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Comment la France s'apprête à regarder passer le train de la relance
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Vents contraires

Pour 2015, les estimations de croissance dans la zone euro ont été revues à la hausse à 1,5%. Mais la France, quant à elle, risque une fois de plus de regarder passer le train de la relance.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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L’imagination continue d’être la grande absente du pouvoir. Faisant chorus aux perspectives plus clémentes dressées par Mario Draghi, président de la banque centrale européenne, François Hollande vient de reprendre son antienne favorite issue de sa chère méthode Coué, en affirmant  qu’en France aussi, la reprise était là. Un slogan lancé en 2013, à la veille des élections municipales qui n’avait pas empêché le parti socialiste de connaître la déroute, qui s’était traduite par le désastre que l’on  sait. Incorrigible, le chef de l’Etat récidive, avec le risque de connaître la même mésaventure, tant le scrutin des départementales s’annonce délicat pour le gouvernement.

Certes, des lueurs plus optimistes apparaissent en Europe. Celle-ci devrait sortir de la stagnation où elle était quasiment confinée l’an dernier avec une croissance inférieure à 1%. Pour 2015, les estimations ont été revues à la hausse à 1,5% : on frôlerait même 2% l’an prochain, avec un euro qui a déjà perdu près de 15% de sa valeur par rapport au dollar et s’approcherait de la parité vis-à-vis de celui-ci, en stimulant du même coup les exportations, mais en s’accompagnant aussi d’une inflation importée qui ferait remonter les prix, alors que ceux-ci sont à l’arrêt pour l’instant.

Toutefois, cette brise favorable va surtout affecter nos partenaires, à commencer par l’Allemagne, dont les exportations seront stimulées, tandis qu’elle peut se permettre d’augmenter les salaires, ce qui confortera sa reprise. La France, quant à elle, risque une fois de plus de regarder passer le train de la relance. Le climat des affaires reste au point mort. Les chiffres du chômage  du quatrième trimestre de l’an dernier ne traduisent aucune amélioration. L’investissement connaît le calme plat, contrastant avec les signaux positifs qui viennent de nos voisins, notamment d’Espagne. Seules les dépenses publiques, malgré les affirmations officielles, continuent de croître et représentent 58% du produit intérieur brut.

Depuis l’affaire du 49.3, le gouvernement a choisi le statu quo, pour panser  les plaies de sa majorité, qui ont déjà leur traduction dans les sondages. La  cote de popularité du chef de l’Etat et du premier ministre rechute lourdement, anesthésiant progressivement  l’effet Charlie Hebdo. Désormais, les initiatives gouvernementales  sont paralysées. La loi Macron qui aurait dû être un point de départ n’est toujours pas sur les rails et l’on ignore encore aujourd’hui si elle atteindra les buts modestes qu’elle s’était fixés. Le parti socialiste se gargarise à nouveau de ses querelles intestines, alors que pour la première fois les Français sont appelés aux urnes pour renouveler les anciens conseillers généraux, en application d’une loi inachevée, dont on ne sait toujours pas si elle annonce la mort des départements ou leur survie dans un contexte particulièrement flou. Et l’opposition n’apporte guère ses pierres au débat car elle reste peu audible.  François Fillion a fait quelques propositions fortes de réforme, auxquelles Nicolas Sarkozy a fait écho d’une manière plus modérée, sans recueillir une franche adhésion, comme si le pays restait fondamentalement englué dans l’immobilisme qui le caractérise et préférait rester à quai plutôt que d’emprunter le train des réformes de nos partenaires. 

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