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Pourquoi les maladies cardio-vasculaires sont devenues l’une des premières causes de mortalité
©JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Prendre soin de son coeur

Notre corps est fait pour résister à la faim ce qui, puisque notre alimentation est aujourd'hui très riche, entraîne des problèmes cardiovasculaires. Il est possible de les prévenir en suivant les conseils élémentaires des médecins en termes d’activité physique et d’alimentation.

Christophe de Jaeger

Christophe de Jaeger

Le docteur Christophe de Jaeger est chargé d’enseignement à la faculté de médecine de Paris, directeur de l’Institut de médecine et physiologie de la longévité (Paris), directeur de la Chaire de la longévité (John Naisbitt University – Belgrade), et président de la Société Française de Médecine et Physiologie de la Longévité.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment de "Bien vieillir sans médicaments" aux éditions du Cherche Midi, "Nous ne sommes plus faits pour vieillir"  chez Grasset, et "Longue vie", aux éditions Telemaque

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Atlantico : Quelle est la part d’explication génétiques des maladies cardio-vasculaires pour un homme d’aujourd’hui ?

Christophe de Jaeger :Avant, les gens mourraient de causes classiques (infections, accidents etc.). Avec l'amélioration de nos connaissances et capacités dans la lutte contre ces facteurs, sont apparues les pathologies liées au vieillissement. Ce vieillissement a évidemment un part de génétique, puisqu'il vient altérer les différents systèmes qui nous composent et en particulier le système vasculaire. On a donc trois grandes causes de décès prédominant en vieillissant : d'une part les accidents cardiovasculaires, d'autre part les cancers et toutes les baisses d'immunité et enfin les problématiques neurodégénératives.

À partir de là, la génétique ne va pas rentrer, selon différentes études, à plus de 30% dans les paramètres qui expliquent les morts cardiovasculaires actuelles. C'est très important, parce que cela veut dire que 70% est accessible au comportement, ce qui nous donne énormément d'options pour les traiter. Il n'y a donc pas de fatalité propre au vieillissement, pas de fatalité génétique. On peut agir sur ces différents paramètres environnementaux et comportementaux.

Cela modifie donc notre approche de ces maladies ?

Je pense que cela met l'individu au centre de sa prise en charge. Si par exemple si vous avez un problème métabolique lié à une surcharge pondérale, cela va entraîner également une hypertension artérielle. La façon la plus simple de maitriser ces problèmes sera d'avoir une alimentation saine et adaptée et d'avoir une activité physique régulière. Ce sont des choses simples connues, qui n'ont rien d'extraordinaires. Malheureusement, au quotidien, les gens dans la vie courante ont énormément de mal pour la plupart à s'astreindre à ces règles de bonne conduite que nous nous nous appelons des règles hygiéno-diététiques.

Ce qui fait que beaucoup de médecins, plutôt que de suivre les recommandations par rapport au cholestérol et au sucre, demandant de l'activité sportive ou un changement d'alimentation, baissent déjà les bras et donnent d'emblée des médicaments, car ils savent que les gens ne pourront pas suivre correctement ces démarches. Cela veut dire que les 70% restants pourraient être maitrisés, évités, atténués si jamais la personne suivait vraiment les recommandations. Recommandations que l'on connait bien, les publications sur ces thématiques sont légions. Mais au quotidien, les gens ont du mal à respecter ces préceptes. Quand on dit aux gens "ne fumez plus!", c'est qu'on sait que ce n'est pas bon, et pas uniquement pour les questions pulmonaires, mais pour tout le système cardio-vasculaire. Et pourtant tout le monde fume.

La grande difficulté est donc de faire passer ce message-là.  Et en tant que médecin de prévention, je ne pense pas qu'il ne s'agit d'un combat perdu. Cela doit passer par l'éduction, par l'information, et que cette éducation et information doivent arriver très tôt dans la vie des individus, dès le collège. Quand on explique aux collégiens le système humain, il faut probablement insister plus, revenir régulièrement sur ces grands messages. Et idéalement, il faudrait les personnaliser pour chaque individu pour que chacun se sente concerné. Ces conseils ne sont pas à généraliser mais à prendre pour soi-même. Ensuite il y a un nombre d'inégalités qui sont énormes parce qu'il y a d'un côté des gens qui sont dans des familles très sportives où on fait très attention à la nourriture depuis toujours et d'autres au contraire où le stress est quelque chose majeur, et où les aliments sucrés, qui vont mener à l'obésité, sont des moyens de lutter contre. On rentre dès lors très tôt dans la vie dans des situations de cercle vicieux.

La question génétique ne décrit-elle pas au fond que notre incapacité à s'adapter à notre société d'abondance ?

On parle de la génétique des populations. Ce qui a décimé les populations, c’est la famine, la capacité de gérer une alimentation peu abondante. Pour simplifier, ne survivaient que les gens capables de survivre en période de disette. Quand on est arrivé dans des périodes d'abondance, les gens ont cessé de se restreindre évidemment : il n’y a pas eu de restreinte volontaire. Les gènes qu’avaient les gens étaient adaptés à la famine, pas à l’abondance. Du coup on se retrouve avec cette épidémie d'obésité, qui est accentuée par le fait que les gens ont une mauvaise hygiène de vie. Donc nous avons une génétique qui n'est plus adaptée à notre mode de vie. Nous avons des gênes de survivants aux famines. Or, nous n’avons plus de famine. Du coup on s’encrasse, sauf si on est vigilant sur notre hygiène de vie, on va droit aux maladies cardio-vasculaires. Et pas que, bien entendu.

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