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Pourquoi un affrontement entre Angela Merkel et Martin Schulz aux élections fédérales allemandes serait le scénario idéal pour l’AfD
©Reuters

Opposition molle

La principale faiblesse de Merkel et de Schulz vis-à-vis de l’AfD tiendra au fait que CDU et SPD ont été au pouvoir ensemble au cours des quatre dernières années. Ils seront donc considérés comme comptables de la situation actuelle même.

Philippe Gustin

Philippe Gustin

Philippe Gustin est préfet, ancien ambassadeur, et co-auteur avec Stephan Martens de France-Allemagne : relancer le moteur de l’Europe (2016, Lémieux éditeur).

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Angela Merkel et Martin Schulz sont deux figures politiques issues de "l'establishment". Est-ce que ce statut laisse un vide, de la place pour des candidats populistes ? Quel portrait peut-on dresser de la campagne à venir, est-ce qu'il y a des similitudes avec la situation en France ? 

Philippe GUSTIN : Si d’une manière générale, il vaut mieux éviter de comparer la France et l’Allemagne, c’est encore plus vrai s’agissant de la situation politique. Il est certain que comparés à Alternative für Deutschland (AfD) qui se veut un parti anti-establishment, Angela Merkel pour la CDU et Martin Schultz pour le SPD apparaissent comme les candidats d’un système qui s’est partagé le pouvoir depuis la fin de la seconde guerre mondiale. La campagne pour l’élection au Bundestag du 24 septembre prochain est en fait compliquée pour tous les candidats. Merkel au pouvoir depuis 16 ans vient d’être réélue par 89% des adhérents de la CDU lors du congrès de Essen en décembre. Alors qu’elle affiche des succès en matière économique et sociale (le chômage a atteint son plus bas niveau depuis la réunification), elle fait toutefois l’objet de contestations dans son propre camp, au sein de la CSU, le parti jumeau bavarois de la CDU et au sein du SPD, son allié au sein de la grande coalition au pouvoir depuis 2013. Sa gestion de la crise des réfugiés, sa politique d’austérité et d’une manière générale son exercice solitaire du pouvoir sont critiqués. Schultz prend les rênes pour sa part d’un SPD désorienté par l’usure du pouvoir au sein de la grande coalition. Des dissensions au sein de la gauche allemande sur des questions essentielles comme la déchéance de nationalité rappellent la situation française avec une extrême gauche incarnée par « die Linke » qui rassemble les laisser pour compte de la mondialisation et de la réunification. Schultz, en tant qu’ancien président du parlement européen fera par ailleurs sans nul doute l’objet de critiques nourries de la part de l’AfD qui s’est construite sur un crédo anti-européen. Quant à Frauke Petry, la présidente de l’AfD, elle est loin d’avoir la légitimité d’une Marine Le Pen dans ce parti créé en 2013 seulement qui va mener sa deuxième élection au Bundestag où il avait raté de peu son entrée il y a 4 ans et qui s’est implanté au fil des élections régionales dans le paysage politique allemand.

Merkel et Schulz sont deux candidats aux positions proches. Dans cette optique, est-ce qu'il n'y a pas un vide, un manque d'opposition idéologique face à Merkel ? Est-ce que cela laisse un créneau libre dans la campagne à venir sur lequel l'AFD pourrait surfer en s'accaparant les thématiques anti européennes ou encore la crise et l'accueil des migrants ?

La principale faiblesse de Merkel et de Schulz vis-à-vis de l’AfD tiendra au fait que CDU et SPD ont été au pouvoir ensemble au cours des quatre dernières années. Ils seront donc considérés comme comptables de la situation actuelle même. La crise des réfugiés sera au cœur des débats. Et dans ce contexte, c’est Angela Merkel qui apparaît aux yeux de tous ceux qui remettent en cause la politique d’accueil comme responsable. Et pourtant, c’est le SPD qui fait le plus les frais dans les sondages de la contestation incarnée par l’AfD et à moindre échelle par « die Linke ». Plus que sur l’issue du scrutin de septembre 2017 qui sauf accident du type attentat commis par un migrant arrivé en Allemagne depuis septembre 2015 devrait permettre à la chancelière d’envisager un nouveau mandat, c’est la couleur de la coalition qui reste inconnue. « L’expérimentation » CDU/Verts en cours en Bade-Wurtemberg, même si elle est le fait d’un président vert atypique pourrait donner des idées de coalition alternative à la chancelière. 

Est-ce que le parti de Merkel est capable de raffermir son positionnement sur des sujets "abandonnés" à l'AFD ?

C’est déjà fait. Sans courir après l’AfD, la chancelière a dû reconnaître des fautes d’appréciation s’agissant de la gestion de la crise des migrants. La politique sécuritaire mise en place par de Maizière, les débats sur la déchéance de nationalité ou le port du voile vont dans le sens d’un durcissement de la position ouverte dont la chancelière avait fait preuve en septembre 2015.

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