFP

Bonnes feuilles

"Je connaissais Emmanuel Macron avant qu'il ne se décide à se lancer dans l'aventure d'une campagne présidentielle. Et quand il m'a exprimé son ambition d'accéder à l'Élysée, j'ai fait comme tout le monde : je n'y ai pas cru. Pourtant, au fil des mois, au plus près de lui, de son épouse Brigitte et de son cercle rapproché, sur les routes de France comme dans l'intimité des tête-à-tête, j'ai vu cet impossible devenir un improbable, l'improbable devenir plausible, le plausible se transformer en une réalité". Extrait de "Un personnage de roman" de Philippe Besson, aux Editions Julliard (2/2).

Philippe Besson

Philippe Besson

Philippe Besson est né le 29 janvier 1967. Depuis En l'absence des hommes, son premier roman, couronné par le Prix Emmanuel-Roblès et vendu, toutes éditions confondues, à 80 000 exemplaires, Philippe Besson construit une œuvre d'une cohérence remarquable, au style à la fois sobre et raffiné devenu sa marque singulière. Auteur, entre autres, de L'Arrière-saison (Grand Prix RTL-Lire), Un garçon d'Italie, et La Maison Atlantique, il est devenu un des écrivains incontournables de sa génération. Ses romans sont traduits dans dix-neuf langues.

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En tout cas, François Fillon est dorénavant assuré de rester le candidat de la droite. J’en profite pour demander à Emmanuel M. s’il est surpris par ce dénouement. Il me répond avec un mélange de froideur analytique et de cruauté : « Je n’ai pas pensé une seule seconde qu’il abandonnerait. D’abord, le type est résilient : il a quand même été le Premier ministre de Sarko, je te rappelle ! Ensuite, il ne s’est pas construit dans la centralité de son mouvement, c’est un apparatchik, certes, mais marginal.

Enfin, son intérêt, c’était de tenir, sinon il n’était plus qu’un justiciable. Mais surtout, c’est typique de ce qu’il est : un bourgeois de province du XIXe siècle, il ne voit pas le problème. » Le jet d’éponge de Juppé ne l’a pas étonné non plus ? « Non, tu sais, c’est très dur de revenir quand des millions d’électeurs dans une primaire t’ont jeté. Paradoxalement, il aurait pu être un recours s’il ne s’était pas plié à l’origine à cet exercice. Et puis il s’est fait piéger par Sarko. Sarko comme toujours s’est montré habile. Comme toujours, il a manqué de hauteur. » Bertrand Delanoë m’appelle pour m’apprendre qu’il s’exprimera le lendemain matin sur France Inter. Il sort enfin de son silence. Il dit : « L’heure est grave. Mme Le Pen peut gagner cette élection.

Le seul qui soit en mesure de la battre, me semble-t-il, c’est Emmanuel. Je vais donc annoncer que je voterai pour lui. » Il prononce des mots qui lui coûtent : « Comprends-moi bien, ce n’est pas difficile de voter pour Emmanuel, d’autant que je trouve dans son projet beaucoup de choses qui me conviennent. Non, c’est douloureux de quitter, d’une certaine manière, la famille socialiste, c’est ma famille depuis plus de quarante ans. C’est une telle souffrance. Je ne me reconnais plus dans ceux qui la représentent mais je continue d’aimer passionnément ses électeurs. Certains, sans doute, parmi eux, ne comprendront pas mon choix. Mais je l’ai fait seul, en mon âme et conscience. » Je sens Emmanuel M. très touché par ce soutien. Il me glisse : « Pour quelqu’un comme moi, qui ai toujours été regardé comme un métèque en politique par tous les caciques, les mots, la gravité, l’engagement de Bertrand, c’est un moment que je n’oublierai pas. Ça te leste quand des personnalités comme lui te reconnaissent, il est une conscience, il a une histoire. Cela m’a beaucoup ému et en même temps, cela m’oblige plus encore. »

Extrait de "Un personnage de roman" de Philippe Besson, aux Editions Julliard

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