Première victoire de l'Iran après la fin des discussions sur la normalisation des relations entre Israël et l'Arabie saoudite<!-- --> | Atlantico.fr
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L'ayatollah Ali Khamenei a démenti que l'Iran soit derrière les attaques du Hamas.
L'ayatollah Ali Khamenei a démenti que l'Iran soit derrière les attaques du Hamas.
©HO / Iranian Supreme Leader's Website / AFP

Victoire politique

L’objectif de Téhéran est de casser la dynamique de rapprochement initiée par de nombreux pays arabes avec Israël et, tout particulièrement, l’éventuelle normalisation entre Tel-Aviv et Riyad.

Alain Rodier

Alain Rodier

Alain Rodier, ancien officier supérieur au sein des services de renseignement français, est directeur adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Il est particulièrement chargé de suivre le terrorisme d’origine islamique et la criminalité organisée.

Son dernier livre : Face à face Téhéran - Riyad. Vers la guerre ?, Histoire et collections, 2018.

 

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Dans le conflit qui oppose le Hamas à Israël, si les ordres tactiques ne proviennent pas de Téhéran, la plupart des financements sont iraniens ainsi que les missiles, roquettes sophistiquées et autres drones. Ces armes fournies depuis des années ne sont pas destinées qu’« à se défendre ».

L’objectif de Téhéran est de casser la dynamique de rapprochement initiée par de nombreux pays arabes avec Israël et, tout particulièrement, l’éventuelle normalisation entre Tel-Aviv et Riyad.

Globalement, Téhéran considère les pays arabes (et bien sûr Israël) comme ses adversaires. Une « entente » israélo-arabe est vue comme une alliance hostile dont les leaders sont ses plus importants ennemis : Israël et l’Arabie saoudite.

Enfin, l’Iran sait que la « rue arabe » n’est pas favorable à Israël (doux euphémisme) mais soutient globalement la cause palestinienne.

Téhéran a bien compris qu’une guerre entre l’État hébreu et le Hamas et le Jihad islamique palestinien met en danger les pouvoirs arabes qui craignent des soulèvements populaires.

Mais, pour l’instant, le moment ne semble pas venu pour Téhéran de déclencher un embrasement général de la région en lançant le Hezbollah libanais à l’assaut d’Israël. Les actions actuelles ne sont que des coups de sondes et vraisemblablement quelques initiatives individuelles de petits chefs locaux. Il convient tout de même de noter que des tirs de contre-batterie israéliens ont fait des victimes parmi les journalistes présents du côté libanais.

Il semble que Téhéran ne va pas aller plus loin - en dehors de sa rhétorique guerrière habituelle - car l’Arabie saoudite a annoncé samedi qu’elle suspendait la normalisation de ses relations avec Israël. Cela constitue une victoire stratégique très importante pour l’Iran.

Cela réduit aussi les risques d’une participation totale du Hezbollah au conflit car il est inutile pour le régime iranien de lancer son deuxième « proxy » maintenant que son principal objectif politique est atteint.

Mais il n’en reste pas moins que l’attitude du Hezbollah reste un point vital à surveiller. S’il décide d’attaquer l’État hébreu, les suites seront imprévisibles et il est légitime de supposer :

- qu’Israël ne sera pas en mesure de contrer les milliers de missiles, roquettes, drones tirés depuis le Liban (le Hezbollah en possède au moins dix fois plus que le Hamas) car le « dôme de fer » se retrouvera complètement saturé et rapidement à court de munitions ;

- ne pouvant directement intercepter les tirs du Hezbollah, Tsahal entrera au Liban pour détruire les bases de départ et peut même pousser plus au nord comme lors de l’« opération Paix en Galilée » en 1982 mais le coût sera très lourd car les positions de la milice chiite libanaise sont préparées pour cela (comme lors de la guerre de 2006) ;

- plus rien n’empêchera Israël de bombarder copieusement les infrastructures iraniennes en Syrie (déjà en cours mais de manière sporadique, les aéroports de Damas et d’Alep ont été bombardés le 13 octobre) et en Iran même ; les Américains qui sont en train de déployer deux groupes aéronavals en Méditerranée orientale devraient être entraînés dans cette spirale infernale ;

- des émeutes pro-palestiniennes se répandraient dans les pays arabes et en Europe (l’exemple de Londres le 14 octobre est significatif).

Quant aux actions terroristes, en plus de celles qui sont d’origine endogène (vraisemblablement comme celles commises en France le 13 octobre 2023 - en attente des résultats des enquêtes), les services iraniens ont une longue pratique du « terrorisme d’État ». Mais pour cela, il faut que le Guide suprême de la Révolution islamique en donne l’ordre.

Enfin, pour les mouvements salafistes-djihadistes, selon le journaliste Wassim Nasr, Al-Qaida « sans mentionner le Hamas, appelle à aider les Gazaouis et ouvrir les fronts depuis la Jordanie, la Syrie, le Liban, les militaires à la défection […] pour libérer toute la Palestine […] de s’attaquer aux bases étrangère […] cette attaque fait couler les annonces de paix de MBS ».

Les réactions de Daech ne sont pas encore connues.

Pour mémoire, ces deux mouvements salafistes-djihadistes ne partagent pas les objectifs « nationalistes » du Hamas et du Jihad islamique palestinien (la création d’un État islamique palestinien). Leur combat vise à englober le monde entier dans un « califat » global respectant la charia.

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