Pourquoi il est si difficile de ne pas se curer le nez<!-- --> | Atlantico.fr
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Selon les statistiques, les garçons cumulent les mauvaises habitudes, comme se ronger les ongles ou s'arracher les poils.
Selon les statistiques, les garçons cumulent les mauvaises habitudes, comme se ronger les ongles ou s'arracher les poils.
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Récurrence

Deux études scientifiques publiées en 1995 et 2001 expliquent pourquoi les hommes et les femmes de toutes cultures ont tendance à maltraiter leurs narines.

Dans un langage strictement médical, le fait se curer le nez porte un nom : la rhinotillexomanie. Triturer ses narines est une pratique plutôt repoussante et parfois même dommageable, mais nous sommes pourtant nombreux à persévérer, sans savoir pourquoi. Plusieurs études scientifiques ont apporté un éclairage sur les causes et les conséquences de cette habitude qui ne connait pas de frontières, malgré un tabou culturel. 

Deux scientifiques américains, Thompson et Jefferson, ont donc été les premiers à se lancer dans une étude poussée sur cette habitude en 1995. Pour mener à bien leurs travaux, les deux chercheurs ont envoyé des questions à 1 000 adultes habitant l'état du Wisconsin. Sur les 254 personnes ayant apporté une réponse, 91% ont avoué se curer le nez, alors que seulement 2,1% ont admis le faire au moins toutes les heures. Deux individus ont affirmé maltraiter leurs propres narines au point d'en modifier leurs habitudes quotidiennes. Deux autres personnes ont enfin avoué avoir provoqué un trou dans la cloison nasale qui sépare leurs deux narines…

En 2001, deux médecins du "National Institute of Mental Health and Neurosciences" de Bangalore (Inde), ont décidé d'explorer plus profondément les ressorts de cette obsession. Estimant que ce genre d'habitude récurrente est plus largement répandue chez les enfants et les adolescents, Chittaranjan Andrade et BS Srihari ont préféré orienter leur étude vers un public jeune. Leur questionnaire a été distribué dans plusieurs établissements de la ville, à 200 jeunes issus de classes sociales précaires, moyennes, et aisées.

La majorité des jeunes interrogés ont affirmé se curer le nez en moyenne quatre fois par jour, mais les auteurs de cette étude ont été surtout intéressés par d'autres statistiques : seulement 7,6% des sondés avouent toucher leur cloison nasale plus de vingt fois par jour, mais près de 20% estiment qu'ils ont un "sérieux problème". Une grande partie des jeunes sondés justifie cette habitude par un besoin de mieux respirer, et 12% admettent que cela leur procure une sensation agréable. Pour un résultat plus efficace, 13 collégiens ont même reconnu utiliser un crayon ou une pince à épiler…

Mais pourquoi donc perpétuons-nous cette habitude repoussante?

Si aucune explication précise ne permet encore de répondre à cette question, les scientifiques avancent toutefois plusieurs hypothèses, comme la nécessité pour certaines personnes de ranger constamment et de mettre de l'ordre, y compris quand il s'agit de leur propre corps.

Des spécialistes évoquent également le fait que le nez soit en toutes circonstances facile d'accès pour quiconque veut occuper ses mains, notamment les plus paresseux d'entre nous. En somme, nous nous attaquerions plus volontiers à notre nez qu'à notre bouche, car celui-ci se trouve "au milieu de la figure".

Si aucun changement d'habitude n'a été constaté d'une classe sociale à l'autre, des différences semblent bien exister entre garçons et filles. Les garçons semblent naturellement plus disposés à se curer le nez, alors que les filles y voient plutôt une mauvaise habitude. Selon les statistiques, les garçons cumulent également d'autres mauvaises habitudes, comme se ronger les ongles ou s'arracher les cheveux et les poils.

Mais à l'exception de quelques cas extrêmes qui nécessitent des interventions chirurgicales, le commun des mortels peut se curer le nez tranquillement sans craindre de tomber dans la pathologie. Il ne s'agit pas d'une habitude considérée comme un trouble obsessionnel compulsif, contrairement au fait de se ronger les ongles ou de s'arracher les poils du nez.

Cette pratique n'est toutefois pas sans risque. Une étude menée en 2006 par des chercheurs néerlandais révèle qu'un contact trop répété avec le nez peut faciliter les infections bactériennes. 

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