Pourquoi l'or s'est-il effondré ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le cours de l'or est en chute libre.
Le cours de l'or est en chute libre.
©Reuters

Decod'éco

L’or poursuivait sa chute lundi et s’inscrivait à son plus bas niveau depuis deux ans dans un marché plombé par les inquiétudes sur la croissance, le possible resserrement de la politique de la Réserve fédérale américaine (Fed) et la vente par Chypre de ses réserves de métal jaune.

Simone Wapler

Simone Wapler

Simone Wapler est rédactrice en Chef des Publications Agora (analyses et conseils financiers).

Elle est l'auteur de "Comment l'Etat va faire main basse sur votre argent: ... et ce que vous devez faire pour vous en sortir !", paru chez Ixelles Editions en mars 2013.

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L'or est en pleine baisse -- il est même passé sous les 1 500 $ l'once. Pourquoi s'effondre-t-il ?

 Tout ce qui a causé la hausse de l'or subsiste aujourd'hui et, même, s'est amplifié. Cette baisse signifie peut-être "dépression droit devant" et que le vent vient de tourner du côté de la Chine. Ce que confirmeraient les prix du pétrole et du cuivre...

Est-ce une raison pour se débarrasser de l'or ? Certainement pas, car même durant les dépressions – que ces dépressions soient inflationnistes ou pas – l'or se comporte bien. Ma motivation pour détenir de l'or est simple : des taux d'intérêts réels (taux d'une obligation d'Etat à 10 ans diminué de l'indice des prix) nuls ou négatifs.

Aucune monnaie ne donne aujourd'hui un rendement positif, donc les liquidités dont on veut conserver le pouvoir d'achat doivent être conservées en or. Il s'agit bien d'un placement pour lequel on ne cherche que la conservation de la valeur avec le minimum de risque, pas d'un investissement pour lequel on accepte un risque en contrepartie d'une rémunération.

L'or remplace – dans une allocation d'actifs de bon père de famille – une OAT à 10 ans, un Bund, un bon du Trésor, bref un placement obligataire qu'on se propose de conserver jusqu'à son terme.

Prix de l'or et taux d'intérêt réel

Le graphique ci-dessous est issu de la note de la Société Générale datée du 2 avril 2013 et intitulée "The end of the gold era" (la fin de l'ère de l'or). En bleu les taux d'intérêt réels, en bronze le cours de l'or en dollar (non corrigé de l'inflation).

Vous pouvez constater que les taux d'intérêt réels dans la monnaie mondiale étalon sont bien le moteur de la hausse de l'or.

Les facteurs haussiers de l'or sont plus présents que jamais :

- les taux des obligations souveraines atteignent des plus-bas historiques ;

- les banques centrales des pays émergents recyclent leurs réserves de change en or (les obligations souveraines des pays importateurs ne rapportant plus rien, elles mettent leur cash en or) ;

- l'Allemagne réclame son or (livrable en sept ans, on se demande toujours pourquoi) ;

- les déposants sont volés et les contrôles de capitaux commencent en Europe ;

- la Réserve fédérale s'est embarquée dans le QE3 dit infini (et il le sera, les discours de hausse des taux ne sont là que pour calmer les "anticipations d'inflation") ;

- le Japon annonce faire marcher la planche à billets avec déjà 6 400Mds$ de bons du Trésor empilé (un iceberg d'inflation en devenir, là aussi) ;

- la grippe aviaire en Chine, des bruits de bottes en Corée.

Les facteurs baissiers récemment cités :

- Chypre va vendre son or et les pays faibles de la Zone euro pourraient en faire autant pour se désendetter. Des milliers de tonnes d'or vont donc arriver sur le marché ;

- les Etats-Unis vont relever leurs taux car la reprise est là, la croissance atteindra 3% en fin d'année 2013 et le chômage baissera.

Laissons de côté l'anecdotique vente d'or par les banques centrales de Chypre, du Portugal, de l'Italie, de l'Espagne et pourquoi pas de la France. L'argument est idiot. Elles vendent leur or, mais la croissance reviendra-t-elle sans réformes ? Non, bien sûr. Donc l'endettement repartira...

Les Etats-Unis, c'est là qu'il convient d'être suspicieux. La reprise américaine est un simple maquillage statistique. L'emploi, qui est un indicateur avancé de reprise, ne frémit pas du tout. La consommation, même à crédit, ne repart pas et l'immobilier ne fait que rebondir sur un point bas.

C'est vers la Chine qu'il faut se tourner

Le vrai facteur baissier est à mon sens plus grave. Jusqu'à présent, toute baisse de l'or était mise à profit par la Chine qui rachetait. Cette fois, ce n'est plus vrai.

Que se passe-t-il ? La Chine est probablement confrontée à une panne économique beaucoup plus importante que ce qui semble paraître dans des statistiques, là aussi, très bien lissées... Les Chinois achetaient de l'or comme nous achetions de l'immobilier : parce que leurs revenus augmentaient mais qu'il y avait de l'inflation. Leur gouvernement les pousse à acheter de l'or pour enrayer la bulle immobilière. S'ils achètent moins d'or, c'est qu'ils ont moins de raisons de le faire, qu'ils s'enrichissent moins.

Dépression droit devant.

Alors, est-ce grave docteur ? Oui, mais pas pour l'or. Les banques centrales vont intervenir, comme elles l'ont toujours fait, en imprimant. La Fed va probablement nous expliquer que, face au ralentissement mondial, elle recule le moment de la hausse des taux. La destruction monétaire continuera.

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