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Pourquoi l’incendie de Notre-Dame oblige Emmanuel Macron à revoir sa copie
©CHRISTOPHE PETIT TESSON / POOL / AFP

Pris entre deux feux

Le Président va devoir proposer aux Français une vision à la mesure des évènements et dépasser la simple gestion

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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L’incendie de la cathédrale de Notre-Dame de Paris a provoqué un véritable séisme, qui s’apparente à une catastrophe nationale, par sa soudaineté, son caractère sacrilège puisque la construction avait résisté aux assauts du temps et des guerres pendant huit siècles. Elle était devenue un monument majeur qui résumait notre histoire, au centre de la capitale, au point zéro qui mesurait les distances avec le reste du territoire. On a perçu aussitôt la résonnance qu’elle a provoqué en chacun de nous, et qui s’est même étendue à la planète entière, en raison de sa popularité dans le monde, alors qu’elle accueillait quatorze millions de visiteurs par an. Ainsi se justifie la vague de dons avec près d’un milliard de promesses recueillies en une seule journée, effaçant au moins temporairement la relation difficile des Français à l’argent. Plus marquant encore, elle a fait oublier la fragmentation de la société à laquelle on assistait depuis des semaines pour générer un sentiment de communion, comme le pays en connait seulementdans les moments exceptionnels et qui traduit un besoin d’unité et de solidarité si absent dans la vie courante.

Emmanuel Macron a compris que dans ce moment de grâce, il fallait renoncer à présenter les conclusions enregistrées mais non diffusées qu’il avait tirées du grand débat. Car l’événement du 15 avril a brusquement changé la donne en créant une situation nouvelle. C’est le moment propice pour mobiliser nos compatriotes, dont on mesure qu’ils sont prêts à répondre à un appel qui leur proposerait un cap, une direction à suivre, alors qu’ils ont le sentiment d’être dans le brouillard au moment où les idéologies ont disparu, où la mondialisation leur parait insaisissable et semée d’embûches et où l’irruption destechnologies nouvelles laisse beaucoup d’entre eux sur le bord de la route. Car il n’y avait rien pour justifier l’espoir dansles propositions que l’Elysée avait projeté d’annoncer et dont les fuites publiées dans la presse traduisaient déjà une déception certaine que ne manqueraient pas de relever les sondages qui seront publiés avant la prochaine intervention officielle du chef de l’Etat, d’autant que le Premier Ministre avaitannoncé des mesures « puissantes » dont on ne trouve pas la trace. Certes, le pouvoir pouvait se flatter d’avoir renoncé à créer des impôts nouveaux. Mais il restait dans la logique d’avant, pilotée par Bercy, avec un catalogue de mesurettes concernant le pouvoir d’achat, dont la mise en œuvre s’avérait complexe, selon le saupoudrage habituel, en se perdant dans les détails pour masquer la vacuité des réformes en profondeur. On se bornait à répondre à certaines réclamations formulées par les gilets jaunes avec un deuxième train de dépenses en vue, après les dix milliards de ce qu’on pourrait appeler la première tranche, et qui seraient financées elles aussi par une augmentation de la dette. Avec le risque de susciter de nouvelles revendications puisqu’on se laissait entrainer par l’engrenage du « toujours plus », en suscitant un ressentiment encore plus grand de la part de ceux dont les demandes ne seront pas satisfaites.

Aujourd’hui, il est indispensable de créer un souffle nouveau. Emmanuel Macron peut encore se ressaisir, s’il répond au vœu fondamental du pays : proposer une vision qui a fait cruellement défaut depuis le début du quinquennat, en traçant un grand dessein et en renonçant à égrener au compte-gouttes des mesures qui rencontrent seulement l’incrédulité d’une majorité de la population. Le coup porté à Notre Dame peut provoquer cette mobilisation qu’il appelle de ses vœux. A condition qu’il dise clairement où il veut conduire le pays. Il dispose à nouveau d’un crédit, mais qui reste très limité dans le temps.

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